semblait faire soupçonner, il offrait une nouvelle vérification
de cette grande loi de la nature, dont l’existence devient de
plus en plus évidente, à mesure que nos connaissances acquièrent
plus de développement. Tant de faits géologiques impor-
tans avaient été recueillis par M. de Humboldt, dans le Nouveau
Monde, qu’un des plus beaux sujets de recherches qu on
pût ensuite se proposer, était d’en démontrer la généralité
par des observations dans un point du globe tout à fait différent.
Les faits que j’ai recueillis ont même, sous ce rapport, surpassé
mes espérances.
Les réflexions que je viens d’exposer n’ont pu manquer d’être
justement appréciées par M. le comte de Bournon, directeur du
cabinet de minéralogie particulier du Roi, qui a donné tant de
preuves de son zèle pour les progrès des sciences, dont il a si souvent
lui-même enrichi les annales. Le désir de faire coopérer la
collection du Roi à l’avancement de la géologie, l’avait déjà déterminé
à ajouter des suites géologiques à celles de minéralogie
qui étaient confiées à ses soins, et qui présentent tant de données
précieuses pour la science ; mais il avait en même temps senti
que de simples échantillons de roches, acquis successivement,
quelque caractérisés qu’ils fussent d’ailleurs par eux-mêmes,
étaient le plus souvent insignifians , s’ils n’étaient accompagnés
de tous ceux avec lesquels ils se trouvent associés dans la nature,
et si on ne connaissait exactement la place que chacun
d’eux occupe dans le système de la constitution minérale de la
contrée dont ils proviennent. Ce n’est, en effet, que par des collections
formées sur ce principe, et dans un grand nombre de
lieux différens, qu’on pourra parvenir un jour à connaître les analogies
ou les différences de composition des diverses parties du
globe, les relations mutuelles des terrains des différens ordres, les
circonstances qui ont accompagné et peut-être déterminé leur formation.
C’est avec ces immenses matériaux, qu’on parviendra,
tôt ou tard, à réduire les connaissances géologiques à leur plus
simple expression, à réunir rigoureusement tous les faits selon
leurs rapports mutuels, et que, sans hypothèse comme sans système,
on arrivera à un ensemble de données positives, aussi
satisfaisant pour les sciences mêmes , que précieux pour les
arts, par les nombreuses applications qu’on y puisera journellement.
Ces sortes de collections, les seules qui puissent être réellement
utiles à la science, doivent nécessairement avoir été formées
sur les lieux mêmes, pour offrir tout le degré d’intérêt dont
elles sont susceptibles. Ce n’est que sur les fieux qu’on peut rassembler
toutes les variations et les altérations des mêmes roches,
recueillir sur chaque échantillon des notes suffisantes pour
indiquer leurs relations mutuelles, ainsi que la forme, l’étendue
et la position des montagnes dont ils doivent être les repré-
sentans. Or, il est absolument impossible qu’un seul homme
puisse rassembler, dans tous les fieux importans, les observations
nécessaires, pour en faire connaître exactement la composition
géologique, et la comparer rigoureusement avec ce que
présentent les contrées analogues les plus éloignées. Il faut nécessairement
réunir les faits observés journellement par différens
auteurs. Aussi M. le comte de Bournon n’a-t-il cessé de rechercher
et de saisir toutes les occasions, d’établir à cet égard des
correspondances avec les savans de l’Europe. Mais, comme il
était nécessaire, en outre, que les personnes qui se trouveraient
à la tête de la collection générale eussent fait elles-mêmes beaucoup
d’observations, pour pouvoir apprécier convenablement
celles des autres, pour pouvoir juger de l’importance des collée