trages de toute espèce lui furent prodigue's; des soulévemens
et des conspirations se succédèrent pendant plusieurs années.
Echappe' au fer meurtrier, on l’engagea dans une guerre injuste
où il succomba ; et poursuivi contre la foi des traités, il fut
obligé de s’évader a la faveur d’un déguisement ignominieux.
Mais, par un de ces caprices, qui peignent à la fois l’inconstance
du Hongrais, et la noblesse de son caractère, Charles,
malheureux, fut accueilli à son retour : ou oublia de qui il tenait
la couronne ; on reconnut ses vertus, et la nation le plaça
volontairement sur le trône, en jurant de lui obéir. La tranquillité
et le bonheur reparurent, aussitôt que le peuple eut mis sa
confiance dans son souverain , et la Hongrie parvint alors à un
haut degré de splendeur. La Dalmatie, la Croatie, la Bosnie, la
Servie, la Valachie, la Transylvanie, la Moldavie, la Bulgarie,
soumises, ou maintenues dans le devoir, firent partie du
royaume.
Charles mourut en 1342 , et l’amour de ses sujets rendit la
.bis I er ; 1 ; t
1 3 4 2 . couronne héréditaire dans sa famille. Louis Ier son fils, sur-
nommé Louis-le-Grand, ne lui céda ni en talens ni en vertus;
les Saxons furent vaincus ; les Bulgares maintenus dans le devoir,
malgré leur insubordination»; les Mongoles , qui avaient
reparu sur les frontières, furent chassés pour jamais; les Vénitiens
, les Napolitains, tout céda aux armes hongraises. Chéri
de ses peuples, Louis était encore aimé et respecté de toute
l’Europe. Casimir, roi de Pologne, le désigna à sa mort comme
son successeur ; et ce prince réunit ainsi à la fois deux des couronnes
les plus importantes.
au trène comme petit-fils de Marie , fille de Ethienne V , qui avait épousé
Charles, roi de Sicile.
H IS TO IR E T O L IT IQ U E . 57
La mort de Louis, en 1382, fut le prélude des malheurs qui Marie ; as,,
devaient de nouveau désoler la Hongrie. Sigismond, électeur de
Brandburg, qu’on voit régner pendant cinquante ans, ne parvint Si^ Md !
au trône qu’après une longue suite ' d’événemens déplorables,
qui-se succédèrent avec rapidité. Il devait la couronne à sâ
femme Marie, fille de Louis Ier, à laquelle les Hongrois venaient
de donner le titre de Roi', mais il arriva au milieu des troubles,
que la faiblesse de la princesse n’avait pu prévenir, et après
l ’asSassinat de Charles, roi de Naples, que la nation mécontente
avait appelé au trône. Il trouva Marie dans les fers, la délivra à
la tête d’une armée, et monta sur le trône. Mais il fut peu après
renversé, traîné dans les cachots par une faction, puis relevé accidentellement
par une autre. Le commencement dé son règne
fut signalé par des proscriptions. Plus tard on voit, au-dedans, les
persécutions exercées contre les sectateurs de Jean H u s, |gj au-
dehors, les guerres interminables que cette hérésie entraîne avec
la Bohème. A peine les troubles de l’Eglise furent-ils un peu
calmés, que les Ottomans, qui,à la fin du treizième siècle,“ s’étaient
rendus indépendans du sultanat de R oum , commencèrent
à inquiéter sérieusement la Hongrie ; la nation eut bientôt
à se défendre contre leurs invasions, et à soutenir des guerres
sanglantes avec les Autrichiens. C ’est à cette époque qu’on voit
paraître Jean Corvin(Jean Hunyade) qui, sous Albert, Wladis- d’A,iri-
las Ier et Ladislas V , se signala par tant d’exploits glorieux contre w ladislas Ie* ;
Amurat II et Mahomet II ; et dont le fils Mathias Corvin, élu i j^ î v •
unanimement, en 1458, fut un des plus grands rois de la Hongrie.
D I • l i i . , . . . ° Mathias Corvin; clein de bravoure, de sagacité et d honneur, Mathias sut a la fois '458.
se rendre redoutable aux Ottomans, se faire respecter des Autrichiens,
faire rentrer dans le devoir les,peuples conquis, que
ces deux nations cherchaient tour-à-tour à soulever; acquérir
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