
Mais au milieu de ces plaines se présentent des dépôts beaucoup
plus modernesj on y trouve des conglomérats calcaires,
mêlés avec des sables, et qui rappellent encore le nagelflue. J’en
ai vu surtout autour de Baden, et sur la pente occidentale des
montagnes qui forment les limites de la Hongrie ; les brèches
calcaires, qu’on cite en divers lieux, me paraissent être de la
même époque. Mais ce qui m’a particulièrement frappé dans
les plaines de Vienne, ce sont les sables et les calcaires grossiers
coquilliers, fort analogues à ceux des environs de Paris, qui forment
ici des collines plus ou moins étendues, et qui se prolongent
même jusque dans la Moravie. La butte qui se trouve au
milieu du parc de Schônbrunn, et sur laquelle est bâtie la glo-
riette , en paraît être entièrement composée, autant qu’on en
peut juger dans les petits affleuremens qui se prêtent à l’observation
**; mais, derrière les murs du parc, on voit distinctement,
dans les collines qui font suite à celle-ci, la nature de ces
depots particuliers. On y reconnaît un calcaire grossier, pétri
de coquilles, dont il est assez difficile de déterminer l’espèce,
parce qu’il n’en reste que le moule, mais parmi lesquelles on
distingue clairement des bucardes, des -vénus, des huîtres,
des turritelles, des cérites, etc. Il y a des parties qui sont uniquement
composées d’une immense quantité de petites coquilles
microscopiques cloisonnées, qui se rapportent principalement
* Petit bâtiment élégant bâti tout exprès au sommet de cette colline, pour
faire point de vue.
**Stiitz a déjà cité ces dépôts coquilliers, et d’après la liste même des coquilles
qu’il donne, il est facile de juger qu’ils appartiennent à une époque très-moderne.
C’est cependant par erreur qu’il y indique des coquilles terrestres. Voyez Tas-
chenbuch, pag. 66.
au genre rotalite. Cette dernière variété rappelle singulièrement,
par les caractères extérieurs, nos calcaires de Saillancourt, d’Au-
vers, etc., entre Pontoise et Mantes. C’est exactement la même
structure, le même mode d’infiltration de calcaire spathique;
mais il y a cette différence, que ces calcaires des environs de
Paris sont formés par l’accumulation de petits corps organiques
oviformes, plus ou moins allongés, dont on a formé le genre
A lv éo lite , tandis que ceux des environs de Schônbrunn sont
formés de rotalites.
Il paraît que ces sortes de dépôts se retrouvent partout dans
les collines qui s’étendent de Schônbrunn à Baden, et peut-être
même au-delà, jusqu’au pied des hautes montagnes qui se lient
avec celles de Styrie. Ils existent également dans plusieurs autres
points des plaines du Danube y je les ai rencontrés près de
Sifring, au milieu des champs,, où ils présentent des sables jaunâtres,
mélangés de terre végétale, dans lesquels se trouvent
une immense quantité de coquilles univalves, qui appartiennent
aux genres cérïte,.turritelle, mêlante, natice, etc. Ce sont encore
les mêmes dépôts, avec les mêmes espèces dé coquilles,
qui se .présentent au Türekenschanze ( la redoute turque ),
près de Wàhringh, aux portes de Vienne, au nord, où l’on
voit alterner ensemble des marnes et des calcaires sablonneux.
M. de Buch a été, à ce qu’il paraît, induit en erreur à l’égard
de ces dépôts, qu’il a cités comme exemple du grand nombre
de pétrifications qui se trouvent quelquefois entre le grès ancien
et'le zechstein * *$ ils sont beaucoup plus modernes, et postérieurs
même au nagelflue et à la molasse, comme nous le verrons
tout-à-l’heure.
* GeognosticheBeobactungen, tom. 1 , pag. i4g.