Vallée de
Kolselnik.
CHAPITRE V.
D E L A C O N T R É E D E N E U S O H L .
I j ’ é t e n d u e du terrain sur lequel j’étais contraint de porter mes
observations pour re’unir un nombre de faits suffisant, la diversité
des produits qui se présentaient à moi, la difficulté des excursions
; tout s’était réuni pour me forcer à rester dans la contrée
de Schemnitz beaucoup plus long-temps que je n’avais pu
le prévoir. Effrayé plusieurs fois de l’espace qui me restait encore
à parcourir en Hongrie, relativement a l epoque de la saison,
j’étais sorti de Schemnitz pour prolonger mes. excursions
au nord dans la grande chaîne des Karpathes, ou au sud, dans
la masses des montagnes qui avoisinent le,Danube. Mais, a mesure
que je réfléchissais davantage sur l’ensemble et l’importance
des faits que j’avais recueillis, je me trouvais attiré de nouveau
vers les points que je venais de quitter, Chaque jour quelque
sujet de recherches se présentait à moi, et nulle part je n’espérais
rencontrer cette variété de composition dans les masses,
cette foule de relations géologiques que m’offraient les montagnes
de Schemnitz. J’ai été à même de voir par la suite que je
ne m’étais pas trompé dans mes soupçons.
La route de Neusohl, que nous allons maintenant suivre,
passe de Schemnitz à la petite ville de Dulin, et se prolonge de
là dans la vallée de Koselnik jusqu’à la rivière deGran. ADülln,
on retrouve encore les grünstein porphyriques, et on les rencontre
de même à droite et à gauche dans la première partie
de la vallée par laquelle on descend. Mais bientôt on aperçoit
des montagnes plus élevées, qui sont entièrement composées
de gros blocs de trachyte, entassés pêle-mêle et liés entre eux
par un ciment qui parait être le résultat de leur frottement mutuel.
Au-delà de Koselnik, des escarpemens à nu, quelques
points où l ’on a extrait des pierres pour les constructions, permettent
d’étudier suffisamment ces dépôts. Il n’y a , parmi les
blocs, que des variétés de trachyte micacé amphibolique, d’un
gris rougeâtre, les uns compactes, les autres très-poreux; je n’y
ai vu aucun fragment de trachyte d’une autre espèce bien déterminée,
point de scories, point de ponce. La pâte qui provient
de la trituration de ces débris, présente un grand nombre de
variations : tantôt elle est tout-à-fait terreuse, bien visiblement
arénacée; ailleurs, elle prend plus de compacité, les fragmens
de mica qu’elle renferme lui donnent une structure porphyri-
que, et souvent il serait impossible , sans tous les passages qu’on
peut observer sur place, ou dans les collections bien faites, de
la distinguer des blocs de trachyte qu’elle renferme.
La hauteur des montagnes que forment ces conglomérats est
très-considérable, et nulle part on ne découvre autour d’eux
des montagnes plus élevées, où les mêmes roches se trouvent
en place. Ces conglomérats se prolongent jusqu’à la rivière de
Gran, et se joignent à ceux dont nous avons déjà fait mention
à Jalna, où ils sont exploités comme pierre à bâtir, dans les
parties où la pâte est plus abondante , et où par conséquent la
masse présente alors plus de facilité pour être taillée. Gn retrouve
aussi des dépôts de même nature à la droite de la vallée
de Koselnik, où les montagnes sont beaucoup moins élevées,
couvertes de forêts, et s’étendent jusqu’à la rivière de Szlatina.
A demi-heure de Koselnik, la vallée devient assez large, les
montagnes s’abaissent successivement, et leurs pentes deviennent
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