
une forte circulation d’air pour le paflage de la fumée qui incommoderait
les ouvriers; méthode que nous allons détailler , & à
laquelle nous renverrons le lefteur toutes les fois que nous aurons
occatlon de parler des mines où elle eft ufitée.
On forme un bûcher avec du bois de corde devant le rocher,
en le croifant l’un fur l’autre jufqu’à la hauteur de la voûte où
l ’on travaille, ce qui forme un objet de io o ou i io pieds çubes
de bois plus ou moins fuivant l’exigence des cas, autour duquel
on arrange des pierres pour mieux concentrer la chaleur ; on
allume ce bûcher qui eft achevé de brûler au bout de 4 à 5 heures.
Lorfque le rocher eft encore chaud, on y jette quelques
baquets d’eau qui le fait fondre & l’attendrit, de maniéré qu’il eft
enfuite aifé de l’abattre avec le marteau & l’acier ; on le fait fauter
auiïï avec la poudre par des trous de mine de 27 à 30 pouces de
profondeur. On ne fait du feu dans ces mines que 3 à 4 fois la
femaine.; l’on choifit ordinairement la n,uit pour les allumer,
& les ouvriers ne travaillent pas dans ce tems-là.
Les minerais d’étain contenant beaucoup moins de pyrites que
ceux d Ehren Frédérics dorf ne font- calcinés qu’une fois ; du refte
leur traitement, les bocards & les laveries, le fourneau & le
procédé de la fonte font les mêmes. On y tranfportefeulement les
feories pour la troifteme refonte dans le fourneau courbe.
Les fonderies de ces deux diftri&s appartiennent aux Compagnies
qui exploitent les mines-; mais le roi en retire un droit de
dixième qui eft porté à 5:0 fols pour chaque quintal d’étain qui
provient des mines de Gaye r, & 37 fols 6 deniers pour celui
quj provient de celles à?Ehren Fridérics dorf, dont les frais d’exploitation
font plus confidérables que ceux du Jiockwerck„
S e c t i o n I V.
Mine d’étain de Platten en Bohême,
§. I. On a donné le nom de Saint-Conrad & Saint-Crijiophle v
à upe des mines de ce diftrifi qui eft exploitée à 80 toifes de profondeur
fur un filon méridional ; tout le rocher de la montagne
où elle eft fituée eft un grais, qui fert de toit & de mur audit"
filon. On y apperçoit plufieurs branches ou veines noires de
minérai d’étain pauvre, uni à de la pirite arfénicale ; on en compte
jufqü’à 10 qui ont leur continuité jufqu’â la profondeur de 40 toifes
où l’on a rencontré une couche d’argille; mais après l’avoir
traverfée,& immédiatement au-deffouSj ces veines fefont réunies
& n’en forment plus, fur une largeur de 2, 3 & 5 toifes, que 3 ou
4 fort riches & abondantes en minérai d etàin cryftallifé ou çwiter,
qui s’enrichit encore en approfondifant, quoiqu’il diminue en
épaiffeur. On ne ceffoit de pourfuivre ce filon dans tous les fens,
& on avoit foin de laitier dans les hauteurs des réferves de miné-
rais, auxquelles on a recours quand les profondeurs ne produi-
fent plus.
On remarque dans cette mine deux filons méridionaux abfolu-
ment femblables dans leur efpece & la qualité des matières qu’ils
contiennent, qui fe font croifés à une certaine profondeur , &
auxquels s’eft réuni un filon oriental ; ce font ces trois filons qui
ont fourni une grande quantité de minérais à leurpoint de réunion.'
Dans la profondeur actuelle on n’apperçoit point dé. pyrite arfénicale
unie au minérai, comme il s’en trouve, dans les hauteurs ;
k matière du filon confifte en un grès rempli de quartz, où le
minérai d’ étain eft divifé par grains ; dans d’autres endroits il y.eft
tout pur : ce grèsfe détache prefque par couches , entre lefquelles
il y a de l ’ocre rouge ou chaux de fer.
Le grès qui forme le mur & le toit du filon ne fe foutient pas
de lui-même; car lorfqu’il a été quelque tems expofé à l’air , il
fe décompofe & devient très-friable, ce qui ferait préfumer qu’il
pourrait contenir une matière alumineufe ; d’où il fuit que cette
mine eft très-difficile & difpendieufe à étayer par la quantité de
bois qu’il y faut employer. On éviterait cet inconvénient fi l’on
-exploitoit ce filon de bas en h aut, ou échellons rçnverfés, en for