
IOO V O Y A G E S
Pour la façon des fils de laiton de différentes groffeurs , ori
donne aux ouvriers 5 livres par quintal,
ulaiton! ^ On décapé le laiton avec l’acide du bois de hêtre, que
l’on obtient par la diftillation, comme il fuit. "
Cette operation fe fait dans deux cylindres creux de fer coulé
de 3 pieds & demi de longueur, fur 12 à 14, pouces de diamètre,
places parallèlement fur deux murs , & maçonnés en formant
une efpece de fourneau. Au-deffous de leur milieu eft une grille
ou chauffe; d’un côté ils ont deux becs & de l’autre trois, à chacun
defquels efi: adapte un récipient : c’eft par une de leurs extrémités
que 1 on ouvre à volonté, qu’on les remplit de bois de
hetre bien fec. Après avoir bouche & lutté les récipiens aux
becs, on fait du feu par-deffous, & comme cette diftillation fe
fait à feu nud, il en réfulte une décompofition, & l’on obtient un
acide avec une huile très-groffiere & très-épaiffe, dont on fe fert
pour graiffer les roues des machines : toutes les 1 z heures on
ouvre les cylindres pour en ôter le bois réduit en charbon, & en
mettre du neuf.
C eft dans cet acide dont on remplit une chaudière , que l’on
met tremper pendant demi-heure le fil de laiton & autres ouvrages
, pour le decaper & lui donner la couleur jaune.
Lorfque cet acide a fervi plufieurs fois il s’affoiblit ; pour lors
on y laiffe le laiton plus long-tems, & quand il eft trop foible
on en ajoute d autre, ou bien on en met entièrement du nouveau.
X e fil de laiton décapé eft enfuite poli en lé paffant par une
filiere, dont le diamètre du trou n’eft pas affez petit pour i’alon-
g e i , mais pour qu il y paffe avec peine & en enleve une petite
pellicule. Quant aux autres ouvrages en planches ou feuilles très-
minces, on-leur donne le poli en les ratifiant avec un outil tranchant
à deux manches, en les mettant dans toute leur longueur
fur un bois dont 1 arrête eft arrondie & forme un demi-cercle : on
ne peut en comparer les outils & le travail qu’à ceux des tanneurs
en cuir ; 1 ouvrier doit feulement bjen prendre garde à n’enlever
qu’une pellicule bien mince.
JM Ê T A L L U R G 1 Q U E S,
S e c t i o n X.
I01>
Fabrique de laiton du Rubifch dans le Voigtland, année 1758.'
§.I. Quoique les opérations de cette fabrique foient à peu près
les mêmes que celles de Grâjlit£, l’ulage que l’on fait dans celle-
ci du charbon de terre en le mêlant avec le charbon de bois,
dont le prix eft le double, nous met dans la néceffité d’entrer dans
quelques détails, que nous abrégerons cependant autant qu’il
nous fera poflible pour ne pas tomber dans des répétitions.
Les fourneaux ne different qu’en ce qu’ils font un peu plus
étroits, & que malgré cela chacun d’eux contient 8 creufets.
§. II. Pour la fonte du laiton, on emploie ordinairement trois
efpeces de calamine, deux de celle que l’on tire de la Pologne, &
la troifieme de Limbourg ; ces deux premières ne peuvent l'ervir
avantageufement, quoiqu’à meilleur prix , par la raifon qu’étant
trop fluides, le zinc s’en évapore avant que le cuivre ait acquis le
degré de chaleur néceffaire pour être fondu.
Le mélange pour les huit creufets fe fait tout à la fois avec Mélange
55 livres de calamine pulvérifée & tamifée, même poids en Pourlafonte*
po.uffier de charbon, que l’on mêle bien dans une grande caiffe en
Fhumeâant un peu , & aufli 5 5 livres de cuivre rofette que l’on
divife en 8 parties égales. A cette quantité on ajoute encore 36 liv.
de vieux laiton, ou de celui des rognures ou bavures qu’on divife
également en huit parties; on remplit enfuite chaque creufet aux
trois quarts du mélange de charbon & de calamine, fur lequel on
arrange le cuivre rofette & le vieux laiton en le plaçant de champ ;
le tout fe recouvre avec le même mélange, de façon que les
creufets foient exaftement pleins. Comme ceux-ci fe rempliffent
tout rouges, on les reporte auffi-tôt dans le fourneau avec les
mêmes tenailles qui ont fervi à les. retirer ; on y met en même
tems un autre creufet vuide renverfé, ainfi que cela fe pratique
à Grâllitz pour fervir après la fonte à recevoir le laiton. On y
jette enfuite un panier de charbon de bois, avec lequel on garnit