
brillantes, s’ils n’avoient pas d’autres reflources, On m'en a cité
plufieurs qui ont acquis jufqu’à i o & 20 mille livres fier lin gs en
biens fonds : c’eft par un agiotage très-blâmable que la plupart
d’entr’eux s’enrichiffent aux dépens de leurs affoçiés, fur-tout de
ceux qui ne réfident pas dans la même province,
Lorfqu’ils veulent acheter des allions ou en faire acheter à ceux
qui font dans leurs intérêts, ils mafquent les endroits les plus
riches du filon, & donnent les prix- faits dans ceux où il eft
plus pauvre; ce qui eft’plus que fuffifant pour faire bailler en peu
de tems le prix defdites aidions. Le contraire arrive quand ils
veulent en vendre , ên faifant extraire pendant 3 ou 4 mois la
plus grande quantité poflible de minérai, qui fouvent eft le feul
qui refte en provifion ; car il n’en eft pas ici comme en Allemagne,
où l ’on en lailfe toujours de réferve pour y avoir recours, lorlque
les pourfuites du filon en longueur & en profondeur ceflent de
produire.
Comme ces chefs font les feuls qui entendent un peu la pratique
de la géométrie fouterraine, & qu’on s’en rapporte entièrement
à eux pour fixer les limites, & indiquer fur la furface de la
terre les travaux intérieurs correfpondans, il eft indifpenfable aux
Seigneurs propriétaires des terrains de les avoir dans leurs intérêts ;
& comme aufli il y a des cas ou un filon peut être exploité dans
le fonds de deux feigneurs, foit en direction , foit en profondeur,
il eft facile au capitaine de faire travailler dans l’un, préférablement
à l’autre ; il peut aufli lui donner une plus grande quantité
de minérai. Il eft bien étonnant que le gouvernement n’ait pas
remédié à tant d’abus, fur-tout pour les mines d’étain ; on auroit
dû aufli fixer par les loix des Stannaries, les arrangemens à prendre,
foit pour profiter des ouvrages d’une autre mine, pour
tranfporter les matières & les élever au jour, foit pour l’extraction
ou l’écoulement des eaux. On voit plufieurs cas femblables
en Cornouaille, qui cependant n’ont pas fait naître de grandes
difficultés.
Les intéreffés s'arrangent entr’eux & conviennent d’un dédomïrtagement
toujours en proportion du minérai; par exemple,
dans une mine près de Redruth, dont les eaux font élevées par la
machine à feu d’une autre mine, la compagnie de cette première
eft convenue de lui payer les 3 vingtièmes du prix du minérai. Il
en eft de même de plufieurs autres, plus ou moins fuivant les
circonftances ; d’autres encore qui ne paient aucune rétribution,
ce qui dépend beaucoup du commencement des exploitations, &
de la difpofition des veines de rocher.
§. VI. On a en Cornouaille un ufage bien pernicieux pour la
fuite de ces fortes d’entreprifes, e’eft celui d’ouvrir une trop grande
quantité de puits fur la furface du terrain. Par-tout où les anciens
ont travaillé des mines, & où elles font actuellement exploitées,-
on peut dire que le terrain eft criblé d’ouvertures J & ces puits
font autant de réfervoirs qui raifemblent les eaux des pluies, de
forte que les mines feroient inexploitables, fi la plupart d’entre
elles n’étoient pas aufli riches qu’elles le font, pour payer les frais
des machines à feu. L ’abondance des eaux en a fait abandonner
nombre d’autres, ce qui eft Une perte réelle pour l’état.
S e c t i o n X I.
Des bocàrds & laveries ,& de la vente des minerais.
§■ I. A l’exception de quelques morceaux de minérais exempts
de rocher que l’on trouve accidentellement, tous les autres font
pilés & lavés comme il fuit.-
Les bocards à cet ufage font montés à 3 pilons, mais mal construits
, quoique fur les mêmes principes de ceux des Allemands ;
ils en different en ce qu’ils n’ont point de labyrinthes. Le minérai
au Sortir de la grille eft entraîné par un petit courant d’eau dans
un grand foffé creufé dans la terre, & de celui-là dans un autre
Semblable ; il eft vrai que le minérai d’étain étant fort pefant exige’
moins de précaution que celui d’argent, qui d’ailleurs eft plus
précieux.
Le minérai pilé eft d’ajpord lavé dans ürte efpece de calife
B o è a rd s .