
s.6t F O Y A G E S
bien des années à perfectionner les travaux de Métallurgie ; leÿ
différens voyages que j’ai faits aux mines du Lyonnois, m’ont mis
à portée de faire nombre d’expériences. Je ne rapporterai que
celles qui viennent à l’objet dont il eft queftion.
Et dans la crainte que ce Mémoire ne parût trop long, je l’ai
divifé en trois parties.
La première contiendra les expériences qui m’ont conduit aux
procédés que je décris, & m’ont fait appercevoir les principes
chymiques fur lefquels ils font fondés , avec la maniéré de traite*
les matières de billon ou de bas aloi.
Je donnerai dans la fécondé la méthode la plus avantageufe de
traiter en grand les minérais contenant argent & cuivre, méthode
fondée fur les mêmes principes, & qui n’eft pratiquée dans aucune
des mines-que j’ai vues-, ni décrite par aucun auteur.
Dans la troilieme, ces mêmes principes nous conduiront à
rendre raifon de l’opération du départ par la voie feche., des matières
d’argent & de cuivre tenant o r , & à propofer une nouvelle
tnaniere d’opérer,
P R E M I E R E P A R T I E.
Sur la préparation des métaux.
§. I. L’ufage que j ’avois d’un laboratoire m’engagea à faire
paffer par tous les procédés docimaftiques connus, les differentes
matières du produit defdites mines; ce qui me conduifit plus
d’une fois à entreprendre , conjointement avec mes freres des
opérations plus en grand, qui nous déterminèrent à propofer des
réformes qui furent acceptées, & eurent le fuccès auquel nous
nous attendions, Mais ce qui fixa beaucoup mon attention dans
ces expériences, fut le produit très-varié en argent que je retirais
du cuivre de ces minés, fuivant le nombre d’opérations par lesquelles
il avoit pafle. Pour me rendre plus intelligible, je dois
dire que les minérais des mines de Saint-Bel & de Chefly, font des
pyrites cuivreufes auxquelles on donne 4 feux de grillage, avant
M É T A L L U R G I Q U E S .
que de les fondre dans un fourneau à manche, où elles produifent
des mattes. qui doivent être grillées 9 à 1 o fois, en quantité de
350 à 400 quintaux, avant de donner par la fonte leur cuivre
noir. On fait que dans les fourneaux de grillage, on trouve alfez
fouvent des morceaux de matte, dont le feu développe des grains
de cuivre ; j’en eflayai plufieurs pris indifféremment, & ayant
reçu les uns plus, d’autres moins de feux ; c’eft-là où je trouvai
que leur produit en argent varioit beaucoup, mais fur-tout qu’ils
en eontenoient toujours plus que le cuivre noir produit du total
d’un grillage, lorfque les mattes avaient été rôties fulfifamment
pour être fondues. M’étant affùré par les efîais que j’avois faits de
tous les minérais & des mattes de la première fonte , que cette
différence ne proyenoit point de leur inégalité du côté de la teneur
en argent, je réfléchis que les conféquenees qu’on en pourvoit
tirer , étoient fondées uniquement fur les rapports & affinités
des fubftances dont la matte eft compofée. La matte dont il eft
ici queftion eft une maffe réguline contenant du cuivre, du fer ,
du zinc, une très-petite quantité d’argent, & des parties terreufes,
le tout réuni enfetnble par une grande abondance de foufre.
Le grand nombre de rôtiffage que l’on donne à ces mattes k
l’effet d’en obtenir le cuivre noir par une derniere fonte, a pour
■ but de faire brûler & volatilifer le foufre, pour défunir les parties
terreftres d’avec les métalliques. On fait enfuite ftratifier le tout
à travers les charbons dans un fourneau à manche pour fcorifier
ces premières, & communiquer aux dernieres du phlogiftique qui
eft doublement néceffaire dans cette fonte ; car il y a toute apparence
qu’il fert d’une part à la deftruétion, ou plutôt volatilifation de'
l ’acide vitriolique, qui par la combuftion ou rôtiffage peut relier
uni aux métaux, en compofant fans doute avec lui un nouveau
foufre ; & que de l’autre il révivifie les particules de cuivre,
lefquelles par la fonte fe réunifient entr’elles, & vont par leur
pefanteur fpécifique occuper la partie inférieure du baflin deftiné
à les recevoir»