
elles l ’étoient, plus il y avoit d’inégalités; cela me donna lieu
à faire beaucoup déliais particuliers, & je reconnus, foit par les
expériences faites juridiquement aux affinages, foit par les miennes
propres, que dans les cas où la différence étoit la plus fenfible,
C’étoit le centre du lingot qui étoit le moins riche en argent, &
toutes les parties extérieures les plus riches, fur-tout celles qui
avoient touché les parois de la lingotiere. M. Crammer fait mention
de cette inégalité dans fa Docimafie; mais ils n’avoit peut-
être pas penfé qu’elle fut auffi fenfible pour l’argent & le cuivre f
fans mélange d’aucun autre métal.
Quelques perfonnes ont cru que lorfque des métaux étoient
alliés enfemble & tenus en fufion, il y avoit une plus grande
quantité des plus pefans dans la partie inférieure, que dans la fu-
périeure du creufet ou de la lingotiere, en raifon de leur pefanteur
fpécifique ; mais il y a grande apparence que cela n’a , pas lieu ,
puifque la djffolution eft parfaite, toutes les fois que le degré de
chaleur eft affez fort pour tenir les deux métaux en fufion ; car Û
en eft autrement à mefure qu’ils reffoidiffent, comme on le verra
pour le plomb & le cuivre fondus enfemble ; d’où on pourrait
expliquer l’inégalité dont je parle, par le refroidiffement plu?
prompt de l’un ou de l’autre des métaux alliés. Cependant je penfe
que dans l’exemple que je rapporte, on doit plutôt l’attribuer au
degré plus ou moins grand de fenfibilité de ces métaux à l’approche
d’un corps froid.
Tous les Chymiftes & M.étallurgiftes favent que les métaux
en fufion font très-fufceptibles de fauter en l’air avec fracas, dès
qu’ils font touchés par des corps froids pu humides. Le plomb
l’eft moins que l’argent, & celui-ci encore moins que le cuivre ;
d’où je conclus qu’en verfant un alliage d’argent & cuivre dans
une lingotiere, dès que la malle en touche les parois, elle cherche
à s’en éloignet.rencontrant un corps moins chaud qu’elle-
même. Le cuivre reçoit une impulfion plus forte par fa plus
grande fenfibilité, & tend de tous les côtés à fe rapprocher du
Centre; d’où il réfulte que dans les lingots de billon, les extrémités
feront d’autant plus riches, eu égard à l’intérieur, que les lingo-
tieres ou les moules en fable auront été moins- échauffés avant
que d’y verfer la matière.
Cette opération me paroît d’autant plus importante, que nos
effayeurs prennent toujours leurs effais fur les lingots, & ont rarement
l’attention d’en prendre deffus & deffous, ce qui rendrait
pourtant l’effai plus jufte ; & que fort innocemment, quoiqu’ayant
bien opéré, ils pourraient faire tort à des particuliers & les engager
dans des procès.
La méthode la plus fûre pour ces fortes de matières, ferait fans
contredit celle qui eft ufitée en Allemagne , en prenant les effais
de la maniéré fuivante.
Lorftjue ces métaux font bien en fufion, on en puife avec un
petit creufet rougi au feu, & on le verfe dans un baquet plein
d’eau agitée avec un petit balai, pour les réduire en petites grenailles
qui font recueillies pour faire les effais, & fur lefquels on
détermine le titre.
Il y a environ 18 mois que voyageant avec mon frere dans le
pays d’Hanovre & le duché de Brunfwick, nous nous rendîmes à
Blanckembourg auprès de M. Crammer, pour y paffer quelques
jours & profiter des lumières de ce favant chymifte ; il étoit
occupé depuis quelque tems à traiter par la précipitation les
monnoies de billon du pays. Il eft le premier en Europe qui ait
féparé l’argent du cuivre dans un travail en grand par cette méthode.
Je vais rapporter fes procédés qui font très-curieux, &
fervent de confirmation à mes expériences faites plufieurs années
auparavant.
Fonte des monnoies à bas titre ,fèparati<m de F argent d'avec le
cuivre.
§. VI. La fonderie deftinée pour cette féparation a été conftruite
à un quart de lieue de la ville de Blanckembourg ; elle renferme