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& de difpo'fer les travaux à aller dans la plus grande profondeur
avec le moins de frais poffible. Une compagnie fouvent abandonne
plutôt fa mine lorfque les travaux font inondés , que de
commencer une galerie d’écoulement, qui demande des années
pour être achevée; & encore moins à faire des puits perpendiculaires
, lorfque les frais d’extraftion à bras d’hommes deviennent
tropcoûteux, fur-tout fi pour lors le filon n’eft pas abondant; car on
fait que les filons varient & qu’on les perd fort fouvent. Il réfulte
de tout ce qu’on vient de dire, & fui vaut ce que l’expérience
a appris aux étrangers depuis des fiecles, qu’on devrait accorder
à l’avenir les conceffions à perpétuité, avec la claufe que fi la
mine eft un certain tems , qu’on pourrait fixer à 3 ou 6 mois ,
fans être exploitée', la conceffion ferait nulle de droit. On pourrait
n’accorder d’abord que de fimples permiffions d’ouvrir une
mine , & les accorder à tous ceux qui les demanderaient ; fau f,
après la vérification de l’objet du minérai, à donner la conceffion
à perpétuité ; mais il faudrait que ces conceffions ne fuffent point
fujpttes à être revêtues de lettres patentes ni vérifiées au Parlement
, ce qui occafionne beaucoup de frais & ce qui efl: inutile ,
fi d’ailleurs on veut attribuer aux intendans la connoiffance des
conteftations. Nous penfons qu’en accordant une conceffion, on
devrait y comprendre tous les minérais fans exception ; en obfer-
vant néanmoins de foire donner des déclarations, des découvertes
à mefure qu’on les ferait, en fpécifiant exactement l’endroit où
elles ont été faites : il feroit auffi très-bien qu’un conceffionnaire ,
en envoyant le détail de fa découverte , y joignît un petit plan.
On comprend en Saxe dans les conceffions que le maître des
mines a le droit d’accorder, les mines d’o r , d’argent, de cuivre ,
d’étain, de plomb, mercure, fer, antimoine , cobolt, bifmuth ,
zinc, pyrite, charbon de terre : cependant on ne l’obferve pas pour le
charbon; mais les principaux officiers des mines nous ont dit qu’on
travailloit à des réglemens pour les mettre fur le pied des autres
mines. Quant aux autres fubfiances terreftres, comme alun, pierres
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prëcieufes, marbres- & autres carrières, le confeil fupérieur des
mines s’eft réfervé le droit d’accorder les permiffions.
Le dédommagement accordé en Saxe pour les propriétaires de Saxe, §. 10,
terrains efl très-bon pour le p ay s , puifque ce font les officiers du \\\ ’ y i
roi qui régiffent les mines, & donnent tous les 3 mois un état du 17^ U 9'
produit; ce qui efl d’autant plus néceilaire que le nombre des §-
intéreffés efl très-confidérable, puifqu’il y en a quelquefois plus
qu’il n’y a d’acli-ons dans la mine. Quoique la 1 28e partie de l’intérêt
d’une mine paroiffe peu de chofe, en coraparaifon du dommage
qu’il femble qu’on doit faire, on penfera bientôt différemment
, fi l’on fait attention qu’il ne faut pas une grande étendue
de terrain pour placer les puits, galeries & décombres des mines ;
qu’en outre il efl très-rare de trouver un fonds d’un produit ordinaire
, dans lequel il paffe des veines métalliques, par rapport aux
vapeurs qui s’en élevent, ce qui efl inconteftable. On voit par-là
que l’étendue du terrain, dont on a befoin pour les ouvertures
d’une mine, ne pourrait être affermée que très-peu de chofe, & que
pour peu quune mine donne du bénéfice, l’aâion qu’a le propriétaire
du terrain lui rapporte bien au-delà. Au furplus, il ne court
pas les mêmes rifques que les entrepreneurs ; il a" pourtant les
mêmes efpérances : cette façon de dédommagerfouffriroit, quant
à préfent en France, quelques difficultés, foit de la part des entrepreneurs,
foit de celle des propriétaires des terrains : cela condui-
roit même à d’autres difcuffions entr’eux au fujet du profit réel
de la mine, puifque les intéreffés dirigent eux-mêmes leurs mines
comme en Hongrie, où on ne fuit pas cette méthode. Il paraît Hongrie;
donc plus convenable de fe conformer à ce qui a été' en ufage ^ 2°'
jufqu’a préfent eu France, qui efl de dédommager à dire d’experts,
en eftimant le terrain ce qu’il pourroit être affermé. 11 n’eft accordé
aucun dédommagement chez l’étranger pour les eaux vitrio-
liques qui peuvent fortir d’urne mine: il n’en efl pas fait mention
dans- les ordonnances de France. Ce ne font pas les entrepreneurs
qui rendent ces eaux vitnoliquts ; il ne dépend pas d’eux d’en