
dieufes & plus avantageufes, en perdant le moins de métal qu’il eft
poffible par les fontes. Un minerai ou une pyrite qu’on fuppofe,
par exemple, tenir un quart ou demi-lot d’argent par quintal, &
qui étant fondu feul, n’auroit pu donner fon argent qu’à grands
frais, s’en fépare par le moyen du mélange , & laiffe précipiter
avec lui du minérai auquel il a fervi de fondant. Il réfulte de
l ’expofé ci-deffus, que pour le progrès des mines dans un état, il
faut tranfporter dans une même fonderie tous les minérais des
environs pour les y traiter enfemble, & faire des mélanges plus
fufibles. Comme il ne paroît pas qu’on foit difpüfé actuellement
à bâtir des fonderies royales, il faudroit cependant en avoir qui
fiffent Je même effet, puifqu’il paroît qu’on a pris le parti de
diminuer l’étendue des concédions, & d’accorder des permiffions
d’extraire à ceux qui en demanderont, On croit pour çela qu’il
fçroit jufte de laiffer dans chaque province, à la compagnie la
plus ancienne le droit d’avoir des fonderies, & d’obliger ceux
auxquels on accorderoit des permiffions d’extraire , à y apporter
lfur minérai qui leur feroit payé comptant au prix fixé de gré
à gré , ou par les ingénieurs d’après leur effai ; & même on pour-
roit quand il y auroit beaucoup de mines ouvertes, faire des
taxes ou tarifs comme en Saxe. Il eft aifé de concevoir le bien
qui réfulteroit d’un tel arrangement : on entreprendrait l’exploitation
d’une mine à peu de frais, puifqu’on n’auroit que les dé-
penfes de l’excavation à faire, & qu’auffi-tôt qu’on aurait un
quintal de rninérai, pn ferait certain de le vendre à la compagnie
qui auroit les fonderies,
En permettant la conftrüftion des fonderies , à tous ceux qui
obtiendraient des concédions, il ne peut qu’en réfulter des incon-
viniens ; ces concédions étant d’ufte petite étendue , il n’eft pas
douteux qu’étant proches les unes des autres, elles fe nuiraient &
cauferoient une cherté, tant pour les bois dont la confommation
fçroit bien plus confidérable , que pour la prife d’eau néceffaire.
Il fitit encore qu’au lieu d’employer pour fondant une pierre qui
ne tient rien, on pourrait trouver par les mélanges des minerais
qui ferviroient. réciproquement de fondant, & que le charbon qu’il
faudroit dans le premier cas, pour fondre la pierre, ferviroit dans le
fécond pour fondre du minérai : outre cela il faut des mines bien
abondantes pour entretenir toute l’année des fonderies. Il feroit
donc onéreux pour une compagnie de payer des ouvriers qui ne
pourraient être employés que 3 ou 4 mois ; il lui faudroit outre
cela un infpefteur des fonderies, ce qui multiplie les frais dans
une entreprife ; au lieu que vendant fon minerai, elle n a d autre
foin que de veiller à fes fouterrains, & au lavage & triage. Ce
n’eft pas non plus une petite chofe que de compter de moins, dans
le produit d’une telle entreprife, l’intérêt de l’argent qu’une fonderie
coûterait à bâtir. Il feroit très-bien, à mefure qu’il fe forme
des compagnies dans un feul diftriâ , de les engager à fe réunir
entr’elles ; il en réfulteroit plufieurs avantages : 1 °. celui de fe prêter
des ouvriers les uns aux autres ; 2.0. cela feroit que les officiers fe
communiqueraient leurs lumières pour la perfection des travaux ;
3°. on fe rendrait réciproquement fervice pour les charrois, &
pour les bois fervant à étançonner & étayer les mines ; 40. comme
il eft rare qu’une mine foit d’un profit égal, & qu’il arrive
fouvent que les filons font coupés, & que par cette raifon une
mine ceffe, non-feulement de produire pendant un tems, mais
même qu’il faut faire de nouvelles avances , ce qui peut en occa-
fionner l’abandon ; on ne tombe pas dans ce cas lorfqu’on exploite
plufieurs mines à la fois, parce qu’il eft rare que le minérai manque
par-tout; par ce moyen une mine foutient l’autre alternativement.
Ainfi, rien de mieux que de réunir les entreprifes dans
un même diftriû. Il feroit fort avantageux pour une nouvelle
compagnie, d’offrir un intérêt à une ancienne qui auroit fes travaux
peu éloignés. Dans ce cas le confeil ne feroit pas dans la néceffité
d’envoyer un ingénieur à chaque nouvelle entreprife. De quelque
façon qu’on penfe , il conviendroit toujours d’engager l’ancienne
compagnie qui auroit le droit de fondre, d’aider de fes confeils les
nouvelles qui commencent des exploitations.