
Mais avant que d’entrer dans la defcription de ce procédé quî
fait l’objet de ce Mémoire, il convient de donner une idée des
minerais que produit la mine de Cheffy, & de la maniéré ordinaire
de les traiter par le grillage : je comparerai enfuite les frais
de l’une & de l’autre opération , pour en connoître la différence,
& l ’avantage qui en réfulte.
On diftingue ces minérais en quatre efpeces ; la première eft la
mine jaune ou pyrite cuivreufe, colorée, mêlée avec de la blende ;
la fécondé eft une pyrite femblable qui contient une plus grande
quantité de foufre, & à laquelle on a donné la dénomination de
mine blanche, comme étant moins colorée ; la troifteme eft une
même pyrite très-fulphureufe, mais beaucoup plus pauvre : on la
nomme mine maigre ; c’eft celle que l’on met à part dans le triage
& que l’on grille par la nouvelle méthode.
Enfin une quatrième efpece de pyrite fi pauvre, que fon produit
ne pourroit payer la moitié des frais de fonte ; on la met au
rebut.
De tous les minérais, les pyrites cuivreufes font du nombre de
ceux où le métal eft nfinéralifé par une plus grande quantité de
foufre, & affez fouvent par le foufre & l’arfénic, dont on ne peut
le dégager que par l’opération du grillage plus ou moins répétée,
qui eft la première & la principale de celles d’où dépend l’art
de fondre les mines, que tout métallurgifte doit avoir particuliérement
en vu e , & qui peut être avantageufe ou ruineufe à
l ’entrepreneur, s’il n’a une parfaite connoiffance de l’efpece de
minerai qu’il a à traiter.
Le grillage des mines eft une opération par laquelle on parvient,
à l’aide d’un feu modéré, à féparer ou plutôt à faire évaporer
les matières fulphureufes & volatiles d’un minérai quelconque,
pour le difpofer plus facilement dans la fonte à la réduüion du
métal qu’il contient. On grille les mines, foit fur une aire entourée
de murailles plus ou moins grandes, avec un toit ou fans toit, foit
fur une aire murée de trois côtés, foit auffi fur une aire à découvert
en rafe campagne. Ces grillages font chargés dune plus ou moindre
quantité de minérais.
Les minérais de Chelfy dénommés par mine jaune & mine
llanche, font grillés dans des fourneaux de l’efpece de ceux qui
font murés de trois côtés & placés fous un to it , ayant 10 pieds
de longueur fur 5 pieds de largeur ; ces dimenfiûns font fuffifart-
tes pour contenir 400 quintaux de mine triée, que l ’on étend fur
un lit de 40 à 50 fagots pour le premier feu , qui duré plus ou
jinoins en raifon de la quantité de mine blanche quê l’ôn a mêlé
à la mine jaune. Par la proportion que l’on y met, il tient ordinairement
8 à 10 jours ; mais fi le grillage n’étoit eompofé que
de cette première, le premier feu y refteroit plus d’un mois,
même cinq femaines.
Lorfque ce premier feu eft paffé & que le grillage eft froid, on
tranfporte le minérai dans un autre fourneau femblable au premier,
qui n’en eft féparé que par un de fes murs , & dans lequel on a
auparavant préparé un lit de fagots plus confidérable pour recevoir
un fécond feu ; on en ufe de même pour le j'e & 4e feu qu’il
•eft néceflaire de donner à ce minérai, pour avoir une bonne
fonte en le chargeant alternativement de l’un à l’autre fourneau, &
aen augmentant la quantité de fagots à chaque feu.
Par un arrangement pris relativement aux dommages que
pourroit occafionner la fumée dans les fonds voiftns, lors de la
pouffée des plantes & pendant le t é , ces fourneaux me font occupés
que pendant l’hiver, & on ne les allume que dans le mois
d ’Octcrbre après les récoltes levées; d’où il a féfulté une augmentation
de ces fourneaux aujourd’hui au nombre de u , au liett
de 8 qui travaillaient anciennement fans interruption.
On prépare pendant l’été la quantité à peu près égale dé minérai*
ce qui revient au même,
Mais fi l’on vouloir traiter de cette maniéré les minérais de la
troifieme dalle, autrement dites mines maigres, on n’en retirèrent
aucun avantage, le produit feroit abforbé par les frais ccmfidéra-
P ij