
Effai de la
piine d’étain.
avoient été décrits jufqu’alors dans prefque tous les Livres Ou
Traités de chymie font très - fautifs ; l’addition du fer que
l ’on y prefcrit ne peut qu’induire en erreur, je m’en fuis convaincu
en réduifant en limaille le bouton que j ’avois obtenu d’urt
minerai fort fiche & très-pur ; je trouvai, ainfi que je m’y étois
attendu], que le fer s’étoit fi intimement uni à l’étain, que tout ce
qui étoit réduit en limaille étoit attirable par l’aimant. Il n’en eft
pas de même par le procédé de M. GeHert, que M. Duhamel &
moi étant én Saie avonsffuivi par'eomparàifon avec celui qui eft
indique par M. Màcquer, & defquels je vais rapporter lesréfultats.
Je terminerai çe Mémoire par prefcrire la méthode la plus fimple
de rechercher des mines d’étain, qui fe déduit naturellement des
obfervations qui viennent d’être citées.
§• V. Nous prîmes quatre quintaux fictifs de minérai d’étain
brun encryftaux, que nous ne lavâmes point étant unis à unè
très-petite quantité de rocher; nous les pulvérifâmes groflicrement,
& après les avoir divifés en deux parties égales , nous les mîmes
fur deux tefts à rôtir que nous plaçâmes fous la mouille ; nous
augmentâmes le feu par degrés, ayant foin de remuer très-fou-
vent le minérai. Après une heure de calcination nous le retirâmes
pour le, piler un peu plus, ce que nous avons répété 3 fois dans
l’intervalle de 3 heures ; nous le ’ réduisîmes alors en une poudre
très-fine , & le remîmes au feu où nous le laiffâmes jufqu a ce
qu’il ne blanchît plus lé crochet de fer avec lequel on le remuoit;
Car on ne pouvoit s’appercevoir de l’odeur de l’arfénic ; nous
donnâmes un feu très-vif fur la fin; nous employâmes de cette
maniéré quatre heures pour le bien rôtir; nous pefâmes de nouveau
ce minérai, & reconnûmes que ce qu’il avoit perdu au grillagé
étoit très-peu de chofe, Il pourroit en être de la mine d’étain
comme de certains métaux, qui par la calcination & leur changement
en chaux augmentént de poids. Nous triturâmes enfuite
les quatre quintaux enfemble pour être plus juftes dans nos
çpmparaifons, & les divifâmes en quatre parties égales, dont noirs
én mîmes deux dans deux tûtes préparées fiiivant la méthode de
M. Gellert, avec les additions qu’il prefcrit dans fon Traité dé
Docimafie , pag. 290 du tome II.
Les deux autres parties furent effayées en fuivant le procédé
de M. Macquer, en obfervant cependant de n’ajouter qu’à une
moitié de la limaille de fer, & à l’autre un quintal de plus de
flux noir ; nous plaçâmes nos creufets dans Un fourneau à vent
où nous les laiffâmes le tems prefcrit, à l’exception de celui où
nous avions mis de la limaille que nous crûmes devoir retirer fix
minutes plus tard ; nous caffâmes les creufets & trouvâmes que
dans les deux qui côntenoient l’effai par la méthode de M. Gellert,
une grande partie de l’étain y étoit én grenailles extrêmement
divifées. Nous raffemblâmes ces grenailles pour les pefer, le ré-
fultat fut un produit de 48 livres par quintal ; 8c fuivant le procédé
de M. Macquer où nous avions retranché la limaille de fer,
nous obtînmes un feul régule qui ne pefa que 45 livres, par confisquent
3 livres de moins.
Quant à l’effai qui fe fait avec addition de la limaille , nous
fommes perfuadés qu’il'ne peut être jufte par les raifons fuivantes.
Le régule que nous avons obtenu en nous fefvant de la limaille
pefoit 64 livres ; l’étain étoit caffant 8c fe gerfoit en le battant
avec le marteau, 8c il ne crioit point fous la dent; mais pour
mieux nous convaincre de la réunion du fer avec ce métal, nous
l ’avons réduit en limaille 8c y avons préfenté la pierre d’aimant
qui en enlevoit une bonne partie : nous avôns de plus fait calciner
l ’étain des différens pro’cédés, 8c nous avons remarqué que la
chaux de l’étain provenant du procédé avec le fer , rougiffoit de
plus en plus en la laiffant au feU ; effet qui n’eft point arrivé aux
chaux réfultantes des autres procédés, dont l’étain avoit toutes les
qualités qui le caraûérifent pur, ou du moins uni'à très-peu de
mélange qui auroit pu fe trouver dans le minérai.
Nous avons répété ces effais jufqu’à trois fois, 8c nous nous
fommes convaincus que le procédé de M. Gellert eft auffi vrai