
même 5 ils ont foin de tenir l’enclume mouillée & même de
tremper dans l’eau les morceaux : en 3 ou 4 coups ils les appla-
tiffent affez bien; mais comme ils font inégaux & qu’ils pourroient
fauter,fi on ne donnoit pas le coup hien jufte & bleffer l'ouvrier
, on a mis une planche de chaque cpté de l’enclume pour
les retenir.
On les fait enfuite rougir pour les arrondir ; on fe fert pour
cette opération d’une tenaille dont l’ouverture eft de 5 à.£> pouces
de large, entre laquelle on affujettit autant de pièces qu’il en
peut entrer ; l’ouvrier les tient fur l’enclume avec fermeté, & avec
une efpece de maffe longue & à manche court, il frappe deffus à petits
coups dans tous les fens. Comme celles qui font au milieu s’arron-
diffent mieux que les autres, il les change & les arrange de maniéré
que celles des extrémités fe trouvent au milieu, & frappe
de nouveau 5 il les met recuire & les rapporte pour leur donner
plus de rondeur ; il les fait rougir encore & les refrappe, mais
d’un feul coup, pendant qu’un autre ouvrier les met fous le
marteau ; on les fait recuire encore pour les arrondir pour la
derniere fois, après laquelle on les fait encore rougir, & on les jette
dans une baffine de cuivre remplie d’eau , qu’on introduit dans le
fourneau. Dès que l’eau eft en ébullition on y verfe un peu d’eau
forte, on laiffe bouillir le tout enfemble, & on retire la baffine,
c’eft ce que l’on nomme donner le blanchiment ; après quoi on
les polit en les mettant avec du pouffier de charbon & un peu
d’eau, dans un petit baril qu’un homme fait tourner à l’aide d’une
manivelle. Lorfqu’on n’en a qu’une petite quantité, on fe fert d’un
fac que deux ouvriers agitent, en le tenant par fes extrémités.
Les coins pour frapper la monnoie font placés fiir une groffe
piece de bois comme une enclume, & n’ont à leur extrémité que
la grandeur de la gravure : un ouvrier s’affied devant,placé par-
deffus la piece, fur laquelle il ajufte le coin qui doit imprimer de
1-autre côté; un autre vis-à-vis fe tient debout avec une groffe
maffe & frappe deffus, il imprime en un feul coup & n’en frappe
un fécond ou troifieme, qu’au cas que celui qui tient le coin voie
que la piece n’eft pas bien marquée, il cherche alors à rajufter fon
Coin : cette opération eft très-prompte, puifqu’ils prétendent que
deux ouvriers peuvent frapper 600 pièces dans une heure, ce què
nous avons bien de la peine à Croire. Il faut avoir des ouvriers
bien au fait de ce travail ; celui qui ajufte entre les deux coins a fa
tête bien près lorfque l ’autre frappe deffus. Afin que le marteau ne
gliffe pas on a foin de le frotter avec du grès, de même que là
tête du coin.
Si on y comprend Ta fonte, l’argent paffe 8 fois au feu avant
que d’être réduit en piece d’un florin. Le fourneau à cet ufage eft
une piece de fer coulé, fous laquelle on fait du feu avec du bois
de corde, & dont la flamme paffe dedans pour reffortir par la
porte fupérieure ou embouchure.
On fabrique rarement des pièces de deux florins, mars comme
elles ont un alliage; quelles font plus dures & donneroient trop
de difficultés pour être frappées à coups de marteau, elles le font
fous un gros balancier.
Pour accélérer le travail des petites pièces, on paffe les lingots
à un laminoir qui agit à bras d’hommes; & comme il ferait trop
difficile de les couper juftes au coup d’oeil, & qu’on n’a point
d’emporte-piece, on a une cifaille avec des vis pour fixer l’ouverture,
& par conféquent la longueur de chaque petit morceau,
lorfqu’on a reconnu le poids que chacun doit avoir : du refte
l ’opération eft là même que pour les groffes pièces.
Les monnoies qui font fabriquées à Zdlerftl'd, font les’ mêmes
qu’à Claûfthal & au même titré.
Nous avons dit dans le 'VIIIe Mémoire, Se£i. I , §. III, tome II,
que les minérais de Rammelsberg étoient auriférés. Le prince
jalotix de dire qu’il a dans fes états des mines d’o r , en fait faire le
■ départ par pure curiofité ',■ & fans en retirer du bénéfice-, puifque
le marc d’argent n’en contient que trois quarts de grains ; on concentre
ce métal par le procédé fuivant.