
Laveries
pour le gros
minérai.
parfemé de petites paillettes de mica que l’on regarde comme le
meilleur indice ; car dès qu’on en trouve, on eft fûr de rencontrer
du très-bon minérai ; mais dans une autre montagne elle fait l’effet
contrairé, puifqu’elle le coupe.
Il faut obferver que plus les couches font horifontales, plus
elles abondent en minerais; ce qui diffère entièrement lorfque
dans leur indinaifon, elles approchent plus de la perpendiculaire.
L ’efpece de rocher qui compofe la montagne & qui accompagne
les couches eft un fchifte de la nature de l’ardoife ; on ne fe fert
point d’échelles dans cette mine pour y defcendre, on n arrive a fa
profondeur que par des efcaliers très-droits, qui en rendent la
vifite très-pénible jufqu’à ioo toifes.
§. II. De toutes les efpeces de minerais en gros & petits morceaux
que l’on extrait de ces mines, & que l’on éleve au jour
pendant l’hiver, on en fait un feul monceau ou tas, auquel on
donne une indinaifon affez forte, pour que le minérai puiffe être
entraîné par un courant d’eau que l’on y amene , d’un canal qui
a 1 4 mille toifes de longueur , & qui fournit de l’eau aux machines.
C ’eft toujours au commencement du printems, après la
fonte des neiges, que commence le travail des laveries.
Au bas de ce tas eft un autre canal également incliné, au-deffous
duquel il y a une grille de fe r , dont les barres de 2 pouces de
diamètre laiffent entr’elles un efpace d’un pouce & demi, pour y
laiffer paffer tout le menu minérai. Les gros morceaux font attirés
avec un rable fur une table, où des femmes en font le choix & en
féparent les qualités ; le menu minérai eft encore entraîné 60 toifes
plus loin, fur une autre grille de cuivre, dont les trous font
plus petits. Ce qui refte deffus eft paffé au crible, le plus léger
qui vient à la furface eft jetté de. côté dans un canal qui le
conduit dans d’autres laveries; on n’enleve le bon du fond du
crible que lorfqu’il en eft plein, pour le faire choifir fur une
table. Lorfque les caiffes dans lefquelles pn crible font remplies ,
OU en ouvre les vannes, pour en faire couler l’eau avec le minérai
fin dans un autre canal plus long, large de 14 à 15 pouces,&
qui n’a pas beaucoup de pente ; alors le maître laveur y agite le
minérai de.bas en haut, jufqu’à ce qu’il foit pur. Plus bas eft un
autre canal où s’arrête une partie de ce qui a échappé , qui eft
lavé de la même maniéré. A fon extrémité il y en a encore u n ,
mais plus incliné, au travers duquel on met de diftance en dif-
tance de petits morceaux de b ois, pour retenir le minerai le plus
pefant; & lorfqu’il y en a jufqu’à leur hauteur, on en place d’autres
par-deffus, jufqu’à ce que le canal foit prefque plein’; alors on
l ’enleve pour achever de le laver dans les canaux fuperieurs.
Tout celui que l’eau a entraîné fe dépofe dans de grandes caiffes,
d’oîi il eft enfuite conduit dans des laveries plus baffes : on en voit
plufieurs fur plus de demi-lieue de longueur, où 1 on profite de ce
qui échappe dans les premières. Plus de 200 ouvriers des deux fexes
font occupés à ce travail, & à chacune d’elle il y a un maître
laveur qui eft obligé de livrer le minérai, dont le quintal tienne 9
livres de cuivre raffiné ; à défaut de quoi il n’eft pas reçu, & ils
font tenus de le faire trier de nouveau. De chaque quintal de
cette teneur, ceux des premières laveries retirent 16 jufqu’à 18
fo ls,& ceux des inférieures qui ont une moindre quantité de bons
minérais, 24, 26 & 28 fols, fur quoi ils paient leurs ouvriers; ils
ont auffi des prix-faits avec la plupart de ces derniers. On remarque
le long de la colline de petits enfans qui ramaffent fur les'
tas lavés les minérais qu’ils trouvent par- deffus, & dont ils retirent
encore un petit falaire ; ce travail fait vivre beaucoup de monde,
& de cette façon on tire parti de tout ce qu’il y a dans les décombres,
qui ailleurs^ eft fouvent en pure perte ; mais il faut dire auffi'
qu’il eft très-rare de trouver une quantité fuffifante d’eau, fur une
montagne auffi élevée , fur-tout dont on n’ait pas befoin pour
les travaux intérieurs, Ces laveries produifent annuellement environ
200 quintaux de cuivre raffiné.
§. III. Ce travail eft le même qu’à Schemnitz ; on y lave le minérai
4 fois fur les tables. A la fortie des caiffes des pilons il y en a
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laveries.