
V O Y A G E S
S e c t i o n V I L
D u Camphre & de f a purification..
5 * I. Quoique plu fleurs auteurs aient écrit fur la nature & les
propriétés ducamphre, ils nous.ont kiffé bien des cbofes encore à
defirer fur l’art de le raffiner en grand, dont les Hoîlandois font les
feuls poffeffeurs. Affez heureux pour avoir été admis dans un de
leurs laboratoires, nous croyons devoir rapporter les obfervations
que nous avons faites fur ce procédé, qui pourront mériter l’attention
des artiftes.
§. IL Koempfer dans fes Aménités Exotiques, page 770 , rapporte
que le camphrier efl un arbre fauvage qui croît dans la
partie occidentale du Japon, & dans les ifles voiflnes, comme un
grand tilleuL
Les payfans de la province de Sa tourna & des ifles Gotho, extraient
le camphre en coupant le bois & fa racine en petits morceaux ;
ils le font bouillir avec de l’eau dans une cuçurbite de fer : cette
cucurbite efl: couverte d’un vafte chapiteau de terre qui a un bec
Ouvert, & qui efl rempli de paille pour recevoir le camphre qui
y adhéré dans la fublimation..
Le cannelier efl une efpece de camphrier, fâ racine fournit du
camphre ; le fchænantua perfique & l’arabique , ont donné à
Koempfer du camphre par la dsftillation ; il ne doute point de ce
que les Rramines lui ont dit, que l’on pouvoir tirer du camphre
du genevrier , & de toutes les plantes qui ont une odeur camphrée.
On recueille dans les ifles de Sumatra & de Bornéo , un camphre
natif & cryftallin qui croît naturellement fur le camphrier ,
mais qui efl très-rare & très-précieux..
Le camphre, fuivant d’autres auteurs, tel que les Hoîlandois
l ’apportent dans leur patrie, efl une fubftance réfineufè, légère &
fort volatile , qui découle de certains arbres dans l’ifle de Bornéo-
& à la Chine, fous la forme de petits globules ou grains plus- ou
moins gros-, de diverfes figures x terreux , demi-tranfparens &
très-friables, raffemblés feu vent en quantité, & reffemblant alors
à de l’huile dolive figée. Cette matière dans fon état naturel fè
nomme camphre brut, que les Hoîlandois dépouillent de toute impureté
en le raffinant par là fublimation, à laquelle ils procèdent
de lamaniere fuivante.
§. IIL Ils mettent le camphre brut dans un cuvier de bois, où
un ouvrier avec un outil de la forme d une S, tranchant dun
cô té , & de l’autre armé d’un manche de bois de 2 pieds & demi
de longueur, qu’il tient perpendiculairement, coupe cette refinè
& la divife en morceaux très-petits. On la paffe enfuite dans uti
crible de peau, dont les trous ont le diamètre d un pois ; elle efl
reçue dans une grande caiffe où on la prend pour lâ raffiner.
Ils fe fervent de petits ballons de verre blanc tres-mince, de 6 a
y pouces au plus de hauteur, dont le col avec un orifice de trois
quarts de pouce, n’a pas plus de 2 pouces & demi de longueur.
Le diamètre de leur capacité efl d’environ 8 a 9 pouces ; ils font ap-
platis & tant foit peu convexes par-deffous,& tous à peu près dans
les mêmes proportions (*). (*)roy<ÎP!.
Le laboratoire dans lequel on procédé à la purification du 1X * g' *■
Camphre efl un quarré-long , autour duquel régné une maçonnerie
en brique de 3 pieds & demi de hauteur , fur environ 3° pouces
de largeur, dans laquelle font pratiqués à égale diftance
50 petits fourneaux femblables à ceux d’un potager, & appuyés
fur plufieurs arcs voûtés ; chacun d’eux a une capfüle de fer coulé
d’un pouce de rebord, & dont le diamètre intérieur efl un peu
plus grand que celui des ballons qu’elle doit recevoir fur un bain
de fable : du refte ces fourneaux ont chacun un foyer & un
cendrier, qui ont l’un & l’autre une ouverture de 5 pouces au
plus en quarré , fermées par des petites portes de fer. Ils communiquent
par derrière à un tuyau horifontal, ou efpece de cheminée
que l’on a pratiquée le long des murs du laboratoire , & qui
répond à 4 autres cheminées placées aux angles.
■ §. IV. Lorfqu’on veut commencer l’opération, on garnit 5 o bal-
S f ij