
Les carreaux font faits avec la même terre lorfqu’elle a été
paffée au moulin : des ouvriers la mettent dans un chaffis au
moins d’un pouce plus grand, que ne doivent l ’être les carreaux
& un peü plus épais; ils les moulent de la même maniéré qué les
briques, & les rangent de champ fous un hangard pour commencer
à les faire fécher ; dès qu’ils le font au point que le doigt
peut à peine y faire impreffion,on les porte à un ouvrier qui eft
occupé à les perfectionner : cela fe pratique comme il fuit. Il
prend un de ces carreaux & le met fur une table fort unie , & fur
laquelle il a auparavant répandu un peu de fable , & avec une
maffe de bois platte & plus large que n’eft le carreau , il frappé
deffus afin de le comprimer & d’en rendre les grandes furfaces
égales; deux ou trois coups fuffifent pour cela. Il applique enfuite
par-deffus un morceau de planche quarrée, revêtue de fer autour
de fon épaiffeur, & dont les dimenfions font les mêmes que celles
que doivent avoir les carreaux. On y a auffi fixé à diftances
égales 4 petites pointes faillantes qui fervent à le tenir folidement,
de façon qu’il ne puiffe pas varier ni d’un côté ni de l’autre : cet
Ouvrier auffi tôt avec un tranchoir femblable à celui d’un cordonnier
, coupe tout autour la terre qui excede ; il a foin de
tremper à chaque fois dans l’eau le morceau de planche que l’on
peut ici nommer forme, pour qu’elle ne s’attache pas au carreau,
& qu’elle en rende la (urface plus unie.
La maniéré de faire fécher les carreaux eft la même que celle
dont on fe fert pour les tuiles; on obferve de laiffer un intervalle
entr’eux en les plaçant diagonalementde champ & un peu inclinée.
D e la façon de faire cuire les tuiles & les carreaux avec la tourbe.
§. V . Le fourneau deftiné a faire cuire les tuiles & les carreaux eft
renfermé dans un bâtiment ; il peut avoir intérieurement 16 pieds
refcription de long, fur i o pieds de large & autant de hauteur ; ce font quatre
u fourneau. murs je ^ pieds & demi à 5 pieds d’épaiffeur, liés tout autour
avec de groffes pièces de bois affemblées pour en former un cadre
; ceux qui ont les plus grandes faces font percés chacun de
4 trous qui fe correfpondent entr’eux comme dans les fours à
briques : mais ils different beaucoup quant à l’intérieur, puifqu’on
y a conftruit des arcades maçonnées en briques, lefquelles forment
les canaux de communication qui fervent de foyer. Ces
arcades nous ont paru avoir 2 pieds & demi de largeur dans Je
bas, fur 15 pouces de hauteur, lefquelles dimenfions diminuent
infenfiblement dans l’épaiffeur des murs , & ne laiffent d’ouverture
extérieure aux foyers, que 10 pouces, fur 8 a 9 de haut juf-
qu’au fommet de l’arc. • ■ - ;
A l’égard du refte de l’intérieur du fo u r , on le concevra aifé-
ment, en confultant la fig. 2, pi. III de 1 art du Tuilier & du
Briquetier ; mais le gril ne doit point être carrelé, on le laiffe tel
qu’il eft repréfenté au-deffous de B , même figure. Ce four eft
couvert au-deffus par une voûte de briques, 'percée de trous de
différentes grandeurs : cette partie fupérieure reffemble beaucoup
à celle des fours de la manufacture de terre d’Angleterre du Pont-
aux-Choux à Paris.
11 réiulte de ce que nous venons de dire, que les fours de la
Hollande ne different effentiellement de ceux de France que par les
foyers; on enfentira de refte la conféquence, fi l on fait attention
aux matières combuftibles dont on fait ufage.dans 1 un & 1 autre
pays. La tourbe donne beaucoup moins de fumée que le b ois, par
conféquent il vaut mieux multiplier les foyers & les faire moins
élevés : la chaleur que donne la tourbe n’ayant de vivacité qu’au-
tant qu’elle eft bien concentrée.
Au milieu d’un des murs de largeur du fourneau, on 3 pratiqué
une porte du haut en bas , qui fert a y introduire & a eu
retirer les tuiles & les carreaux.
Dans le teins que nous avons vifîté cette fabrique, le four étoit
rempli de l’un & de l’autre ; les tuiles étoient placées verticalement
dans le four, ne laiffant entr’elles d’autre intervalle que celui que
forme le crochet, & les carreaux rangés par-deffus diagonalement
Comment
on arrange
les tuiles &
tes carreaux
dans le fou*»