
Comment fe
fait la vente
des minérais
& les efiais.
Le paiement
fe fait en é-
tain & non
en argent.
Comment fe
fait Tentre-
prife des mines.
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un jour pour donner des échantillons, & l’on y procédé comme
il fuit..
Sur différens tas de minerai on en prend une pellée,.dônt on
forme un nouveau, que l’on divife en deux parties égalés ; on
concaffe une de ces moitiés que l’on divife encore de même; ceft
fur cette derniere moitié bien pulvérifée &î bien mêlée que Ion
prend des échantillons ; chacun- en prend la mefure d’un quart de
bouteille & l’emporte pour le laver, & en connoître à peu près
la valeur pour être vendu aux fonderies ; car l’effai ne s’en fait
que par le lavage.
La maniéré dont ils font leur calcul eft particulière à ce pays ;
le minerai ayant été bien lavé fur une pelle de fe r, on le fait
fécher , pour le pefer fur une petite balance contre de l’argent
monnoyé ; fi leur produit pefe 9 deniers, on dit 100 facs de minerai
(1 ) doivent donner un quintal d’étain ; s’ils pefent 12 fchillings,
les 100. facs doivent produire 16 quintaux d’étain , parce que
dans 12 fchillings il y a 16 fois. 9 deniers.
Le produit de ce calcul efl; moindre que le réel pcar on doit y
trouver non - feulement les frais du pilage & du lavage, mais
encore ceux de la fonte & même du bénéfice: tous, ceux qui
ont des minérais à vendre font les mêmes effais pour connoître
le prix qu’ils peuvent en exiger ; on fixe enfuite un jour pour la
vente qui fe fait au plus offrant , jufqu’à ce que l’on approche du
réfultat de l’effai. L ’obligation ou engagement du paiement fe
fait toujours en étain & non en argent ; ces effets ou billets font
pourtant négociables.
Il arrive affez fou vent que les entrepreneurs des bocards &
laveries, profitent du befoin d’argent de ceux qui ne font pas aifés,
de maniéré qu’ils en achètent le minerai au-deffous de fa valeur.
§. IV. Par la leâure de l’extrait des loix & ufage de cette province,
que l’on trouve à la fin de ce Recueil, on verra qu on ne
(1} Le fac contient yi galloiis £ le gallon efi: une efpéce' de b'oifieau \ un pied cube
de minerai d’étain en poudre fait deux galions*
M É T A L L U R G I Q U E S . 205
peut commencer aucune exploitation de mines fans la connoif-
fance du feigneur, & que les mines d’étain font actuellement à
peu près dans le même cas que celles de cuivre, avec la différence -
que l’on paffe un bail de 21 ans pour ces dernieres, & que les
premières peuvent être affermées: auffi long-tems qu’on le juge à.
propos en fe conformant aux coutumes ; mais pour les unes &
les autres le feigneur fixe à fa volonté l’étendue du terrain.
Il arrive très-fouvent que de fimples ouvriers commencent
l ’exploitation d’une mine à leurs périls & rifques. Si la veine minérale
devient avantageufe, & que les frais foient trop confidérablgs
pour eux par l’avancement des travaux, ils trouvent facilement
des affociés à qui ils vendent des aâions, chacun ayant la liberté
d’en vendre & d’en acheter à volonté ; très - fouvent aufli des
particuliers leur font des avances pour leur fubfiftance, pendant
qu’ils font des recherches dans tel ou tel endroit, fous la condition
que ceux-ci font les maîtres d’y prendre intérêt ; mais fi le
-fuccès ne répond pas à leurs efpérances, après 2 ou 3 mois plus
ou moins, ces ouvriers vont travailler dans d’autres mines pour
gagner de quoi rembourfer lefdites avances. On dit avoir vu
de ces mineurs faire une fortune très-prompte dans de femblables
entreprifes.
§. V. Chaque mine efi: dirigée ou régie par les intéreffés qui Abus 'dans
réfident fur les lieux, & les agens de ceux qui font abfens ; mais es mmes'
il eft fort rare pour la plupart qu’ils vifitent l’intérieur des mines,
cela regarde le premier maître mineur qiae l’on nomme capitaine ,
homme très-inftruit , qui entend très-bien le cours des veines
minérales & un peu la pratique de la géométrie ; il a fous fes
ordres 1 , 2 & 3 fous-maîtres mineurs , fuiyant l’étendue des travaux.
Ce chef a ordinairement 5 guinées par mois de fixe pour
fes gages, & prefque toujours un 32e d’intérêt dans la mine dont
il efl: le capitaine, indépendamment des aâions qu’il peut acheter.
Quoique ces gages foient affez .forts pour des chefs - ouvriers,
il feroit impofiïble qu’il y en eût qui euffent fait des fortunes