
cette raifon cendrée de cuivre ( fi ce métal etoit un peu moins
raffiné il s’en éleveroit encore une plus grande quantité ) ; mais
pour en éviter la trop grande abondance, on fe fert de plufieurs
petits foufflets à bras pour en refroidir la furface , & auffi-tôt
qu’il eft figé on y répand un peu d’eau , que 1 on renouvelle juf-
qu’à ce que la rofette aitaffez de confiftance pour être enlevée ;
on fait venir à cet effet les fondeurs & autres ouvriers qui font à
la portée pour aider à tranfporter lefdites rofettes ; on en met fix
à chaque baffin pour lever & porter les pièces dans une cuve
placée à côté de chaque baffin , & ou leau fe renouvelle continuellement
, afin qu’elle foit toujours froide & que le cuivie
prenne une plus belle couleur ; ces rofettes fe lèvent avec des
fourches & des fers plats par le bout, qui fervent dabord de
levier en prenant pour point d appui les cercles de , fer fixes autour
des baffins afin qu’ils ne puiffent être endommagés. A mefure
que les rofettes diminuent de diamètre & par confequent de pe-
fanteur , on renvoie les ouvriers à leur premier travail; on en
laiffe feulement deux- à. chaque cuve pour les retirer,
§. IV. Le grand baffin peut fervir à deux & fouvent à trois
raffinages, comme il a été dit, fans autre réparation que celle
d’enlever les fcories qui s’arrêtent devant la percée, & de mettre
une nouvelle brique devant chaque petit mur, J’obferverai à
cette occafion que lorfqu’on fait à neuf toutes les couches qui
forment le baffin, on doit avoir 'attention de ne pas battre auffi
fortement les inférieures que la fupérieure , fans quoi la brafque
de celle-ci étant frappée & trouvant de la réfiftance par deffous,
ne s’y lie point ; c’eft par cette raifon que l’on ne fe fert des
piftons de fer que pour battre la couche fupérieure, Il n’y a pas
encore un an, que voyant que cette couche s’enlevoit fort fou-
vent avant la fin de l’opération, quelquefois auffi-tôt que l’on
avoit fait la percée, je l’attribuai d’abord'à la négligence des ou^
vriers; pour m’en convaincre jevoulusêtre témoin de fa préparation
, mais la couche réfifla moins qu’auparavant : je pris dès-lors
le parti de ne faire battre fortement que la fupérieure, & on le
continue avec avantage ; j’aurois cependant déliré qu’elle eût pu
réfifter à plus de deux ou trois raffinages. On prétend que le
baffin du fourneau de Tayoba réfifte à io ou 12 ; mais je penfe
devoir l’attribuer au plomb que l’on ajoute au cuivre, qui en fe
fcorifiant s’unit à l’argille & au fable qui compofent la brafque
après que le charbon en a été détruit, & forme un vernis fur
toute la furface : je le crois d’autant plus que les baffins de réception
du même fourneau, ne durent pas à beaucoup près autant
que ceux du fourneau de Cheffy. Comme il pourroit arriver que
par la négligence de ceux qui battent la brafque, il s’enlevât non-
feulement une couche & même deux du grand baffin , on y a
remédié par celui M , qui eft ordinairement plein de pouffier de
charbon, mais que l’on peut vuider au befoin pour y faire couler
le furplus du cuivre qui fe trouveroit trop bas dans le fourneau,
au-deffous du niveau de ceux de réception.
§. V . L ’opération que je viens de décrire dure ordinairement
9 à 10 heures. On a reconnu que chaque raffinage confomme l’un
dans l’autre environ 400 fagots de 4 pieds & demi a 5 pieds de
long, fur 2 pieds de circonférence. Comme la flamme du fagot
tourmente beaucoup plus le fourneau que ne fait celle du bois de
corde, on emploie fort fouvent de ce dernier (1) ; l’operation
n’en devient pas plus chere pour en brûler moins , on rétrécit la
chauffe comme on peut le voir dans le plan fupérieur par la ligne
ponctuée lettre B. Il s’en confomme lorfqu’il eft refendu, trois
moules ou voies au plus, faifant emfemble 184 pieds cubes, lorf-
que c’eft du bois blanc, comme tremble & peuplier ; il fe confomme
bien moins de celui de hêtre, mais on n en a pas fouvcSit,
& d’ailleurs il eft plus cher ; lorfqu’il eft bien fec, il s en confomme
encore moins que la quantité ci-delfus : un maître raffineur &
deux aides conduifent ce raffinage.
(1 ) Depuis un grand nombre d'années on ne fe fert que du bois blanc refendu , S i
jamais de fagots.
Tome III.
3e baffin de
réception.
Fig. 2.
Combien de
tems dure un
raffinage.
Confomma-
tion du bois?
s