
V O Y A G E S
-----WkÊÊÊSÊÊÈâMÈ
SEPTIEME MÉMOIRE,
Sur les mines détain des hautes montagnes de la S a x e ,
celles de la Bohême, <5 delà province de Cornouaille en
Angleterre.
A n n é e s 1757 & 1765;
S e c t i o n P r e m i è r e .
Mine d’étain de Marienberg nommée Gluck - auf.
I. T 1 a montagne de Wildsberg où eft fituèe cette mine
renferme plufieurs veines minérales; on diftingue le filon principal
d’avec d’autres veines ou couches.
Ce premier eft un filon oriental, dont la pente eft d environ
70 degrés du côté du nord , la largeur de près d’une toife. On
trouve dans fon milieu , fur une épaiffeur de 7 à 8 pouces, du
minérai jaune de cuivre tenant argent, mêlé avec celui detain
& l’on remarque que plus le premier eft riche, plus le dernier
qui y eft joint l’eft auffi. Le rocher qui accompagne ces minerais
eft un fchifte gris parfemé de mica blanc & noir, &reffemblant au
kneis, qui contient lui-même de l’étain en fuffifante quantité pour
mériter le travail du bocard & des laveries. On rencontre aufti
dans ce filon du quartz, du fpath blanc & quelquefois de la blende;
nous y avons détaché des morceaux de minerai d etain & cuivre,
fur lefquels il y avoit des petites lames de cuivre, précipitées par
l ’intermede du fer que contient ledit minerai.
On compte dans la montagne de Wildsberg fat couches, distantes
l’une de l’autre de 5 â 6 toifes en profondeur perpendiculaire
, & qui s’inclinent du nord au midi; il eft a remarquer que
comme elles traverfent tous les filons, elles les enrichiffent au
point de réunion; ce qui s’eft vérifié dans cette mine où l’on en a
rencontré un méridional, qui en fe joignant au principal y a apporté
beaucoup de minérai d’étain riche en cuivre.
Cette mine n’avoit alors qu’environ 27 toifes de profondeur ,
& étoit exploitée à ce niveau fur une longueur de 40 toifes. La
partie fupérieure étoit encore entière & abondante en minerai,
ce qui donnoit les efpérances d’une exploitation avantageufe.
§. II. La première préparation que l’on donne à ce minerai eft Bocard & la»
de le palier fous les pilons d'un bocard, d’où on le retire pour le veriei'
laver dans une caille allemande ou fchtem graben. Les parties
terreufes font d’abord entraînées par l’eau comme les plus legeres ;
le minérai qui refte au fond de la caille fe diftingue en deux
efpeces, le plus grailler fe trouve dans la partie fupérieure & le
plus fin dans le bas de ladite caille.
Ce premier eft porté fur une table à laver , de celles où l’on fe
fert de toiles pour retenir le minérai d’étain , qui par fa dureté
s’étant arrondi fous les pilons, ferait néceffairement entraîné par
l ’eau s’il étoit lavé fur une table unie, ainfi qu’il eft ufité pour le
plus fin de ce minérai.
Le produit de ces laveries eft divifé en trois efpeces différentes,
:qui ont toutes les trois chacune un réfervoir à l’extrémité des
tables où elles fe précipitent, foit en y trempant & lavant les toiles
qui ont retenu le minérai ,-foit en y diftribuant les qualités que
l ’on a féparées avec le rateau ou rable & le balai.
On a donné à ces tables de 6 à 6 degrés & demi d’inclinaifon.
Si le minérai d’étain n’eft pas uni à de la pyrite, on fe contente
de le faire palier au travail du bocard & des laveries, fans qu’il
foit befoin de le griller pour le fondre.
Si au contraire il eft j oint à de la pyrite, il eft important de lui faire
fubir un feu dp grillage avant que de le piler & le laver, pour en
faire évaporer la plus grande partie du foufre & de l’arfénic qu’il
contient ,& par ce moyen en retirer plus de métal par la fonte. : ;
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