
& demi de profondeur. Chacune d’elles a fa berne & eft fupportée
par deux pièces de bois ou petits madriers qui la traverfent dans
fon milieu, & auxquelles font affujettis fix crochets ou barres de
fer rivees dans fon fond ; elle a , ainfi qu’il eft d’ufage dans d’autres
falines, une cheminee en planches pour recevoir la vapeur t
une grille & un cendrier.
Sur un des quatre puits principaux d’où on éleve les eaux, on
a conftruit une machine, dont le méchanifme confifte en un levier
fixe a un arbre vertical, de même qu’à une machine à moulettes ;
avec la différence que dans la partie fupérieure de cet arbre, on y
a affujetti un rouet auffi grand que le manege, lequel engrenne
dans une petite lanterne, autour de l’axe de laquelle eft une roue
à crochet qui eleve continuellement une chaîne de fer garnie de
petits féaux de cuir, qui paffent dans un corps de pompes : deux
chevaux font mouvoir cette machine.
Celles qui font fur les trois autres puits font plus fimples ; ce
ne font que des treuils avec leur corde & leurs tonnes, mais qui
font mis en mouvement par une roue de 18 à 20 pieds de diamètre,
dans laquelle deux hommes marchent pour lafaire tourner.
Quoique les eaux varient dans leur degré de falure, elles font
neanmoins affez fortes pour en retirer le fel par évaporation,
fans qu’il foit befoiade les graduer. Pour en connaître la richefle,
on fe fert d une balance & d’un pot ou bouteille „ dont le poids
en eau douce eft connu, & dans laquelle on pefe les eaux falées
avec des poids divifes par lots : fuivant le nombre de lots on dit
cette eau en contient tant ; celles de Halle en pefent 14 ou 16.
Nous n’avons pas pu favoir exaâement le degré de falure relativement
à un quintal d eau ; mais d après le rapport qui nous a été
feit, il paroît que 1 on a calculé fur 2 livres d’eau ; & que quand
on dit cette eau eft à 16 lots , cela veut dire que 2 livres d’eau
contiennent cette quantité de fe l, ce qui ferait 2,5 degrés fuivant
la méthode que F on fiait en Franche-Comté, pour mefurer les
eaux.
. Lorfqu’on veut procéder à une évaporation, on ouvre le robinet
de la cuve où les eaux font contenues, pour les faire couler,
dans la chaudière, & quand celle-ci eft prefque pleine, on verfe
dans le canal deux ou trois cuillerées à bouche de fang de boeuf
pour exciter à écumer ; & dans le même tems on place deux au-
gelots à chacun des angles de la chaudière qui font oppofés à la
chauffe ; on fait grand feü & l’on écume. Deux heures après le
fel commence à fe former , alors on enleve les augelots & l’on
continue le même degré de feu encore 435 heures pour achever
l ’évaporation.
Auffi-tôt qu’on a retiré le fe l, & qu’on l’a mis dans deux paniers
placés au-deffus de la chaudière, on y fait couler de nouvelles
eaux, & l’on procédé de même fans interruption pendant 12 cuites
, après lefquelles on la nétoie entièrement. Si elle eft percée de
quelques trous, on les bouche avec une pâte faite avec du fang de
boeuf & de la farine : une chaudière peut fournir clans la quinzaine
48 à 50 paniers de fel. De leur produit le corps des Bourgeois eft
obligé d’en donner annuellement 60 au roi de Pruffe par chacune
d’elles, ou d’en payer la valeur en argent.
L ’établiffement de cette faline a été affermé à un particulier ,SaI!ne <*■
1 . roi.
pour une fomme fixée par chaque boiffeau.de fel (1) , & le roi
lui fournit une certaine quantité de charbon, à un prix d’un quart
au-deffous de celui qu’il le vend au public.
Cette faline fituée hors de la ville , différé delà première, en ce
que dans chaque berne il y a fix chaudières, & qu’au-deffus de
chacune d’elles, il y en a deux petites en fer coulé, qui, réunies ou
jointes enfemble, forment, fa largeur, fur 4 pieds de longueur
& 18 pouces de profondeur; elles font d’une capacité affez
grande, pour contenir autant d’eau qu’il en faut pour remplir
une de celle d’évaporation. Les eaux y font amenées des fources
dans des bourféaux enterrés, & enfuitç par,des tuyaux fixés autour
de I’attelier, qui les diftribuent à chaque chaudière par le
moyen des robinets.
(1) Cette mefure pefe deux quintaux.