
deux fourneaux de révèrbere, un grand & un petit, qui different
peu de ceux que l’on nomme cupols en Angleterre, un fourneau
de coupelle, deux fourneaux à manche, & un petit foyer de
raffinage pour le cuivre.
Lorfqu’on a des cuivres qui tiennent moitié argent & au-deffus,
on les met tout de fuite à la coupelle avec une fuffifante quantité
de plomb pour entraîner tout le cuivre, comme cela fe fait partout
ailleurs; mais ceux qui font moins riches font mis dans le
grand fourneau de réverbere mentionné ci deffus, c’eft à-dire , de
800 marcs à la fois.
Lorfqü’ils font d’un rouge blanc, on y ajoute 12 quintaux de
plomb, on fait fondre le tout enfemble ; dès que la matière eft
en bain, on perce & l’on fait couler dans un baffin de réception;
on laiffe refroidir & l’on écume à mefure, en retirant avec un rable
tout ce qui s’élève en grumeaux à la furface ; c’eft le cuivre qui fe
refroidiffant plutôt que le plomb s’en fépare, & vient par fa légé*
reté, eu égard à la pefanteur de ce dernier, nager dans la partie fu-
périeure du plomb en fufion. Lorfque l’on aécumé tout ce qu’il pa-
roiffoity avoir de cuivre, on enleve le plomb avec une cuiller, & on
le verfe dans des moules ; ce métal par fa très-grande affinité aveç
l ’argent l’empêche de fe féparer par le refroidiffement, ainfi que le
fait le cuivre, & en conferve avec lui la plus grande partie , d’où
il s’eft par-là fort enrichi. Dans cet état on l’affine & le paffe à la
coupelle ordinaire : on continue le même procédé dans le fourneau
de réverbere, tant qu’on a de ces cuivres pu monnoies dç
billon.
L ’écume dont il vient d’être parlé eft un mélange de beaucoup
de cuivre, de l’argent & du plomb ; lorfqu’on en a une certainç
quantité ■> onia met dans ce même fourneau de réverbere, mais
fans aucune addition, & on la fait deffécher ou reffuer , c’eft-à-
dire, qu’on lui donne une chaleur capable de faire fondre le
plomb & non le cuivre, ce premier coule & entraîne avec lui
une gr.ande partie de l’argent ; on le paffe ainfi à la coupelle,
Quant
Quant au cuivre qui a refté dans le fourneau , il tient encore
beaucoup d’argent, c’eft pourquoi on le fond dans un fourneau
à manche, avec un mélange de pyrites martiales pour le minéra-
lifer & le réduire en mattes, lefquelles font enfuite fondues fans
être grillées, c’eft-à-dire, crues avec les fcories d’une précédente
fonte, des matières tenant plomb, comme litharges, cçndresde
coupelle imbibées, & de la grenaille de fer ; il arrive dans cette
fonte une précipitation par l’intermede du fer. Le plomb a plus
d’affinité avec le foufre que n’en a l’argent, mais le fer en a encore
plus que ces deux métaux , de forte que le foufre s’unit avec
ce dernier & les deux premiers fe précipitent ; ils fe raffemblent
fous la matte, on les retire avec une cuiller pour être paffés à la
coupelle. S’ils ont entraîné du cuivre avec eux, ce qui eft aifé â
connoître, on écume & on retire une matière telle que nous
l ’avons dit précédemment, & que l’on porte au fourneau anglois
pour l’y faire reffuer.
Les mattes retiennent pourtant encore une partie d’argent ;
pour l’en féparer on les rôtit à l’ordinaire entre deux m u r s ,&
on leur donne 3 ,4 jufqu’à 5 feux, enfin jufqu’à ce qu’on apper-
çoive des grains de cuivre dans cette matte rôtie; M. f ram mer
prétend que ces grains font prefque tout argent. On. fond alors
cette matte dans un fourneau à manche, & l’on obtient à chaque
percée que l’on fait un culot de cuivre plombifere , dans lequel
tout l’argent ou du moins la plus grande partie doit être précipitée.
On n’a rôti cès mattes que jufqu’à un certain point, dans
l’intention de ne faire évaporer que le foufre furabondant qui
tenôit encore avec lui de l’argent ; & comme ce dernier a moins
d’affinité avec le foufre que n’en a le cuivre, lequel en a moins
que le fer çontenu dans la pyrite, joint à celui que l’on a ajouté
dans la précédente fonte , il réfulte que l’argent doit fe précipiter
en culot avec un peu de cuivre , d’où l’on doit fentir de
quelle conféquence il e ft, de ne point trop rôtir ces mattes ; fans
quoi on courroit rifque de mettre trop de cuivre à nud, &
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