
V O Y A G E S
que celles-ci foient pleines d’une eau aufli concentrée que le
juge l’entrepreneur ; alors elle eft mife dans un grand réfervoir
où on la laiffe refroidir: On a un autre cuvier où l’on fait diffou-
dre de la potaflè. Lorfque cette diffolution eft claire, & que l’on
a fuffifamment de l’eau de cément concentrée, on fait couler
l’une & l’autre dans un grand réfervoir doublé de cuivre ; pour
lors l’eau de cément s’unit à l’alkali de la potaffe, & laiffe précipiter
le cuivre en une chaux verte. Quand ce réfervoir eft plein, on
en décante l’eau pour en enlever le précipité, & le mettre fur
une toile; il eft enfuite lavé deux ou trois fois dans de grandes
caiffes longues avec de l’eau très-claire ; & lorfque la couleur a
pris une certaine confiftance, on la fait fécher de la même maniéré
que la couleur naturelle; mais elle n’a pas autant de corps.
Quant à l’eau qui a paffé à travers du filtre, on la fait évaporer
$1 cryftallifer ; les cryftaux qui en proviennent ( i ) ne font autre
çhofe qu’une efpece de tartre vitriolé, dont nous ne croyons pas
qu’on puiffe trouver la confommation ; cependant on en a envoyé
à Cremnitz pour tenir lieu de vitriol dans la fabrication de l’eau
forte, mais on n’a obtenu qu’une très-petite quantité de cette dernière
, 6ç 1 on a trouve le nrtre dans le cap ut mortuum fans, avoir
fouffèrt de décompofition. Il étoit bien inutile de faire cette
épreuve ; car il eft affez naturel que l ’acide vitriolique ne quittera
pas fa bafe alkaline pour fe joindre à une autre. L’Hollandoîs
alors de réfidence à Vienne, prétendit qu’on n’avoit pas bien
opéré ; quoi qu’il en foit, il eft prouvé qu’en vendant do quintaux
de cette couleur, qui eft la plus grande quantité que l’on puiffe
fabriquer, à raifon de 130 liv. prix auquel elle revient, & le
plus faut que l’on en puiffe retirer, on perdroit annuellement
les 20 quintaux de cuivre de cément, que l’on retiroit de ces
eaux par l’jntermède du fe r , & l’intérêt de 130 mille livresque
coûte l ’établiffement, de maniéré qu’on attendoit dés ordres de la
cour pour faire ceffer ce travail.
(1 ) On lçs nomme vitriol blanc.
§s VII. C ’eft dans la fonderie impériale établie à Neuffol, que Fonte des
font apportés tous les minérais des mines de Herren grund pour y minerais,
être fondus.
Les fourneaux, leur préparation & les divers procédés de la
fonte, different peu de ce que Schlutter en a dit dans fon tems,
page 478 & fui vantes , de fon Traité des fonderies. Les fourneaux
font femblables à celui qui eft repréfenté fur la planche X X X I du
même Traité ; ils ont 4 pieds de hauteur & autant en profondeur ;
leur largeur fur le derrière eft de 2 pieds & demi, & fur le devant
feulement de 2 pieds. La tuyere avec une inclinaifon de
5 degrés eft placée à 17 pouces au - deffus du niveau du baffiri
de l’avant - foyer ; la brafque fe fait avec cinq parties pouffier de
charbon & trois des deux efpeces d’argille dont parle Schlutter.
Le gros minérai mêlé avec le fchlick tient ordinairement depuis
7 jufqu’à 9 & 10 livres par quintal ; il eft fondu crud avec un
mélange d’à peu près égale quantité de pierre à chaux , mais fans
aucune addition de feories. La fonte d’une femaine dans un feul
fourneau eft de 180 à 200 quintaux de minérai, indépendamment
de ladite pierre à chaux, pour lefquels on confomme 1633 pieds
cubes de charbon, & dont le produit eft d’environ 40 quintaux
dè matte, que l’on fait griller dix fois dans des fourneaux ouverts ;
chaque grillage eft compofé de 160 quintaux feulement. Lorfque
l’on a des mattes riches, on les ajoute à ces premières quand elles
ont reçu quatre feux (1).
Ces mattes font fondues dans un fourneau femblable au précé- Fonte des
dent, mais auquel i f y a deux balîins d’avant-foyer comme à ceux m:ul£S'.
à lunettes ; on ne fond qu’un feul grillage de fuite avec à peu près
égale quantité de pierre à chaux, de même que pour la fonte
crue , & l’on achevé la femaine avec 40 barres de minérai, ce
(1) Ce procédé pour les mattes eft le même qui eft en ufage dans ies: fonderies des
mines du Lyonnois, avec la différence que chaque grillage eft compofé de 288 quintaux
de matte ordinaire, & d’environ 70 à 80 quintaux de celles qui font plus riches
que fon y ajoute après le quatrième feu j quelquefois aufli on leur donne un feu
de plus*