
d’environ un pied au-deffous du niveau du terrain, pour l’aifanee
du travail; cette maçonnerie eft furmontée d’üne grande cheminée
pour la fortie de la fumée & des vapeurs.
• § . III. Les eaux de ces fources font très-fortes, & conféquem-
ment ne font point dans le cas d’être graduées. Perfonne n’eft
admis à les voir pèfer ; mais par le calcul que l’on en a fait & qui
nous a été rapporté, on eftime quelles contiennent 23 à 24 lots
de falure fuivant la méthode de compter des Allemands ; d’ailleurs
elles font très-abondantes, ne manquent jamais, & excédent dé
beaucoup la confommation en fel qui eft cependant très-confidé-
rable.
Lorfqu’on'en a rempli les chaudières, on les chauffe vivement
pour les faire bouillir fans interruption jufqu’à la fin de l’évaporation.
Ces eaux donnent rarement de l’écume; mais fi quelquefois cela
arrive, on la retire Amplement fans y employer du fang de boeuf,
de la bierre ou du blanc d’oe uf ; en un mot, on n’y fait aucune
addition quelconque ; on ignore abfolument ce que c’eft que le
fchelot. L ’évaporation fe continue prefque jufqu’à ficcité , ce.qui
demande. 3 heures d’un feu égal & continuel ; après ce tems on en
retire tout le fe l, qui aulfi-tôt eft mis fur des morceaux de bois
çreufés, de la forme d’une tuile, placés les uns fur les autres fur les
■ murs de féparation, & inclinés du côté des chaudières pour faciliter
le fel à s’égoutter : ce dernier y refte pendant le tems' d’une
cuite, & eft enfujte tranfporté fur un grand égouttoir où il
achevé de fe fâcher. .
Ori gouverne le feu en diminuant plus ou moins l’ouverture
du fourneau, avec une brique ou deux qu’on y place verticalement,
& on la ferme entièrement quand on veut retirer le fel.
Les quatre chaudières en produifent dans les 3 heures un peu
plus de 100 livres. On a grand foin d’en détacher la croûte qui fe
ramaffe dans le fond & de ne pas la laiffer épaiffir; mais fi cela
arrive pendant l’évaporation, on y remédie auffi-tôt, ainfi qu’aux
coulées, en bouchant les trous avec de Targille. Çes chaudières
pe
ne fervent jamais au-delà de quatre femaines, & font dans le cas
d’être renouvellées ; pour lors on les refond pour les couler en
table, ce qui forme un objet réel de dépenfe, puifqu’à chaque fonte
du plomb, ce métal fait toujours beaucoup de déchet.
Le travail des chaudières eft continuel pendant le jour & la
nuit, de maniéré que dans les 24 heures & dans chaque berne l’on
fait huit cuites qui produifent 8 à 9' quintaux de fel; ce qui forme
un total de 440 quintaux pour les 54 bernes.
§. IV , D ’après ce qui Vient d’être rapporté , on peut conclure
que les eaux doivent produire du bon fel ; nous obferverons néanmoins
qu’il laiffe de l’amertume après lui en le mettant fur la langue.
A l’égard du fchelot que l’on ne connoît point, nous ne pouvons
nous perfuader que ces eaux n’en contiennent poin t, &
nous y fommes d’autant mieux fondés, que l’on trouve du gypfe
en grande abondance , à peu de diftance des fources & dans la
ville même , qui reffêiAblé parfaitement à celui des environs de
Salins & de Lons-le-Saülnier en Franche-Comté.
Quant aux chaudières de plomb dont on fait ufage, on prétend
quelles font plus avantageufes; & fur les obfervations'que nous
avons faites, l ’on nous arépondu-que.pendant l’évaporation, les
ouvriers avoient une particulière attention, pour que ce métal ne
puiffe pas être nuifible; & à ce fujet l’on nous a rapporté que
l’on avoi» fait faire une épreuve de comparaifon, par un direâeur
d’une autre.faline dans une chaudière de fer , dont lè réfultatfut
qu’il s’amaffa dans le fond un croûte -fi épaiffe, qu’apr.ès un travail
de 3 ou 4 femaines on fut obligé de ceffer ; que ladite chaudière
fut très-endommagée, & que.'l-’on ; obtint une moindre
quantité de fel; ce qui prôuveroit què1 l’on avoit travaillé trop
long-tems fans retirer l’écaille , & que dans celles de plomb la
plus grande partie du fchelot, du fel marin à bafe terreufe, & de
celui de plomb ,.paffe, fe mêle & refte avec le fel; marin. Cela eft
d’autant plus probable que l’on opéré fur une très-petite quantité
& très-promptement; & il eft confiant qüe l’entrepreneur y
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