
V O Y A G E S
S e c t i o n II.
D e 1' 'exploitation.
§. I. La largeur immenfe de la raaffe minérale que nous venons
de décrire , donna lieu dans les premiers tems de l’exploitation à
des ouvrages d’une trop grande étendue & fans foutien , fans réfléchir
âu danger auquel on s’expofoit ; ce défaut de prévoyance
coûta cher aux entrepreneurs ; car il en réfulta un éboulement fi
confidérable le 24 Juin 1687, qu’il fe fit une ouverture au jour
d’une grandeur prodigieufe, qui depuis a toujours augmenté par
de nouveaux éboulemens. Plufieurs perfonnes nous ’ont dit y
avoir obfervé un changement confidérable, depuis 25 ou 30 années',
principalement dans la partie que l’on nomme la colline,
& qui fert comme de divifion à deux grandes cavités, qui font
communes aujourd’hui par un affaiffement de plufieurs toifes.
Cette ouverture connue fous le nom de (loten, a une étendue
de 140 toifes, fur 120 de largeur & 40 de profondeur perpendi-
(*) Voyei la culaire (*) (1) ; on y voit tout autour les rochers à découvert &
pi. 11,%. i jjans quelques endroits de la pyrite, comme fi le tout avoit été
taillé à coup de pic ; à l’exception du côté de la colline où il s’eft
formé un amas confidérable de déblais, qui en grande partie
confiftent en pyrite effleuries.
On defcend dans cette ouverture par des efcaliers ou marches
que l’on a pratiqués dans le rocher, & de là on parvient à la plus
grande profondeur des ouvrages fouterrains (2 ), par une efpece
de galerie fort inclinée, & enfuite à l’aide des échelles.
§. II. Cette mine s’exploite par puits & galeries en fuivant le
minérai ; les ouvrages s’y prennent très-larges , même ceux qui
fe font.au travers du rocher.Pour l’aifance de l’exploitation, on a
donné à quelques galeries 10 à 12 pieds de largeur, fur une
même hauteur. L ’ufage du feu pour attendrir & détacher le mi»
M J-*3 t0^e de Sr.ccle égale 5 pieds & demi de roi.
(?) fit? eft.ipi de i6p toifes, c’eft-à-dirç, i.w.au-deffous de la grande ouverture.'
M É T A L L U R G I Q U E S . 39
nérai & rocher que l’on veut extraire, y eft très en pratique, &
la méthode de former les bûchers avec le bois de corde, eft la
même qui eft ufitée aux mines de Rammelsberg , & que nous
avons décrite dans plufieurs Mémoires (*). On né fe fert de (*)
la poudre que pour l’approfondiffement des puits, & les trous de vü‘' Mé’m.t
mine fe font avec de gros forets ; les mineurs & autres travailleurs 3 • §• 3-
n’ont d’autres lumières que celle que donnent des efpeces de
flambeaux ou torches, formées avec des morceaux très-minces
de bois de fapin fort réfineux, réunis par plufieurs liens ; ils brûlent
très-bien & fourniffent beaucoup de flamme.
Quoique le rocher de la malle foit un corps dur & compati
qui fe foutient de lui-même fans étais, même dans de très-grandes
excavations, il eft néanmoins défendu aujourd’hui d’en extraire
le minérai qui y refte, on le lailfe pour le foutien de la mine ;
dans d’autres endroits très-vaftes, on y a confinait en maçonnerie
de très-gros piliers que l’on a élevés j ufqu’au fommetde la voûte,
& que l’on a liés avec des bandes de fer pour leur donner plus de
folidité.
La galerie inclinée par laquelle on entre dans l’intérieur de la
mine , a été ouverte & fuivie à travers des déblais de l’éboule-
ment, & des ouvrages des anciens ; ce qui a mis dans la néceffité
de l’étayer dans plufieurs endroits, & de la maçonner dans
d’autres ; mais au lieu d’une voûte pour foutenir le marrein on y
a fubftitué de groffes pièces de fer forgé qui la traverfent, ce qui
eft auffi difpendieux, mais moins folide & de moindre durée,
puifque les eaux de cette mine étant vitrioliques ne manqueront
pas de les détruire.
§. III. Pourl’aifance de l’exploitation, on a approfondi,fuivant
les circonftances, plufieurs petits puits fouterrains pour fervir à
élever les matières des différentes profondeurs, d’où elles font
enfuite conduites aux puits principaux pour les extraire au jour.
On compte fept de ces derniers, non-feulement à l’ufage de la
grande mine, mais encore à celui des petites mines qui l’avoifinent,