
fourneau une quantité de litharge, proportionnée à la Capacité'
que je lui aurais donnée, feulement de 3 à 4 pouces d’épaiffeur,
& de répandre fur fa furface du pouffier de charbon , toutefois
après avoir échauffé le fourneau à l’aide du feu que l’on aurait
fait dans la chauffe, fok avec du bois de corde, fort avec du
charbon de terre. J’aurais d’abord donné une chaleur douce ;
lorfque la matière auroit commencé à rougir, je l’aurais fait retourner
avec de grandesfpatules de fer, femblables à celles dont
on fait ufage pour la fonte des minérais de plomb dans le même
fourneau, de façon que la partie inférieure fe ferait trouvée par-
deffus expofée à l’aftion de la flamme & l’inférieure par-deffous ;
alternativement j ’aurais fait de nouveau répandre du pouffier de
charbon & procéder de la même maniéré. Je dois dire que le fol
de mon fourneau auroit été difpofé de façon à former un plan
incliné circulaire, pour que toute la matière fluide put fe faffem-
bler dans un baffin ménagé dans l’intérieur au bas dudit plan ; &
à mefure que l’opération auroit avancée , on auroit augmenté le
degré de chaleur.
Par cefeul procédé qui n’eft en ufage dans aucun pays, &
dont aucun auteur n’a fait mention, j ’aurais fait en même tems
trois opérations différentes ; 1®. celle de la fonte que les Allemands
nomment frifchen, rafraîchir ; i ° . celle de la liquation; 3 celle
du reffuage : car à l’aide du pouffier de charbon, j’aurois fourni
un phlogiff ique en état de révivifier la litharge, & mettre le plomb
en fufion. La chaleur douce auroit eu deux objets, celui de la liquation
qui confifte à ne donner que le degré de feu capable de faire
fondre le plomb fans mettre le cuivre en fufion ; e’eft alors que
ce premier par fa grande affinité avec l’argent l’auroit entraîné en
grande partie avec lu i, & lui auroit fervi d’intermede pour le fé-
parer du cuivre. Je dois obferver en fécond lieu, pour l’avoir
éprouvé en faifant révivifier moi-même de la litharge pure dans
un femblable fourneau, que pour peu que l’on donne une chaleur
trop forte, la litharge fe fond & vient couler dans le baffin} le
pouffier de charbon nage par-deffus ; & comme elle n a le contaft
du phlogiftique que par un bien plus petit nombre de côtés, l’opération
en devient beaucoup plus longue, & tout cela ne fe fait
qu’aux dépens du plomb dont partie fe vitrifie.
On auroit augmenté le degré de chaleur fur la fin de l’opératio
n , parce que le cuivre étant alors plus en état de le fupporter,
auroit achevé d’abandonner fon plomb ; c eft ce que 1 on peut
nommer rejfuage.
§. IV. Mais faute d’emplacement, je fus obligé de me fervir
de deux petits fourneaux à manche, dont on faifoit ufage dans
l ’attelier pour la révivification de la litharge : j en changeai toutes
les proportions, & les reconftruifis dans la forme la plus avan-
tageufe;je fis bâtir deux fourneaux de liquation, d’après les
deffins que j ’avois rapportés de Saxe où ce travail eft très-confi-
dérable , & j’en fuivis les procédés (#). On peut auffi en prendre (*) vrye^ le
une idée dans le traité des fonderies de Schlutter publie par feu & ia pi_
M. Hellot. B i p
Les litharges fortoient trop riches en argent des fourneaux de tome If.
coupelle, foit par la négligence des ouvriers affineurs , foit par la
richeffe defdits affinages, pour efpérer d’en retirer tout le fin dans
une feule liquation; il fallut donc en faire fubir une fécondé à ce
cuivre pour achever d’en extraire l’argent, ou du moins a demi-
once près par quintal, qui eft la féparation la plus exafte quon
puiffe faire avec avantage dans le travail en grand ; mais je ne fis
cette derniere opération que fur une quantité de 60 quintaux ; les
fermiers defirant feulement alors, que j’inftruififfe leurs ouvriers
de cette méthode, & de la façon d’opérer, avant mon départ de
Lyon pour l’Angleterre.
Comme ils n’avoient point de fourneaux de raffinage pour
mettre le cuivre à fa perfeâion, ils le vendirent à la compagnie
des mines de Saint-Bel. Je profitai de cette occafion pour répéter
mon expérience de concentrer l’argent par le moyen du foufre.
Ll i j