
Toute matière brune ou noire qui au lavage paraîtra d’une pe*
fanteur fpécifique, égale ou moindre que le rocher même , ne
fera pas du minerai d’étain.
S e c t i o n X.
D e l'exploitation des mines d'étain dans la province de
Cornouaille.
Prix-faits; §. I. L ’ufage'établi dans toutes les mines de cette province eft
de donner l’extra&ion du minerai par entreprife ; les entrepreneurs
ont des ouvriers à leurs gages qui travaillent fous leurs ordres;
quelques-uns font ouvriers eux-mêmes.
Le jour ayant été fixé d’avance pour donner les prix-faits, les-
intéreffés ou leurs agens fe rendent fur la mine où les entrepreneurs
font leurs offres; ces prix-faits font toujours donnés au:
rabais. L’étendue d’un prix-fait qui fe nomme pitch ek ordinairement
de 1 5, 20 à 24 toifes de galerie, diftance qu’il y a communément
d’un puits à un autre, fur 7 toifes de profondeur. On
leur fixe le nombre d'ouvriers qu’ils doivent y employer; par
exemple, 7 ,8 ou 9.
Le tems pour ledit prix eft toujours fixé à quatre mois ; ils font
tenus de fe fournir tous les outils néceffaires, la lumière & la-
poudre. Les intéreffés n’ont à leur charge que l’entretien des machines,
cordes, &c. mais-ils font obligés dé livrer le minérai au
jour, & même trié pour la vente.
- L ’entreprife fe donne en raifon du minérai que l’on peut'
extraire, c’eft-à-dire, que les entrepreneurs retirent une portion
de fa valeur, fixée au tiers, au quart, au cinquième, fixieme, & c .
fuivant l’accord qui en a été fait. Quand ils travaillent dans les
mines d’étain, ils ont toujours leur part en minérai , tandis que-
dans celles de cuivre ils le retirent en argent, ainfi que nous l’expliquerons
plus bas.
Par la nature de ces prix-faits, on peut juger facilement dés
rifques que courent les entrepreneurs, foit pour le gain, foit pour
la perte, puifqu’ils ne peuvent l’évaluer que fur les apparences.
Il n’en eft pas de même des intéreffés, qui ne donnent point de
prix-faits qu’ils n’y trouvent un bénéfice réel ;c ’eft pourquoi on eft
convenu, & cela eft généralement obfervé, que ces entrepreneurs
feront les maîtres de travailler leur prix-fait pendant quatre mois,
fans que les aûionnaires puiffent rompre le marché ; mais ils font
libres auffi de ne travailler que le .premier mois, s’ils n’y trouvent
pas leur compte ; & s’ils abandonnent leur entreprife avant ce
mois, ils paient une amende d’une livre fterling par chaque
ouvrier.
Ces entrepreneurs font obligés d’avoir des ouvriers en tout
genre, fur-tout pour les mines de cuivre , qui exigent plus d’opérations
de différens genres.
§. II. Le minérai eft extrait hors de la mine à l’aide de petites
machines à moufettes qui y font conftruites à peu de frais ; à
mefure qu’il eft trié, on en fait plufieurs tas ou monceaux de
même contenue ; fi le feigneur prend fon droit du fixieme, on en
forme fix, & plus ou moins à raifon de ce qu’il doit retirer. Il n’y
a jamais de choix pour les tas;.on les trie au fort pour obferver
l ’égalité. Quand le feigneur a pris fon droit, on divife de nouveau
le minérai, de maniéré que les entrepreneurs puiffent retirer les
frais d’extraftion ; par exemple, s’ils font convenusau quart,on ne
fait plus que quatre tas dont ils en prennent u n , & les trois autres
font partagés en autant de parties qu’il y a d’intéreffés ; car en fait
de mines d’étain, on prend toujours fa part en minérai, comme
nous l’avons dit; mais pour qu’ il n’y ait point de fraftions dans
ces partages, les intérêts des mines font divifés en 16 aâions qui
fontenfuite fous-divifées, mais toujours par moitié.
§. III. Tout le minérai d’étain en général ne peut être fondu
fans avoir été auparavant pilé & lavé ; mais comme il y a très-
peu d’intéreffés, & fur-tout des entrepreneurs qui aient des bo-
cards, le minérai fe vend après le premier triage. Pour cet effet
quand on en a une certaine quantité prête à livrer, on indique
C c ij
Comment fe
fait le partage
du minérai.
Pilage & lavage
des mi-,
néraisù’éiaiiï.