
Mais lorfqu’on ne donne que très-peu de rôtiffage à ces fflatte^
il arrive que les métaux qui ont moins d’affinité avec le foufre,
qu’il n’en a lui-même avec les autres qui Compofent la maffe ré-
guline, fe précipitent les premiers : on peut donc conclure dans
ce cas-ci que le zinc & l’argent doivent d’abord fe précipiter,
( nous ne compterons pas ce premier, car il fe volatilife en grande
partie ) , enfuite vient le cuivre. Quant au fer, il a une fi grande
affinité avec le foufre, qu’il lui refte très-intimément uni; l’argent
eft en trop petite quantité dans les mattes que j’ai éprouvées, pour fe
précipiter feul; d’ailleurs on fait qu’il efl: impoffible de faifir dans
les travaux en grand, puifqu’il feroit de la plus grande difficulté
de le faire en petit, le point précis de rôtiflage pour rendre Cette
féparation exaâe. Tout chymifte fait que par la voie humide, &
encpre plutôt par la voie feche, il ne fe fait aucune précipitation,
fans que le corps précipité n’entraîne avec lui du précipitant , &
de ceux auxquels il étoit uni ; c’eft donc lorfqu’une fuffifante
quantité de foufre efl dégagée de la maffe réguline, & que le feu
.& le contaâ des charbons ont développé quelques grains de cuivre
, qui fe réunifient enfemble pour couler & prendre la forme
de ftalaclite dans l’intérieur des grillages, que la plus grande
partie de l’argent qui y étoit contenue s’eft concentrée.
§. IL Quoique les minérais de Saint-Bel ne fuffent point d’une
teneur en argent à mériter d?en faire la féparation, puifijue cela
rouloit feulement depuis demi jufqu’à 2 & 3 onces par quintal
de cuivre après la concentration dont je viens de rendre compte 5
je tirois les meilleurs augures de mes expériences, par l’application
que je pouvois en faire pour fubftituer une nouvelle méthode
à celle que l’on nomme liquation, ufitée pour féparer l’argent du
cuivre, & pour économifer beaucoup de plomb dans le traitement
des minérais contenant ces métaux réunis.
Cette découverte me flattoit d’autant plus, que je la fis en
■ Ï761, au retour de mon premier voyage de la Saxe, Bohême ,
jHongrie, Autriche & T y r o l ,& que je n’y avois vu aucune
opération
opération qui fût fondée fur ce principe ; je me propofois de continuer
mes expériences, lorfq.ue je fus obligé de faire un voyage
par ordre du Confeil. Je revins en 1763 aux mêmes mines, &
appliqué de nouveau à faire des expériences toujours relatives
aux travaux de Métallurgie, je fus follicité par les fermiers des
affinages de L y o n , de les aider de mes confeils pour tirer le meilleur
parti poffible des monnoies à bas titre ou matières de billon
d’Allemagne, qui leur étoient fournies en abondance par les diffé-
rens négocians de la ville.
Depuis plufieurs mois ils étoient occupés à travailler ; ils pro-
cédoient, ainfi qu’ils l’ont continué depuis , en mettant fur leurs
.coupelles une certaine quantité de ces matières, auxquelles ils
ajoutaient à mefure autant de plomb qu’il en falloir pour que la
litharge entraînât avec elle tout le cuivre, & laiffât l’argent parfaitement
pur. On fait qu’en général il faut 16 parties de plomb
pour une de cuivre, & qu’il en faut encore davantage proportionnellement
au cuivre, lorfque celui-ci efl allié ayec beaucoup
d’argent.
On doit bien penfer qu’en procédant ainfi fur les monnoies à
haut & bas titre, ils avoient accumulé un tas énorme de litharge
qui contenoit encore beaucoup d’argent & encore plus de cuivre ;
d’ailleurs il leur falloit chaque jour de nouveaux approvifionne-
mens de plomb, tandis qu’ils en avoient une grande quantité d’en-
fevelis dans la litharge, qui pouvoit leur être d’une double utilité,
puifqu’en même tems qu’ils en extrairpient l’argent, il leur-fervi-
roit d’addition pour en féparer le cuivre. Çe fut pour remplir le
double objet de révivifier le plomb, & d’en féparer les métaux
Contenus dans la litharge, qu’jls eurent recours à m o i, & me
prièrent de leur indiquer les moyens d’y parvenir.
.§. III. Ma première idée , & celle que, je crois encore,la plus,
avantageufe, fut de faire bâtir un fourneau à l'Angloife ; mais
on ne put trouver dans l ’atteher aucun emplacement pour cette
çonftruction. Je me .propofois de faire étendre fur le foi de ce
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