
Fourneaux.
Fonte du laiton.
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tion,.qui ne peut pas différer de beaucoup de ce qui eft ufité en
Bohême & en Saxe.
§. II. On fe fert de deux efpeces de fourneaux, dont il y en a
trois qui font femblables à ceux de Gràjlit^, & qui contiennent
chacun huit creufets. On y procédé de même pour la fonte,
avec cette différence que fa durée eft de 12 heures, & que l’on
coule le laiton dans des lingotieres faites avec de l’argille, de deux
pieds de long fur deux pouces de large.
Les deux autres fourneaux qui fervent à la fonte reffemblent à
peu près à ceux des verreries ; on y fait également le feu en
deffous, & la flamme paffe par une ouverture ronde qui eft dans
le milieu du fourneau, afin quelle puiffe jouer par-delfus & autour
des creufets : vers la naiffance de la voûte il y a quatre petits
trous par lefquels elle s’échappe, que l ’on bouche à volonté à
moitié ou aux trois quarts avec une brique ; fur le devant eft
une porte cintrée de 2 pieds de hauteur, fur 20 pouces de lar?
gèur, faite d’une feule brique très-épaiffe , & fufpéndue à une
chaîne pour pouvoir l’ouvrir au befoin,
§, III. Quand on veut fondre dans çes fourneaux, on y arrange
12 creufets de façon qu’ils forment un double rang fans fe toucher;
on fait du feu dans la chauffe , & Iprfqu’ils font affez
chauds, on ouvre la porte pour les retirer les uns après les autres,
& les remplir du mélange de calamine, de charbon & du laiton
en grenaille, & par-delfus le cuivre rofctte; nous avons jugé-là
quantité de çe dernier pefer 12 à 15 livres ; fur chacun d’eux 09
met un couvercle percé d’un petit trou, & auffi-tôt on le reporte
dans le fourneau, ce que l’on continue jufqu’à ce qu’ils foient
tous remplis de la même maniéré; alors on ferme la porte &
l ’on entretient le feu pendant 12 heures : après ce tems on retire
les creufets pour les vider l ’un après l’autre, dans une petite foffet
faite avec de l’argille, & les remplir à mefure d’un nouveau
mélange. On enleve aufîj-tôt le pouffier de charbon qui recouvre
le-
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le laiton encore en fufion, & dès qu’il eft figé & encore rouge,
on le brife en morceaux avec des tenailles.
Comme ce laiton n’eft pas encore affez chargé de zinc , on le
remet dans d’autres creufets, pour le fondre avec un nouveau
mélange de calamine & de pouffier de charbon, & dans un fourneau
femblable, mais à côté de celui-ci il y en a un autre à vent,
affez grand pour contenir deux creufets que l’on y fait chauffer
pendant 7 ou 8 heures, lequel eft recouvert de deux grandes briques
percées d’un petit trou, mais placées de façon que ce trou
fe dirige perpendiculairement au centre de chaque creufet. Quand
la matière a été 12 heures dans le grand fourneau , on arrange
fur ces trous une efpece d’entonnoir en fer coulé , pour y verfer
le laiton contenu dans les 12 creufets ; on n’a pas plutôt achevé
cette opération que l’on met du charbon dans le petit fourneau ,
pour conferver le même degré de chaleur, & un quart d’heure
après, on puife le laiton pour le couler dans des lingotieres d’ar-
gille. Les lingots qui en proviennent font forgés aux martinets
pour en former différens ouvrages, & d’autres font tranfportés à
Schwatz, où ils font vendus à des fondeurs de cloches, boucles
& autres ; on y fabrique auffi du fil de laiton.
§. IV. Le décapage du laiton différé de celui qui eft ufité à Commenton
G râ jlitii ce n’eft point l ’acide du bois dont on fe fert, mais un ^“ aPelelai-
mêlange d’alun & de tartre que l’on fait diffoudre dans une grande
chaudière remplie d’eau placée fur un fourneau. On a une efpece
de cage fufpendue à une chaîne dans laquelle on met -le laiton, &
que l’on defcend par le moyen d-une poulie dans la chaudière,
où on l’y laiffe pendant fix heures ; on ratifie enfuite le laiton
avec des couteaux tranchans, comme nous l ’avons déjà dit, &
l’on polit le fil avec du fable, le plus .fin paffe encore par la filiere.
L? fabrication annuelle eft de 1000 à 1200 quintaux.
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