
work ( x ) ; ils confiftent à laveries terrains qui ont été entraînés-
dans le fond des vallons pour en retirer le minerai que l’on y,
trouve en morceaux, dont les angles font arrondis.& qui paroif»
fent avoir été roulés par les eaux , & d’autres dont la groffeur
tient le milieu entre le gravier & le fable ; ces minerais font répandus
dans les terres des vallons lur de très-grandes étendues»
On prétend que cet accident doit fon origine au tems du déluge,
que ces morceaux furent détachés des filons mêmes ; il fe peut
auffi que cela foit arrivé par des avals d’eau , d’autant mieux qu’il
eft commun de trouver du minérai d’étain à la furfaee de la terre,
& que dans cet endroit le rocher eft d’une efpece très-tendre ; mais
il me paroît plus vràifemblable de croire qu’ils doivent leur origine
à l’exploitation d’anciennes mines, & qu’ils ne font autre
chofe que les déblais de ces mines, qui ont été ehariés par les eaux
dans le fond des vallons ; & ce qui le prouve encore plus,c’eft qu’en;
infpeftant les décombres des vieilles mines, il eft aifé de recon-
noître que les anciens travailloient moins avantageufement, puif-
qu’on y trouve encore quantité de bon minérai, qu’ils négligeoient
& qu’ils abandonnoient ; peut-être que dans ce tems il y avoit une
moindre confommation de ce demi-métal, & que l’on; en retiroit
plus que l’on ne pouvoir en vendre; ils avoient d’ailleurs peu de
frais d’exploitation , puifque les mines n’étoient pas profondes,
& ils ne fondoient que le minérai le plus riche.
Ce que je vais rapporter & que j ’ai obfervé aux mines de
plomb des comtés de Cumberland-& de Northumberland, vient
à l’appui de mon opinion ; j’ai remarqué que fur plufieurs milles
de longueur le bas des vallons, & le fond du ruiffeau qui palfe
( i) Les ftreams work peiavent être comparés- à ce que l’on nomme felffen werck è»
Saxe , & qui eft décrit dans ce Mémoire , Seâ. V I , §. IX ? mais l’exploitation n’en-
eft pas à beaucoup près auffi bonne ni fi exa&e, ce qui me perfuade que les déblais qui-
en proviennent travaillés avec foin , pourroient être lavés de nouveau avec avantage.-
Tout ce travail confifte à amener un petit courant d’eau à l’endroit où l’on veut laver
les terres, & à lui ménager un écoulement on fe fert d’un petit canal que l’on couvre
à mefure que l’on met des déblais par-deftus.
auxdites mines, étoient remplis de déblais mêlés d’une très-
grande quantité de minérai de plomb ; d’où je conclus que fi l’on
continue à les exploiter, on trouvera dans un fiecle ou plus des
ftreams work en minérai de plomb, femblables à ceux d’étain.
Ces terrains chargés de minérai d’étain font d’une confiftance
plus ou moins dure, de forte qu’il en eft qui paroiffent bien plus
anciens les uns que les autres quoique dans le même endroit, &
plufieurs encore qui n’annoncent que des terres remuées, ce qui
me fait croire qu’il y a eu de ces terrains qui ont déjà été lavés,
comme ceux que l’on lave aujourdhui le feront par la fuite; car
On laiffe échapper quantité de minérais.
Dans l’été de 1764, on y trouva une malle de matière qui a
étécaffée en plufieurs pièces, & que plufieurs naturaliftes Anglois
regardent comme contenant de l’étain natif ou vierge ; je dois
convenir que ces débris font de toute beauté, & que l’on peut
s’y méprendre aifément, j’en fus même frappé au premier coup
d’oeil; mais j ’avouerai qu’après l’avoir bien examiné , je ne puis
croire quelle en contienne réellement.'L’endroit où elle a été,
trouvée me rend la chofe fufpecle ; ces échantillons m ont paru
être une malle de quartz cryftallifé, dont tous les vuides qui font
entre les cryftaux font remplis d’un étain très-beau, très-pur &
très-malléable. Cequartz eft adhérent d’un côté,ou paroît porter fur
une bafe minérale, mais que je crois être une efpece de régule ou
matte, c’eft-à-dire, un mélange d’étain, de foufre & d’arfénic.
J’imagine donc que les anciens prenoient peu de précautions ,
foit dans la conftruâion de leurs fourneaux, foit dans la fonte des
minérais; d’où je conclus qu’il eft poffible qu’un quartz cryftallifé
dont l’efpece eft commune dans les mines de Cornouaille, ait
fervi de fol ou tout au moins de parois auxdits fourneaux, &
que l’étain en coulant a rempli les vuides que laiffoient entr’eux
les cryftaux. Quoi qu’il en fo it, je fuis t'rès-perfuadé que l’on
pourroit artificiellement imiter ce prétendu etain vierge ou natif;
je ne prétends pourtant pas par-là dire qu’il n’en exifte point dans
la nature , mais je n’en ai point encore vu.