
matières de la profondeur de 300 pieds, & que fi elle netoit pàs
arrêtée elle en monteroit aux moins 60.
Ceci me donne occafion de parler d’une méthode que 1 on a
introduite aux mines de Schemniti en Hongrie, & qui, quoique
décrite dans le IV e Mémoire , tome I I , Seft. V I , trouvera ici fa
place. . . . î , •
Ayant reconnu que les jalles avoient plufieurs mconvemens ;
premièrement, celui de leur poids qui ne laiffe pas ‘d’être affez
confidérable par leurs ferrures ; deuxièmement, celui d’occafion-
ner par leur chûte le dérangement & même la rupture de quelque
pièces de la charpente du puits lorfque le cable venoit à manquer;
troifiémement enfin , celui d’arrêter les chevaux, tandis que 1 on
rempliffoit qu on vuidoit les jalles.
Ils'ont remédié à tous ces défavantages en fe fervant de
quatre facs compofés chacun de deux peaux de boeuf; deux font
toujours en chemin , tandis que l’on en vuide un au haut du puits
& que l’on remplit l’autre dans le fond. Pour ménager les facs en
les rempliffant, les ouvriers ont ordre de commencer à mettre
dans le fond du minérai fin & en petits morceaux, après quoi ils
mettent le gros. Il eft à obferver que l’on ne poürroit pas fe fervir
de facs dans les puits obliques ou inclinés, parce que le frottement
les auroit ufés en très-peu de tems.
Afin d’avoir l’aifance de charger ces facs auffi facilement que
la jalle, on les tire à côté du puits où font fufpendues deux chaînes
: au bout de chacune d’elles eft un crochet; ces deux crochets
fe paffenf dans deux anneaux qui font folidement attachés aux
bords du fac ; de cette maniéré il eft tenu ouvert, eft même fof-
pendu ; on le remplit tandis que l’autre fac monte, .
En haut du puits eft une corde paffée fur une poulie, &
enfuite for un treuil qui eft mis en mouvement par une petite
j-oue qu’un homme fait tourner. Au bout de cette corde eft un
crochet de fer ; aufii-tot que le fac eft monte, 1 on paffe ce cro-
C,hft dans une boucle ou anneau qui eft à la partie inférieure du
fac
■ foc qui fe pofe fur le bord du puits ; alors on décroché le fac du
cable de la machine à molettes,& l’on y en met un vuide;onfait
retourner les chevaux en fens contraire pour monter un autre
fac , pendant ce tems on porte l’embouchure du fac plein dans
un traîneau en forme de petit chariot à quatre roues ; c’eft en ce
moment qu’un homme applique au treuil ci-deffus le fait tourner,
afin de foulever la partie inférieure du fa c , & de le vuider commodément
dans le petit chariot ; ce travail fe fait avec adreffe &
très-promptement, ce qui permet qu’en 7 à 8 heures, tems que
les mêmes chevaux travaillent, ils élevent de la profondeur de
444 pieds 74 facs de minérai ( c’eft d’obligation ). Si les puits
font plus ou moins profonds, le nombre des focs eft different, la
grande vîteffe avec laquelle on les monte vient de ce que 1 on
donne un très-grand diamètre aux tambours des machines à molettes;
ils font de 18 pieds, tant dans la partie inférieure que la
fopérieure, tandis que les bras de levier n ont chacun que 2 2 pieds :
l ’on concevra que cette machine doit faire monter les facs tres-
v îte , f i lo n fait attention que le rayon du tambour n’eft à la
longueur des bras de levier'que comme 9 eff a 22 ; c eft auffi ce
qui oblige de mettre 8 chevaux pour élever de la profondeur ci-
deffus , des facs qui étant remplis ne pefent tout au plus que
3 500 livres : chaque fac ne coûte en Hongrie que depuis 36 juf-
qu’à 40 livres.
Si dans la nouvelle machine que je propofe aujourd’hu i, on fe
fervoit de facs de peaux de boeuf, & que l’on obfervât la même
manoeuvre qu’en Hongrie, on poürroit en 6 heures monter de
300 pieds de profondeur au moins 60 milliers de matières , avec
deux feuls chevaux, qui pendant ce tems ne parcourraient que
12 mille toifes ; tandis qu’en 7 à 8 heures, tems ordinaire du travail
en Hongrie, les chevaux parcourent 16280 toifes , ainfi
qu’on peut s’en affurer, premièrement, en faifant attention que
les bras de leviers font de pieds , ce qui fait 44 pieds pour le
diamètre du manege ) deuxièmement, en confidérant que l’on
Tome I I I , T