
J’avois double efpérance de réuffîte avec cette matière, comme
on va bientôt le voir. »
Je pris io quintaux de ce cuivre, & le fis fondre partie par
partie avec le minerai de cuivre rôti à 4 feux ; enfin je ne changeai
rien à la fonte ordinaire par laquelle on obtient des mattes ;
je voulois par là minéralifer la plus grande partie de ce cuivre, en
enrichiffant les mattes , & n’obtenir que de petits culots de ce
métal où j ’efperois concentrer l’argent; j’y réufiis au point que
ce cuivre qui ne tenoit que demi-once d’argent par quintal, me
produifit des culots qui en contenorent jufqu a 4 onces ; celui qui
etoit renfermé dans le minérai y entroit certainement pour quelque
chofe, mais ce réfultat n’annonce pas moins qu’il y eut une
concentration.
Comme ce cuivre avoit confervé encore un peu de plomb
avec de l’argent, il arriva que le foufre contenu dans le minerai,
s’empara de la plus grande quantité du cuivre auquel il put s’unir,
comme ayant avec lui plus d’affinité qu’avec l’argent & le plomb,
lefquels fe précipitèrent en culots avec le cuivre qui n’avoit pas
rencontré affez de foufre pour fe minéralifer.
Satisfait d’avoir réuffi dans cette expérience qui confirmok
celles que j ’avois faites précédemment, j’étois fur le point de pro-
pofer à la compagnie des mines de Saint-Bel, d’acquérir des affineurs
les cuivres encore chargés d’argent après la première liquation;,
en payant ce dernier métal fuivant l’effai ; mais ayant fait réflexion
fur l’inégalité de richelfe, que j’avoîs trouvée âux litharges &aux
cuivres qui en provenoient, je vis qu’il étoit impoffible d’apprécier
la quantité d’argent qu’ils pourraient contenir, & qu’il
falloit abandonner ce projet. Mon deffein étoit d’en concentrer
l'argent par l’opération que je viens de détailler; je fus fâché
qu’il n’eût pas lieu, comme un des plus importans de la Métallurgie,
& je ne cherchois que l’occafîon de pouvoir le mettre en
pratique.
Peu de tems après parut la traduction des Mémoires de l’aeadéthie
des fciences de Suede, où je vis avec plaifir que M. Scheffer
propofe dans fon hiftoire du départ, ou de la féparation des
métaux, de préférer la méthode de la minéralifation du cuivre
pour en féparer l’argent, à celle de la liquation; mais on verra
bientôt que M. Crammer avoit eu auffi les mêmes idées, & que
depuis & pendant que j’étois en Angleterre, ce, favant Métallur-
gifte étoit occupé à monter un travail fondé fur les mêmes principes
; mais avant que de décrire fon procédé , je dois faire part
d’une obfervation très-intéreffante, & que j’eus occafîon de faire
pendant que je dirigeois & inftritifois les ouvriers des affinages.
g. V. Les fermiers des affinages recevoient journellement en
abondance des monnoies à bas titre & en efpeces, qu’il falloit
fondre enfemble pour déterminer par l’effai le titre commun ; il
leur falloit une quantité prodigieufe de creufets. Il s’en cafToit’
beaucoup , ce qui leur occafionnoit une main-d’oeuvre confidéra-
rable avec une grande confommation de charbon ; ils me témoignèrent
leur embarras ; je leur propofai d’abréger cette opération
iSc me chargeai de cette fonte.
Je fis ouvrir un des fourneaux à' manche ; je conftruifis dans
fon intérieur un baffin au niveau de la tuyere , & en pratiquai un
fécond en dehors qui communiquoit au premier ; je formai d’un
pied de hauteur le fourneau à quelques pouces au-deffus dudit
baffin;'je fis chauffer le tout, je mis du charbon jufqu’au haut de
la pierre, fis agir les foufflets, charger les monnoies par-deffus les
charbons, & continuer de la même maniéré à mefure que les matières
fondoient. Mes deux baffins furent bientôt pleins; j’arrêtai le
vent des foufflets pour puifer le métal avec une cuiller , & le
verfer dans des lingotieres; je recommençai enfui te à procéder
de la même maniéré, ce qui accéléroit prodigieufement le travail
fur celui des creufets.
Je remarquai par des expériences, que poij£ rendre les lingots de
billon d’une teneur plus égale dans toutes les parties, il falloit que
les lingotieres fuffent auffi chaudes qu’il eft poffible, & que moins