
Ces petites poêles font placées au defliis du canal de la cheminée
, de maniéré que l’eau dont elles font toujours remplies eft
très-chaude, lorfqu’on la fait couler dans la grande ; d’ailleurs
elle y dépofe fon limon , & par cette raifon on ne retire point de
fchelot ; Ion doit obferver auffi que les eaux font meilleures que
Celles que 1 on fait evaporer dans l’autre faline. On n’emploie
point de fâng de boeuf pour faire écumer, parce quelles écument
affez d elles-mêmes ; mais une chofe allez finguliere, c’eft que
I on nous a allure qu il arrivoit quelquefois que pour les purifier ,
on jettoit dans la chaudière un verre d’eau-de-vie, ce dont il cil
aife de le convaincre par l’expérience: du relie l’on procédé
comme il a été dit. Cette faline occupe 80 chaudières.
S e c t i o n V I I I ,
Salines de Lunebourg dans l'èleüorat d'Hanovre.
$ . 1. Comme çes falines different dans plufieurs cas de celles
que nous avons décrites, nous rapporterons les obfervations que
pous y avons faites pour fervir de comparaifon.
L ’éle&eur d’Hanovre n’eft pas le feul propriétaire dies fources
d’eau falée que l’on trouve à Lunebourg ; la chambre de "Wol-
fenbuttel & le prince de Brunfwick y ont auffi intérêt, ainfi que
les héritiers d'une ancienne famille qui en jouit de pere en fils. Ces
intérêts font réglés par une convention entre les parties, de maniéré
que les eaux leur font diliribuées chaque jou r, en proportion
de leur aftion, & fuivant le nombre de poêles que chacune a,
droit de faire travailler.
Les fources font dans la ville même, & le réunifient toutes
dans un feul puits de 2 5 pieds de profondeur ; ce puits eft placé
dans le milieu de la faline & le tout eft clos de mur. Aucun autre
ouvrier que ceux qui ont été çhoifis par les propriétaires, pour les
réparations dudit puits, n’eft admis à y entrer. lisent même prêté
ferment de ne point - déclarer d’où viennent les fources ni leur
nombre; cette loi eft d’autant plus importante, que, dans le cas
d’une révélation, il y auroit tout à craindre que lés feigneurs qui
ont des fonds voifins ne fiffent des recherches des fources , & ne
les arrêtaient pour en jouir à leur profit.
S. IL Cinquante-quatre bernes marquées, dénommées & numérotées
fuivant l’intérêt de chaque propriétaire, compofent l’enceinte
du puits pour la facilité de la diftribution, Pour cet effet on
a placé à fon embouchure deux caiffes qui fervent de mefurepour
la quantité d’eau qui doit être livrée à tel ou tel intéreffé ; les eaux
y font élevées par deux pompes, dont le balancier agit à bras
d’hommes •. dans le fond defdites caiffes j.I y a une foupape, à
l’aide de laquelle on les laiffe échapper à volonté, pour être conduites
dans les réfervoirs de réception de chaque berne, & enfuite
dans les chaudières d’évaporation. Chaque berne en renferme
quatre placées fur une même ligne, & ayant chacune leur fourneau
leparé: elles different de celles que nous avons décrites , non-
feulement par leurs dimenfions, mais encore par le métal avec
lequel elles font formées ; elles font faites d’une lame ou fable
de plomb de 44 à 45 pouces en quarré, dont Fepaiffeur eft de
3 lignes. Les bords font relevés avec le marteau de façon à décrire
une petite courbe, & que dans leur milieu elles n’ont pas
plus de 3 pouces de profondeur; une de ces chaudières pefe 280 livres
, poids de Cologne. On les coule en table dans le fable.
Chaque chaudière eft portée fur quatre murs qui compofent le
fourneau, dont la profondeur eft d’environ 4 pieds. Sur le devant
eft une ouverture de 10 pouces de largeur, fur 6 de hauteur, qui
feule fuffit pour y introduire le bois & l’air extérieur ; & le long
des côtés latéraux de ladite chaudière, on laiffe un efpace fuffi-
fant pour le paffage de la flamme & de la fumée ; il n’y a à ces
fourneaux ni grilles ni cendriers. Les cendres qui fe ramaffent
dans le fondfe retirent par l’ouverture de devant. Ces chaudières
font très-rapprochées les unes des autres , puifque les murs de
féparation en foutiennent deux, & que quatre de ces fourneaux
forment un feul corps de maçonnerie, dont la moitié eft renfoncee