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30 à 40 de hauteur ; on n’attend pas qu’il foitdans toute fort
étendue pour y mettre le feu ; car comme il ne pénétré qu’infen-
fîblement, on recharge toujours de nouveau ; on pourroit même
dire que ce font des grillages perpétuels, puifqu’à mefure que le
rocher eft grillé d’un côté, on en ajoute toujours de l’autre, &
1 on recommence enfuite au premier endroit. Tout le minérai ne
grille pas egalement, cela eft même impofîible dans des grillages
auffi confîderables. Il eft à fon point lorfqu’il ne change pas de
forme, qu il prend une couleur brune & qu’il eft recouvert
dalun, fouvent même pluffeurs morceaux font réunis par ce fel
tout pur; mais s il a effuyé un feu trop violent il rougit, &
conféquemment dorme beaucoup moins d’alun»
rocher V ï - §• V. La leffive du rocher d’alun fe fait dans de grandes caiffes-
iun- enterrées, placées à l’air & farts toiture, que l’on remplit à 6 poutres
près , & dans lefquelles on fait couler en même tems de l’eau
déjà un peu chargée d’alun , que l’on y laiffe féjourner pendant
24 heures & quelquefois, plus, jufqu a ce qu elle foit fuffifamment
concentrée ; elle eft remplacée par de l’eau douce que l’on laifle
fur le même rocher 48 heures, & après eè tems on la fait' paffer
dans le refervoîr d’entrepôt; on a deux de ces réfervoirs., dont
I un eft deftiné à contenir ces eaux foibles, & l’autre celles qui
font à leur point de faturation. On reconnoît ce point en les pefant
avec une balance par comparaifon avec l’eau douce;; elles doivent
être alors d’un huitième plus pelantes»
Dtaten&>w §. VI. Les chaudières d’évaporation font en plomb de 12 pied»
dîeres. aa de longueur & 5 pieds de largeur , fur x au plus, de profondeur ,.
Fourneaux, placées fur des plaques de fer coulé qui fe joignent exactement
epntre leur fond, & foutenues avec des murs dé briques ; chacune
d’elles eft percée au niveau de fon fond, afin qu’on puiffé la vu i-
der entièrement quand on le juge à propos. Cétte ouverture fe
bouche avec un morceau de bois ; fous la largeur de chaque
chaudière on a ménagé deux fourneaux à vent, pour y entretenir
continuellement deux feux dé charbons de terre , dont la flamme
fè rend dans une même cheminée.
M É T A L L U R G I Q U E S . 291
§. VII. On allure que l’on ne peut pas obtenir de l ’alun fans é
eau mere ; dans l’évaporation des eaux on diftingue deux ébulli- ^
rions différentes, l’une de 48 .heures & l’autre de 24 feulement.
'Lorfqu’on veut procéder à la première, on commence par remplir
la chaudière avec de l’eau mere, que l’on laiffe diminuer
jufqu’à un certain point, & on la recroît enfuite avec de l’eau
alumineufe que l’on nomme liqueur. On procédé à la fécondé en
templiffant d abord la chaudière avec de la liqueur, & en la re-
croifiant enfuite avec de l’eau mere, avec une addition de celles
du lavage. Pour régler la diminution de l’eau, & le tems où l’on
'doit en ajouter de nouvelle, on a des morceaux de bois marqués
à différentes hauteurs; ces additions de liqueur & d’eau mere font
une efpece de grimoire, & l’on ne peut parvenir à les bien con-
noître qu’après plufieurs expériences.
: Dans le fond des chaudières, il fe ramaffe un dépôt que l’on
eft forcé de détacher de tems en tems, autrement on rifqueroit de
les faire fondre.
Avant que de tirer les chaudières ( ce qui fe pratiqué ordinal
ment le matin ) , on effaie la pefanteur de Peau dans une petite
bouteille dont elle eft remplie, en la pefant par comparaifon avec
’une femblable bouteille dont on connoît le poids lorsqu'elle eft
'pleine d’eau douce, & fuivant fon degré de pefanteur qui eft
toujours trop fort, on y fait couler une certaine quantité d’eau
chargée d ’alkali. La préparation de cette eau alkaline fe fait en
plein air., dans de grands réfervoirs où l’on met des cendres de
plantes marines que l’on nommé kelp-ashes , & que l’on peut
regarder comme une efpece de foude. Lorfqu’on met cette eau
dans la chaudière, on débouche en même tems l’ouverture du
fond pour faire couler ce mélange dans un grand réfervoir, où il
refte pendant trois heures, & y dépofe un fédiment précipité par
i ’alkali, ce qui rend cette eau plus légère ; on la fait enfuite paffer
dans un autre réfervôir garni de caiffes trouées qui le divifent entièrement;
alors le maître ouvrier î’effaie de nouveiau, & comme
Ooi j
vaporatîon
s eaux alu-
ineufes.