
granité, & particuliérement au mont Saint-Michel. Ce mont n’eft
fépare de la ville que par un petit bras de mer dans le tems feulement
de la haute marée. Le rocher qui le compofe eft un granité
où l’on apperçoit dans les endroits découverts un grand nombre
défilons détain qui contiennent du très-bon minéral; on y en
a extrait pendant quelques tems , mais le feigneur propriétaire en
a fait cefïer 1 exploitation dans la crainte que la fuite des travaux
ne dérangeât la forme de ce mont, qui eft digne en effet de la
curiofitédes voyageurs ; on. y voit un château bâti fur fon fommet.
§• III. On eftime que le produit de l’étain de cette province eft
de 190 a 200 mille livres fterlings chaque année, & qu’il fe vend
du minerai de cuivre pour 140 mille livres fterlings ; de forte que
la valeur du cuivre qui en eft extrait,., doit égalera peu près celle
de l’étain.
§. IV. Je n entreprendrai point de donner la dèfcription d’autres
mines & filons de cette province ; je crois en voir affèz dit pour
en donner une idee, & avant que de paffer au détail de l’exploitation,
& des procédés que l’on emploie pour traiter ces minérais ,
on me permettra les réflexions fuivantes , qui peuvent être d’une
grande utilité pour la découverte des mines d’étain.-
Par une ftnce d obier valions que j ’ai faites dans mes voyages-,*
j ai remarqué qu’en général les filons principaux, & les plus
avantageux a exploiter dans un pays etoient parallèles aux rivières
principales. Quoique cette réglé fouffre des exceptions, elle
doit fervir neanmoins pour ceux qui veulent entreprendre des
mines , à préférer de faire des recherches fur les filons qui font:
à peu près parallèles à la ri viere principale des en-virons.-
Par la dèfcription des veinés minérales de la- province de Cornouaille,
on voit que tous les filons que l’on y exploite font dans
le cas de la réglé generale que je viens de citer ; puifque cette:
pi ovince n eft qu une langue de terre dirigée de Yefl à l’oae/?, même
direâion que celle des filons, & que la mer qui eft de chaque côté
peut être confideree comme deux rivières principales parallèles*
Il réfulte de tout ce qui vient d’être rapporté; que ces filons ont
une fuite très-étendue, puifqu’ôn rencontré plufieurs mines d’étairi
dans les ifles de Scilly ; fituées dans la même dire&ion & latitude
que la province de Cornouaille, ce qui doit nous fervir de preuve,
que' nous ne pouvons efperer de trouver la meme continuité des
filons d’étain dans la Bretagne, comme plufieurs perfonnes fe
l’étoient imaginé ; cependant il peut s’en trouver qui leur foient
parallèles, avec d’autant plus- de raifon que l’on y voit des rochers
de la même nature & cfpcce. Nous avons fans contredit auffi
plufieurs provinces en France où l’on rencontre des rochers fèm-
blables ; il doit donc paraître furprenant d’après tout ce qui a été
dit fur les mines detain, que nous n’en ayons aucune de cette ef-
pece de découverte; cela pourrait même nous induire a penfèr que
nous ne devons pas efpérer de trouver de pareils minerais, puifqu il
eft confiant, comme je l’ai déjà dit, que de tous ceux connus,
celui d’étain fe trouve le plus près de la furface de la terre. Je
dois obferver à cette occafion que tous les filons, à l’exception
de ceux d’étain , fe manifeftent au jour , c eft-a-dire , a la furface
de la terre où le rocher eft-à découvert, par du quartz, du fpath,
de la pyrite, & quelquefois du minéral même : tous les mineurs
favent qu’un filon de quartz ou de fpath , conduit ordinairement
à une veine minérale, & chacun eft furpris du brillant d’une
pyrite ou d’un minerai quelconque ; l’imagination frappée de l’apparence
de l’or contenu dans une pyrite., a occafionné la découverte
de plufieurs mines. Il n’en eft pas de même des filons d etain
qui ne fe montrent à la furface de la terre que par des veines d’un
brun noir & quelquefois rougeâtre ; cette matière eft fouvent le
minérai même, mais elle n’a rien de brillant ni qui annonce quelque
chofe de métallique caché dans fon intérieur : d’ailleurs dé
tous les minérais à effayer, celui d’étain eft le plus difficile par la
facilité qu’a ce métal à être privé de fon phlogiftique , ce n’eft
même que depuis peu d’années 'que M. Gellert a trouvé une
méthode pour en obtenir un produit exaft. Les procédés qui