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ainfi jufqu’à la quartation pour achever le départ par la voie humide
) , on mettrait tous les culots à part jufqu’à ce qu’on en eût
Une quantité pour les concentrer davantage, en répétant la même!
opération.
S’il y avoit encore de l’or dans la matte ou le plachmall, on le
refondrait de la même maniéré, mais fans aucune addition de
pyrites, & on répéterait jufqu’à ce que tout fût concentré. Pour
peu que l’on réfléchiffe, on concevra avec quelle vîteffe fe feroient
de pareilles opérations.
J’ai dit qu’il falloit d’abord laiffer remplir à moitié avec des
pyrites en fufion, le baffin intérieur avant que de fondre l’argent,
c ’efl afin que celui qui n’auroit pas été attaqué par le foufre des
pyrites en fondant dans le fourneau, pût être minéralifé en tombant
gouttes à gouttes dans un bain de pyrites, dont la furabondance
du foufre attaquerait auffi-tôt l’argent pour laiffer l’or qui ne fe mêle
point avec lu i, dans une divifion infinie, lequel fe précipiterait
en raifon de fa pefanteur fpécifique, qui relie d’autant plus grande
que l’argent par fa minéralifation devient plus léger, fur tout
étant minéralifé par une pyrite , qui rend cette pefanteur d’autant
moindre qu’elle contient plus de fer ; mais comme il y aurait des1
globules trop petits pour fe précipiter tout de fuite, ainfi qu’on en
a l’exemple par les procédés connus, il arriverait dans celui-ci
que le vent du foufflet frappant continuellement fur la matière ,
en faifant l’effet du chalumeau au travers des charbons, pour la
tenir toujours la plus chaude polfible, & dans le plus grand degré-
de fluidité, il arriverait, dis-je, que la matière ferait tellement
agitée que chaque partie de fa malle, fe préfenteroit alternativement
au coup du foufflet, ( comme l’expérience le démontre dans
le raffinage du cuivre), dont le vent à chaque fois enlèverait un
peu de foufre, mettroit ainfi des molécules d’argent à nud , qui, '
rencontrant d’autres molécules d’or fufpendues par leur petiteffe, 1
s'uniraient entr’elles pour fe précipiter au fond du baflin. De cette
maniéré la précipitation fe ferait également dans toutes les. parties-
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•de la malle; on voit même qu’on n’auroit pasbefoin du précipitant
dont on fait ufage par la voie féche ordinaire ; mais fi on le croyoit
néceffaire, j’ai dit de l’introduire par la tuyere, étant inutile de
lui faire ftibir une fonte préliminaire par le fourneau ; l’état d’agitation
dans lequel ferait alors la matière, feroit que ce précipitant
fe mêleroit avec toute l’égalité & la promptitude polfible
dans toutes les parties delà maffe, s’unirait au foufre pour précipiter
autant de molécules d’argent, léfquelles accrocheraient l’or
qui y feroit fufpendu.
§. III. Il ell plus que prouvé que fi l’on avoit du cuivre aurifère
, ce procédé feroit encore plus avantageux que pour l’argent,
puifque le foufre a plus d’affinité avec lui qu’avec ce dernier
métal, & que fa pefanteur fpécifique ell moindre que celle de
l ’argent. Dans le cas où l’on aurait beaucoup de ces cuivres aurifères,
comme cela peut arriver dans une mine (1.) ; laféparation
de l’or du cuivre après qu’il aurait été minéralifé, s’en feroit très-
bien avec la litharge dans le fourneau de réverbere ; car quoique
l’or ait plus d'affinité avec le cuivre qu’il n’en a avec le plomb ,
par l’intermede du foufre, l’or fe trouvant dégagé du cuivre
s’uniroit au plomb qui dans le rôtiffage prend le premier fa forme
métallique.
La matte ou le plachmall privé d’or fera enfuite caffée en morceaux
, rôtie à feu ouvert entre quatre murs, & fondue dans le
même fourneau à manche, que l’on aura préparé à l’ordinaire
pour cet ufage.
Combien de matières d’argent & cuivre tenant or qui fe trouvent
( i ) Je puis citer celle de Neuffol en Hongrie * dont lé cuivre tient certainement
affez d’or pour mériter le départ * puifque j’ai vu féparer l ’or de fon minérai dans les
bocards & laveries par le feul lavage. J’ai demandé-pourquoi on ne retiroit pas celui
qui devoit naturellement fe trouver uni au cuivre ; on m’a répondu qu’il ne payoit pas
les frais : je n’ai pas eu de peine à le Croire , puifque j’appris qu’on âvoit tenté de le
faire par la voie de la liquation avec le plomb.
On aaufîi dans ce pays-là une très-grande quantité de pyrites aurifères, dont on ne
traite que les plus riches, & que l’on pourroît fondre avec un très-grand avantage en
partant des mêmes principes > & prenant pour guide ce procédé.