
fois ville épifcopale, dont Adelme fut le premier
évêque en 703 ; cet évêché fut uni dans le xj. lie—
cle à celui de Salisbury, & y fut transféré : mais le
bourg de Sherburn demeura aux évêques. {D. J.)
SHERIF, f. m. ( Hiß. mod.') eft en Angleterre,
un magiftrat dont le pouvoir s’étend fur toute une
province, 6c dont le principal devoir eft de faire
exécuter les fentences des juges, de choifir les jurés,
&c. C ’eft, pour ainli dire, le grand prévôt de la
province. Les shirifs étoient autrefois choifis par
Je peuple : aujourd’hui c’eft le fouverain qui les nomme
en cette maniéré. Les juges préfentent fix per-
fonnes de chaque province, chevaliers ou écuyers
riches ; de ces lix le confeil d’état en choifit trois ;
& parmi ces derniers le roi donne fon agrément
à celui qu’il veut. Ils étoient aufli anciennement plufieurs
années de fuite en charge : préfentement on
les change tous les ans ; il n’y a que celui de W eft-
morland dont la dignité foit héréditaire dans la famille
du comte de Tanet. Les shérifs ont deux fortes
de cours. La première fe tient tous les mois par le
shérif ou fon fubftitut qu’on appelle under shérif ou
fous -shérif, qui juge les caufes de la province au-
deffous de 40 fchelings. L’autre cour fe tient deux
fois l’année; un mois après Pâques, & un mois après
la Saint-Michel. On y fait la recherche de toute
offenfe criminelle contre le droit coutumier, hors
les cas exceptés par atte du parlement. Les pairs
du royaume 6c tous ceux qui ont droit de tenir
de femblables cours, font exempts de la jurifdittion
de celle-ci. C’eft encore un des devoirs du skerif
de rendre à la tréforerie toutes les taxes publiques,
les amendes 6c les faifies qui fe font faites dans les
provinces, ou d’en difpofer fuivant les ordres du roi.
Quand les juges font leurs tournées dans les provinces
, le shérif doit prendre foin qu’ils foient bien
reçus 6c bien gardés tout le tems qu’ils font dans
la province dont il eft J'herif. A Londres feulement
il-y a deux shérifs qui portent tous deux le titre de
shérif de Londres 6c de Midlefex province oîi Londres
eft fituée. Dans chaque province, le shérif a
un fubftitut qui fait prefque toutes les affaires, 6c
dont l’emploi eft fixe. Etat de la grande Bretagne fous
George IL tome II. page 188.
SHETTI ou CH ETTI, {Hiß. nat. Bot.') arbriffeau
des Indes orientales qui produit des baies. Sa racine
pilée & prife dans de l’eau froide, appaife l’ardeur
des fievres chaudes, arrête les crachemens de fang.
Le bem-shetti eft un arbriffeau de la même efpece,
mais dont le fruit eft plus farineux 6c plus doux que
celui du premier.
. SHIITES ou CHIITES, f. m. pl. {Hiß. mod.) Depuis
environ onze fiecles, les Mahométans font partagés
en deux fettes principales qui ont l’une pour
l ’autre toute la haine dont les difputes de religion
puiffent rendre les hommes capables. Les partifans
de l’une de ces fettes s’appellent Sonnites, parce
qu’ils admettent l’autorité des traditions mahomé-
tanes contenues dans la Sonna. Voyeç cet article. Les
Sonnites donnent à leurs adverfaires le nom de
Shiites, par où ils défignent des hérétiques, des féclairés
, des gens abominables, nom que ceux-ci rétorquent
libéralement à leurs adverfaires.
Les Shiites fe foudivifent, dit-on, en foixante 6c
douze fettes qui énchériffent les unes fur les autres
pour leurs extravagances. C’eft A li, gendre de Mahomet,
& fon quatrième fucceffeur ou calife, qui
eft l’objet de leur querelle avec les Sonnites 6c les
Karejites. Ils prétendent qu’Abubecr,Omar & Ot-
man, qui ont fuccédé immédiatement à Mahomet,
»’étoient que des ufurpateurs ; 6c que la fouverai-
neté & le pontificat des Mufulmans appartenoit de
droit à Ali & à fa famille. Non contens de ces prétentions,
quelques Shiites foutiennent qu’Ali etoit
au-deffus de la condition humaine ; que Dieu s’ eft
manifefté par lui ; qu’il a parlé par fa bouche. Ils le
préfèrent à Mahomet lui-même. D ’autres, plus mitigés,
les mettent fur la même ligne , 6c dil'ent ’qu'ils
fe reffemblent aufß parfaitement que deux corbeaux :
ceux-ci s’appellent Gobantes, c’eft-à-dire’, partifans
de la fecte des corbeaux. Quoiqu’Ali ait été affafliné, il
y a dès shiites qui foutiennent fa divinité : ils attendent
fon fécond avènement à la fin du monde, ce
qui ne les empêche point d’aller faire leurs dévotions
à Cufa où eft fon tombeau. Le refpett des Shiites
pour Ali eft fi grand, que toutes les fois qu’ils le
nomment, ils ajoutent que Dieu glorifie fa face. Le
furnom qu’ils lui donnent eft celui de lion de Dieu.
Les Shiites n’admettent point la fonna : ils traitent
de menfonges 6c de rêveries les traditions contenues
dans ce livre. V o ye^ SONNA.
Tels font les motifs de la haine implacable qui
divife les Sonnites 6c les Shiites. Ces querelles qui
ont fait couler des flots de fang, fubfiftent encore
dans toute leur force entre les Turcs qui font Sonnites
, 6c les Perfans qui font Shiites , ainfi que les
Tartares-usbecs 6c quelques princes mahométans de
l’Indoftan.
SHINN, {Géog. mod.) lac d’Ecoffe dans la province
de Sutherland au fud-oueft : c’ eft le plus confi-
derable des lacs de cette province : on lui donne
douze milles de longueur ; mais il eft fingulierement
étroit, 6c fe décharge par une riviere qui prend fon
nom. {D . J.)
SHIPHAVEN ou SHEPHAVEN;, {Géog. mod.)
petit golfe d’Irlande dans le comté de Dunghall, fur
la côte feptentrionale , au couchant du lac deSwilie ,
dont il n’eft féparé que par un petit cap. {D . J.)
SHIP-MONEY, ( Hiß. d.'Angl. ) Ce mot lignifie
argent de vaiffeau, ou pour les vaiffeaux. C’eft une
taxe qui avoit été anciennement impofée fur les
ports , les villes, &c. pour fervir à la conftruôion
des vaiffeaux. Charles premier renouvella cette taxe
de fa propre autorité en i64ô;mais elle fut abolie
par le parlement le 7 d’Août 1641, comme con-:
traire aux lois du royaume, à la propriété des fu-
jets, aux réfolutions du parlement & à la requête
de droit. {D . J.)
SHOGGLE, {Géog. mod.) ville de Syrie au bord
de l ’Oronte, qu’on y paffe fur un grand pont. Le vizir
Cuperli y a fondé un beau kan pour la fubfiftance
des voyageurs 6c des pauvres. {D. J.)
SHOKANADEN, f. m. {Hiß, mod. Superßit.) divinité
adorée dans le royaume de Madure, fur la
côte de Coromandel, 6c qui a un temple très-fomp-
tueux à Maduré capitale du pays. Dans les jours de
folemnité, on porte ce dieu lur un char d’une grandeur
fi prodigieufe, qu’il faut, dit-on, quatre mille
hommes pour le traîner. L’idole pendant la procef-
fion eft fervie par plus de quatre cens prêtres qui
font portés fur la même voiture, fous laquelle quelques
indiens fe font écrafer par dévotion.
SHREWSBURY ow-SHROPSHIRE, {Géog. mod.)
en latin falopienfis comitatus, province d’Angleterre.
Elle eft bornée au nord par Chefter-shire, au midi
par la riviere de Temde, à l’orient par les comtés
de Worcefter 6c de Stafford, 6c à l’occident par les
provinces de Denbigh 6c de Montgommeri qui font
du comté de Galles.
On donne à la province de Shrewsbury trente-cinq
milles de longueur, vingt-cinq de largeur, 6c cent
trente-cinq de circuit. Elle contient environ huit
cens quatre-vingt-dix mille arpens de terre. On la
partage en quinze hundreds, ou quartiers. Il s’y
trouve une ville capitale qui porte fon nom, 6c
quinze gros bourgs à marché, & cent foixante-dix
eglifes paroifliales. Cinq de fes places ont droit de
députer au parlement d’Angleterre; Shrewsbury9
Bishôp’s-Caftle, Bridgenorth, Ludlow 6c Wcnlock.
Elle eft arrofée de plufieurs rivières. La Saverne
la traverfe par le milieu, & la Temde en mouille les
parties méridionales de l’orient à l’occident. Deux
peuples habitoient autrefois cette contrée; les Gor-
naviens poffédoient la partie qui eft au nord-nord -
eft de la Saverne, 6c les Ordoviens avoient l’autre
partie.
Enfin, depuis deux fiecles cette province à produit
tant de favans iiluftres, que j’en dois nommer
quelques-uns : 6c pour plus de commodité, je les
rafl'emblerai fous le mot de Shropshire, fous lequel
eft plus connue la province de Shrewsbury. {D. J.)
SHREWSBURY {Géog. mod.) ou SALOP, en
latin Salopia, ville d’Angleterre , capitale de la province
du même nom, avec^itre de duché. Elle s’appelle
autrement Shrowsbury, du faxon Shrobbes-birig.
Les Gallois la nomment Vtngwern, à caufe d’un bois
d’aube qui étoit dans fon voinnage.
Cette ville eft l’une des plus belles, des plus
peuplées, des plus riches 6c des plus marchandes
du royaume. Elle eft fituée fur une colline, dans
une préfqu’île que forme la Saverne , à 150' milles,
de Londres. Elle eft ceinte de bonnes murailles,
6c partagée en belles 6c larges rues, qui compofent
cinq grandes paroiffes. Deux ponts de pierre , l’un à l’orient, 6c l’autre à l’occident, fervent à entrer
dans la ville.
• Le voifinage du pays de Galles contribue beaucoup
à rendre cette ville floriffante. Ses habitans
font en partie anglois, en partie gallois ; & comme
ils entendent également les deux langues, leur ville
devient le bureau du commerce de tout le pays de
Galles. Les manufattures y régnent, 6c leurs frifes
fe débitent dans les autres provinces du royaume.
Le lord Charles T a lb o t , auparavant comte de
Shrewsbury y reçut le titre de duc du roi Guillaume j
avec la dignité de fecrétaire d’état. Long* 14. 4#,
lat. S4. 44. {D. J.)
SHROPSHIRE , ( Géog. mod. ) Salopierifis comitatus
; province d’Angleterre , autrement nommée
■ Shrewsburg, & dont nous avons fait l’article ; mais
.je me fuis propofé de parler ici des grands perfonna-
.ges qu’elle a produits dans les feienees ; il importe
-aux gens de lettres de les connoître.
Baxter { Richard ) , fameux théologien non-con-
formifte, devint un des chapelains ordinaires de
Charles II. 6c refufaf évêché de Hereford. Il mourut ;
en 1691, dans un âge avancé. C’étoit un homme qui
,auroit tenu fon rang parmi les plus favans de fon fie-
cle , s’il ne fe fut pas mêlé de trop de choies , & en
particulier, de répandre la metaphyfique fur toutes
-fortes de fujets. Il mit au jour plus de cent livres ,
c[ui n’ont point pafîé à la poftériré, quoiqu’ils foient
•écrits d’un ftyle touchant 6c pathétique ; mais dans
ce grand nombre d’ouvrages , il attaque toutes les
dettes 6c tous les partis ; ce qui lui fait honneur néanmoins
, c’eft que l’âge changea la maniéré dont il
-jugeoit des hommes , il devint tolérant fur la fin de
fes jours ; il fe convainquit de l’injuftice qu’il y a à
exercer des attes d’inhumanité , fous prétexte de
.faire .du bien aux hommes , 6c de maintenir le bon
ordre-dansl’eglife; enfin, il apprit à défapprouver
•les dottrines corrompues, plutôt qu’à damner ceux
qui les profeffent.
Son neveu & fon héritier, Baxter { Guillaume) , i
{« ren tra un excellent grammairien , 6c un fort habile
critique. Il mourut en 172.3 , âgé de 73 ans ; il
etoit très-verfé dans la mythologie, & entendoit fort
bienla plupart des langues de l’Occident & du Nord. :
- es écrits lui ont acquis beaucoup de réputation dans
la république des lettres ; il publia en 17 19 , fon G lof-
barium anttquitatum brkannicarum., dont il a paru une
féconde édition en 1733 , in-8°. avec des augmen- •
tâtions. Son Gloffarium antiqiiitatumromànarumy a cté
donne depuis fa mort, à Londres, en 1726 , in-8°.
Cet Ouvrage eft rempli d’érudition grammaticale;
Son édition d’Anacréon a été effacée par celle de
M. Pauw, imprimée à Utrecht en 1732, in-40. mais
dans laquelle l’auteur n’auroir pas dû traiter avec tant
de mépris, les notes de Baxter , 6c celles de Barnes;
für l’aimable poète de Téos.
Brooke ( Robert ) , premier juge de la cour des
plaidoyers-communs , fous le régné de la reine Marie
, fe rendit par fon favoir, tin des premiers jurif-
confultes de fon tems mourut comblé d’eftime en
15 5 '. Il eft auteur de divers ouvrages dë droit, 6c
entr’autres de celui qui a pour titre, le grand abrégé
, la graunde abridgement ; c’eft u.n extrait alphabétique
de matières choifies du droit de la Grande-
Bretagne : il s’en eft fait plufieurs éditions, principalement
à Londres , favoir en 1573, 1576., 1586;
zi- Parmi cf s éditions , les plus anciennes font
elhmees les meilleures , comme il arrive ordinairement
aux recueils de ce genre;
■ Gataker ( 1 bornas ) , defcendôit d’uné ancienne
oc bonne famille de Shropshire ; il naquit en 1574. 6c
fe montra par fon érudition, un des favans anglois
du dernier fiecle ; il mourut en 16 5 4 , âgé de 80 ans.
c etoit un homme d’une letture prodigieufe , 6c d’un
jugement exatt en matière de critique ; fes oeuvres
ont ete recueillies, & imprimées à Utrecht en 1698*
in fol.
Son' difeours de la nature & de l'ufage du fort eft
le meilleur que nous ayons fur cette matière : ^1 y
prouve avec raifon, 1 ° .. qu’il y a autant de fuperfti-
tion a un homme de penfer que certaines chofes déplacent
à Dieu, qui ne lui font réellement point dé^
iagréables, que de fuppofer que la créature a un pouvoir
qu elle n’a réellement point. i ° . que plufieurs
perlonnes -, vraiment pieufes., ont joue & jouent
communément , par délaffement & fans Cupidité , à
des jeux de hafard ; & que d’autres gens du même .
ordre , fe font trouvés & fe trouvent expofés à divers
înconvémens, en refufant par forupule, d’y
jouer , lorfqu’ils y font follicités par les perfonnes
avec lefquelles ils vivent en relation ou avec lefquel-
les ils ont des ménagemens à garder. 30. crue les rai-
fons fur lelquelles on condamne ces jeux, ont été
caufe de l’irréfolution de bien des gens, par rapport
a 1 uiage necefîaire du fort dans les affaires férieufes,
& delà vie civile; par exemple, lorfque dans des
marchés communs entr’eux, & d’autres casVembla-
bles , ils ont ete contraints d’y avoir recours. 6c fe
font trouvés dans l’incertitude s’ils le pouvoient. légitimement,
ou non.
Sa differtation latine , de novi TejîamentiJlylo , eft
une piece curieufe ; il y prouve qu’il eft fort incertain
quelles langues font des meres langues mais
qu’en tout cas, il eft fur que la latine n’eft pas* de ce
nombre, puifqu’elle a beaucoup de termes de la langue
fabine & tofeane , & qu’elle tire principalement
fon origine de la greque, 6c fur-tout de la dialettë
éolienne ; 6c il cite là-deffus Dionyf. Halicar. Antiqi
rom. lib. I. Euftath. in OEdyJJ'. lib. I. Quintilian. mïhei
lib. I. cap. v. & vj. Varro, deling. lat. lib. IV. & IX .
Suidas , in voce Naba. Julius Scaliger, de plant, lib. /.
Jofeph Scaliger, in Fcfium. Dan. Heinfius, de fajvn
Horat. Hugo Grotius, de fatisfacl. chrifli , cap. viiji
Jo. NeUrfius , in nantiffaad luxum romanurri, c. xij,
Vofiius , in proefat, ad lib. de vitiis fermonis. Laur.-
Ramirez, Pentecontarch. cap.vj. Conrad. Gefner in
Mithridate ; 6c Seron Mefigerus, iit pnzfàt. Polyglot.
Pour le prouver, il remarque que fi nous prenons
quelque auteur latin, nous y trouverons peu de lignes
, où il n’y ait divers mots dont l’origine ne foit
vifiblement greque; il donne pour exemple, les cinq
premiers, yçrs dç lapreipi.ere éçlogue de Virgile;