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d’une grandeur extraordinaire, deux fois aufli grands
que les boeufs de Hongrie, & qu’ayant montré quelques
boeufs d’Allemagne des plus grands à Grégoire
Abyflinien ( les écrits & la converfation duquel lui
fourniffoient les mémoires pour fon ouvrage ), il fut
afliiré qu’ils n’étoient pas d’une grandeur moyenne
comparable à ceux de fon pays.
Il eft fait mention aufli dans divers endroits de lettres
des jéfuites, de la grandeur de ces boeufs ; & le
même Ludolf cite le palfage fuivant, tiré d’une lettre
d’Alphonfc Mendez, patriarche d’Ethiopie , datée
le i Juin 16 16 : buoi grandijjîmi, di corna fmifu-
ramente grojfe è Lunghe , tairncntc che nella corna di ciaf-
cuno di ejfe potea capire un ocre piccolo di vino : c’eft-
à-dire, des boeufs très-grands, avec des cornes fi longues
Sc fi épaiffes, que chacune pourroit contenir
un petit outre de vin» Noye^ l'article Sukotyro.
» P
Taureau-Farnèse , (Sculpt. antiq.) morceau de
fculpture antique qu’on a trouvé tout entier , & qui
fubfifte aujourd’hui à Rome ; il eft ainfi nommé,
parce qu’il fe voit dans le palais Famèfe.
Cet ouvrage de la main d’Apollonius & de Tau-
rifeus a été fait d’un même bloc de marbre j'ufqu’aux
cornes , & fut apporté de Rhodes à Rome. C’eft un
grouppe de fept figures. Une femme ( Dircé ) paroît
attachée par les cheveux à une des cornes du taureau
; deux hommes s’efforcent de la précipiter avec
le taureau dans la mer du haut d’un rocher ; une autre
femme & un petit garçon, accompagnés d’un chien,
regardent ce l'peciacle effrayant.
Ce monument eft fort confidérable par fon étendue
& par fa confervation. Il ÿ a dix-huit palmes de
hauteur qui font douze de nos piés & quatorze palmesde
largeur en tout fens , qui valent 9 piés & j .
Ce grand grouppe a été plufieurs fois expliqué depuis
le renouvellement des arts, parce que fon étendue
a frappé les fàvans. Properce-lui-même en parle,
l. I I I . eleg. x iij. Eh voici le fujet en peu de mots :
Dircé, femme de Lycus, roi de Thebes , traita
fort inhumainement pendant plufieurs années la reine
Antippe que Lycus avoit répudiée', & qui étôit
la mere.de Zéthus & d’Amphion ; mais Dircé étant
enfuite tombée fous la puiflance de ces deux princes,
ils l’attacherent aux cornes d’un taureau indompté,
& la firent ainfi périr miférablement. Voilà le trait
d’hiftoire qu’Apollonius & Taurifeus ont voulu re-
préfenter ; voici préfentement quelques remarques
de M. de Caylus fur l’exécution de l’art.
On a peine, dit-il, à reconnoître Dircé.dans l’ouvrée
des deux artiftes. Les deux freres font d’un
âffez bon ftyle, ils ont l’air feulement de vouloir arrêter
le taureau qui paroît fe défendre , & être au
moment de renverfer une figure de jeune femme drapée,
qui femble , par fon mouvement, aller plutôt
au-devant de ce même taureau, que d’être condamnée
au fupplice qu’on lui prépare ; & la difpofition
de toute la figure n’indique rien qui ait rapport à fa
îrifte fituation. A côté, prefque derrière le taureau,
on voit une figure de femme drapée & debout, qui
vraisemblablement eft Antiope; mais elle ne grouppe
avec les autres figures ni d’a&ion , ni de compofi-
tion. La cinquième figure à demi-drapée & qui re-
préfente un pâtre , eft diminuée de près de moitié,
quoiqu’elle ioit pofée fur le plan le plus avancé. Indépendamment
de ce ridicule, elle eft de mauvaife
maniéré, 8c n’eft liée en aucune façon au refte du
grouppe. Le chien, dans fa pofture, paroît ne fervir
à rien. En un mot, félon M. de Caylus, il y a plus1
de magnificence dans ce morceau, que de favoir 8c
de goût. Il eft vrai que Pline n’en fait aucun éloge.
(.o . j . ) J Ê Ê m
Taureau deMithras , (Monum. antiq.) on voit
communément Mithras fur un taureau, dont il tient
T A U
les cornes de la main gauche , tandis que de Pautre
il lui enfonce un poignard dans le cou. On ne fait
pas trop ce que veut dire cet emblème ; du-moins je
n’en connois point de bonne explication. Si Mithras ‘
reprëfente le foleil, que défignent les cornes du taureau
? Eft-ce la lune, eft-ce la terre ? Et fi c’eft l’une
ou l’autre , que fignifie ce poignard qu’il lui plonge
dans le cou ? ( D . J . )
Taureau , f. m. en Aflronomie, c’eft un des douze
fignes du zodiaque, 8c le fécond dans l’ordre des lignes.
Voye^ Signe 6* Constellation.
Suivant le catalogue de Ptolémée, il y a quarante-
quatre étoiles dans la conftellation du taureau ; qua-
rante-un, félon celui deTychon ; dans le catalogue
anglois, cent trente-cinq.
Taureaux , combats d e , ( Hiß . mod.) fêtes très-
célebres 8c très-ufitées parmi lès Efpagnols qui les
ont prifes des Mores, 8c qui y font ïi attachés, que
ni le danger qu’on court dans ces fortes d’exercices,
ni les excommunications que les papes ont lancées
contre ceux qui s’y expofent, n’ont pu les en déprendre.
Ces fpe&acles font partie des réjouiffances publiques
dans les grands événemens, comme au mariage
des rois, à la naiffance des infans ; on les donne dans
de grandes places deftinées à cet ufage en préfence
du roi 8c de la cour, des miniftres étrangers, 8c d’un
nombre infini de fpeôateurs placés fur des amphithéâtres
dreflës autour de la place. Voici à-peu-près
cé qui s’y paffe de plus remarquable;
A l’un des coins de la [>lace eft un réduit appellé
tauril oit toril j capable de contenir trente ou quarante
taureaux• qu’on y enferme dès le matin. Lorf-
que le roi eft'placé fur fon balcon , fes gardés s’emparent
de la place , en chaffent toutes les perfonnes
inutiles pour la laiffer libre aux combattans ; quatre
huifliers-majors vifitent les portes de la place ; 8c
lorfqu’ils ont affuré le roi qu’elles font fermées, fa
majefté commande qu’on faffe fortir Un taureau.- Ces
joürs-là les combattans font des perfonnes de qualité
, 8c ils ne font vêtus que de noir, mais leurs creados
ou eßaficrs font richement habillés à la turque, à
la moréfqùe, &c. On ne lâche qu’un taureau à-la-fois,
8c on ne 'lui oppofe qu’un combattant qui l’attaque
ou avec la lance , ou avec des efpeces de javelots
qu’on appelle rejonnes. On ouvre le combat fur les
quatre heures du foir, le champion entre dans la carrière
à cheval, monté à la genette, fuivant l’ufage
du pays, c’eft-à-dire fur des étriers tellement ra-
Courcis que fes piés touchent les flancs du chenal. Le
cavalier, accompagné de fes creados, va faire la révérence
au roi, aux dames les plus apparentes , tandis
que, dans le tauril, on irrite le taureau, qu’on en
lâche quand il eft en furie. Il en fort avec impétuofité
8c fond fur le premier qui l’attend, mais le combattant
le prévient en lui jettant fon manteau-, fur lequel
l’animal paffe fa première fougue en le déchirant
en mille pièces ; c’eft ce qu’on appelle Juerte
buena. A ceux qui l’attendent de pié ferme, le taureau
n’enleve quelquefois que leur chapeau, quelquefois
il les pouffe en l’air avec fes cornes, 8c les
bleffe ou les tue. Cependant le cavalier, en l’attaquant
de côté , tâche de lui donner un coup de javelot
ou de lance dans le cou, qui eft l’endroit favo4
râble pour letuer d’un feul coup.Tandis que le taureau
attaque & combat, il eft défendu de mettre l’épée à la
main pour le tuer. Mais fi le cheval du combattant vient
à être bleffé, ou lui-même defarçonné, alors il eft obligé
d’aller à pié 8c le fabre à la main fur le taureau ;
c’eft ce qu’on nomme empeno ; 8c les trompettes donnent
le fignal de ce nouveau genre de combat, dans
lequel les creados & les amis du cavalier accourent
dans l’enclos l’épée à la main , & tâchent de couper
les jarrets au taureau ; la précipitation ou la témérité
T A U
font qu il en coûte fouvent la vie à plufieurs ! cependant
il s en trouve d’affez adroits pour couper
une jambe au taureau d’un feul coup, fans lui donner
piife fur eux : des qu’il eft une fois abattu , tous les
combattans fondent fur lui l’épée nue , le frappent
d eftoc 8c de taille jufqu’à ce qu’il foit mort, 8c quatre
mules richement caparaçonnées le tirent hors de
la carrière. Enfuite de quoi on en lâche un autre, 8c
ainfi jufqu’à vingt-trois. Ce n’eft pas feulement à Madrid
8c dans les autres grandes villes , mais.encore
dans les bourgs 8c les villages qu’on prend ces diver- •
tiffem,ens. Jouvain , voyage d'Efpagne.
Taureau , l'île d u , ( Géogr, mod. ) petite île de
France, en Bretagne, dans le diocèfe de Tréguier.
Elle eft fituée à l’embouchure de Morlaix, 8c défendue
par un port. ( D . J. )
T A U R E D U N U M C A S T R U M , ( Géogr. ) château
du Vallais , fur une montagne près du Rhône
félon Grégoire de Tours, hiß. L. IN . c. x x x j . Bellefo-
rêt 8c M.Corneille, trompés par la reffemblance du
nom, ont dit Que Tauredunum caßrum étoit la ville
de Tournon dans les Cévennes : mais ils n’ont pas
fait attention que ce château devoit être au-deflus
de Genève, par conféquent bien loin des Cévennes.
Une ancienne chronique met Tauredunum Caßrum,
ou nions Tauretuneus, pofitivement dans le Vallais.
Hocanno , dit cette chronique, (ann. 583 de J. C.)
mons y alidus Tauretunenfis in territorio Nalenji , ita
fubito ruit, ut caßrum cui vicinus erat & vicos cum omnibus
habitantibus, oppreßißet, Sec. Cette chronique
ajoute que, par la chute de cette montagne , le lac
de Geneve fe déborda tellement, qu’il renverfa plufieurs
anciens villages qui étoient bâtis.fur fes bords,
& un grand nombre d’églifes ; que le pont de Genève
en fut emporté, ainfi queies moulins, 8c qu’il
entra dans cette ville une fi grande quantité d’eau
que plufieurs perfonnes furent fubmergées. Ce defaf-
tre eft rapporté plus au-long dans Grégoire de Tours.
w S m W Ê g m
TAUREIA , 1. f. (Antiq. greq.) jstupilct , fête chez
les Grecs en l’honneur de Neptune, d’oîi la ville de
Cyzique a pu donner le nom de tavßou au mois oii
elle célébroit cette fête. On appelloit aufli, à ce qu’il
femble, Tauréon le lieu deTaflemblée. Elle étoit fo-
lemnelle 8c compofée de trois colleges de prêtreffes,
& les facrifices qui étoient offerts ocçafiqnnoient une
dépenfe confiderable. Les facrificatrices, furnom-
mées maritimes, dévoient être contactées aux divir
nités de la mer, 8c principalement à Neptune. Cette
fête duroit plufieurs jdurs.Il paroît queies prêtreffes
étoient chargées par fondation ou autrement des
Frais de la fête. Clidicé, grande prêtreffe de Neptune,
leur avoit fait pr.éfent de fept censvftàteres pour la
dépenfe d’une feule folemnité, ce qu’on peut évaluer
à la fomine de vingt mille trois cens livres de
notre monnoie. Antiq. greq. du C. de Caylus,tome I I .
c :
T A U R E N T IN U M , ( Géogr. anc. ) lieu de la
Gaule, furie bord de la Méditerranée, au voifinage
de Marfeille. L’itinéraire d’Antonin écrit Taurentum.
On croit que c’eft aujourd’hui le port de Toulon.
{ O . J .y .
T A U R E S IU M , (Géog. anc. ) ville de la Dardâ-
nie européenne, au-delà du territoire deDuras, pror
che du fort de Bédériane, felpn Procop. Æ d i f .l. IN,
c . j . C’eft de cette,ville , ajoute-t-il, d’oii Juftinien,
le réparateur de l’empire, a tiré fa naiflfance. Il la fij
clore d’une muraille en quarré , éleva quatre tours
aux quatre coins , 8c1 fonda tout proche une autre
ville, qu’il nomma lapremiere Jufiiniene. Taurefium
eft donc la patrie de Juftinien ,8c voici le tableau
de fon regne, par l’auteur de la grandeur 8c de la
décadence des Romains.
Quoique BéUTaire eût envahi l’Afrique, repris Car-
T A U 941
thage,Rome & Rav.enne fur les ennemis, lamau-
\aife-cQnduite de l’empereur, fes profufions, fes vexations.,,
fes rapines , là fureur de bâtir , de changer
dej'çformer, ion inconliance dans fes deffeins un
régné dur Sc foible devenu plus incommode par une
longue vieilleffe, furent des malheurs réels mêlés à
des fuccès inutiles & une gloire vaine;
Les conquêtes^ Bélifaire qui avoient pour caufe
non la force de 1 empire, mais de certaines circonl-
tajicesiparticulieres, perdirent tout. Pendant qu’on
y occupoit les armé©,; de nouveaux peuples paffe-
rent le Danube , deTolerent l’illyrie, la Macédoine
8c la Grece ; 8c les Perfes, dans quatre invafions firent
à l’Orient des plaies incurables. Plus ces con-
quêtes furent rapides., mbihs elles eurent un étabiif-
lemeot folide ; l’Italie &,l’Afrique furent à peine
cohqunes, qu il fallut lés reconquérir.
■ Juftinien avoit pris ferle théâtre une femme qui
s’y étott long-tems proftituée : elle le gouverna avec
un empire qui n’a point d’exehlpleÆinscles hiftoires ;
& mettant fans celle dans les affaires les paffions &
les &ntaifi©ds <pn fexe> «lie corrompit les viaoires
8c les fuccès les plus heureux..
Le gouvernement de ce prince n’étoit.pas feulement
peu fenfé, mais cruel,. Juftinien non-content
1 défaite à fes fujets unemjuftice générale en les acca-
i ^Iant impôts exceffifsî/lqsJdéfoIoit par. toutes fortes
de tyrannies dans leurs affairé^,particulières»
: Eqfijl. ce qui mit le comble à l’injuftice de ion gouvernement
.j_e’eft.d’avoir détruit par l’épée ou par
fes* lojs les feétes qui ne .dominoient pas , c’eft-à-
; dite .des; nations entières. Quant aux forts qu’il fit'
: bâtit ; dont la lifte couvre des pages, dans; Procope <
ce ne. font,que. dés- monumens de là foibleffe de
l’empire;foiisde. régné de ce prince. Il mourut l’an.
566 dç Jefus-Chrift à 843ns, après en avoir régné
i 38. (L>. .
T A Î IR J C G & g . anc. )' peuples de la Sarmatie eu-'
topeejme ,-félon Tacite , Annal. I. XII. Ges peuples
! fontaufll connus fous Je nom de Taiirofcvchss f n T\
t a m u a n a R E G IO , {Giog.
talie, dans la Lucanie, au-deffus du pays des Titrions
, félonStrabon, l. N I .p . z S a . (D J }
T A U R IA N U M H ( Géog. anc.) ville d’Italie, chez
: les Brutiens,, félon Pomponius-Mela, liv. II. c.iv . &
Pline, lib. I I I . c. v. quelques exemplaires de ce dernier
portent Toroenum pour Taurianum ; on voit encore
les ruines de cette ville auprès du village de Pa-
lena ; elle étoit voifine du port d’Orefte, appellé au-
jourd hui Porto-Ravagliojo. (D . J .)
^ A U R I A N U S -S CO P U L U S , (Geog. anc.) rocher
d Italie, chez les Brutiens, félon Ptolomée, qui /.
H I . c. iv. le marque lur la côte de la mec de Tyrrhe-
ne; on nomme aujourd’hui ce rocherpietra délia nave*
ou Amplement nave. (D . J .)
TAURICORNE, (Mythol.) furnom donné à Bac-
chus, parce quonle repréfentoit quelquefois avec
une corne de taureau à la main ; cette corne étoit un
lymbole fort convenable à Bacchus. (D .J . )
TAURIES, f, f. pl. (An tiq . grecq.) fêtes célébrées
chez les Grecs , en l’honneur de Neptune. Dans les
tauries , on n’immoloit .à ce dieu que des taureaux
noirs* Noyé.j; Potter, Archoeol. grec. tom. I .p . 4 3 2 . 8c
l,es détails au mot T a u r e i a . (D . J .) I TAUllILIENS, Jeux , (A n tiq . rom.) Taurilia ;
jeux inltituéspar Tarquinle Superbe, en l’honneur
.des dieux infernaux. On les nommoit Taurilia , félon
Servius, parce qu’on leur immoloit une vache fté-
.riie ytauta ; mais Feftus croit avoir plus de raifon
que ces jeux furent appellés taurilia, parce qu’on
leur fàcrifioit un taureau, dont la chair étoit diftri-
buée au peuple. Il y avoit chez les Romains trois fortes
de jeux , en l’honneur des divinités infernales ;
fevoir, les jeux taurijiçns3 lçs compitaux 8c les té