Ses feuilles font oblongues, rangées plufièurs en-
ïemble fur une côte comme celles du frêne, dentelées
en leurs bords * velues, molles * verdâtres en-
deflùs, blanchâtres en-deffous, d’un goût acerbe &
llyptique.
Ses fleurs font petites, blanches , jointes plufièurs
'enfemble en forme de grappes , portées fur de longs
pédicules -, qui fortent d’entre les feuilles ; chacune
d’elles eft compofée de cinq feuilles difpofées en rofe.
Après que ces fleurs font tombées, le calice devient
un fruit de la forme 6c de la gro fleur d’une petite
• p o ire, dur, charnu * de couleur verdâtre , ou pâle
d’un côté, & rougeâtre de l’autre,rempli d’une chair
jaunâtre, d’un goût très-acerbe ; ce fruit s’appelle en
latinyoriK^entrançois forbe.oucome.ilne muritpoint
ordinairement fur l’arbre ; on le cueille en automne,
6c on le met fur de la paille ,oùil devient mou, doux*
bon, 6c affez agréable à manger ; il renferme dans
un follicule membraneux, quelques femences ou pépins
applatis.
Get arbre vient naturellement dans certaines con-
trées^il aime les montagnes froides, & un terrein
pierreux ; on le cultive aufli dans les vergers 6c les
vignobles, quoiqu’il eroifîe très-lentement ; il fleurit
en Avril &c Mai * & fon fruit n’eft mûr qu’en No verabred
Le forbier ou cornier fauvage, for busJylveßris, C.
B. P. 4/5. Raii, hiß. 1457 ,forbus aucuparia, I. R. H.
63 4 , en anglois, the wild-ftrvice, eft un arbre de
grandeur médiocre ; fon tronc eft droit, branchu ,
couvert d’une écorce brune, rougeâtre, fous laquelle
il s’en trouve une autre qui eft jaune, d’une odeur
puante, 6c d’un goût amer. Ses feuilles font plus
pointues que celles du forbier cultivé , fermes , lif-
fes, fans p o il, & varient beaucoup fuivant les lieux.
Ses fleurs font petites, blanches, odorantes , attachées
plufièurs enfemble , en maniéré d’ombelle ;
il leur fuccede des fruits femblables aux baies de l’olivier
, d’un jaune mêlé de vermillon, d’un goût acerbe
6c défagréable, mais dont les merles 6c les grives
font fort friands, d’où vient que les oifeleurs s’en fervent
comme d’appât pour prendre ces oifeaux au filet
ou autrement. ( D . J. )
Sorbier ou C ornier , ( Dicte & Mat. méd. ) le
fruit de cet arbre eft du nombre de ceux dont les
hommes fe nourriflent, 6c qui pofledent en même
tems des vertus véritablement médicamenteufes. La
forbe ou corne a, comme aliment 6c comme remede,
la plus parfaite analogie avec la cornouille 6c avec
la nefle. Poye^ C ornouille , Nefle, & ce qui eft
dit de l’ufage des cornes à l’article C ormier , hiß.
nat. ( b )
SORBONNE, f. f. (Hiß- mod.) college de théologie
, fameux dans l’univerfité de Paris , & qui tire
fon nom de Robert de Sorbon fon fondateur. Celui-
ci,qui étoit confefleur & aumônier du roi S. Louis,
ayant formé, 1256, le deflein d’établir un college
en faveur de 16 pauvres étudians en théologie , 4 de
chaque nation de l’univerfité , le roi donna à ce college
plufièurs maifons qui étoient de fon domaine
dans la rue Coupe-gueule, vis-à-vis le palais des
Thermes,& au moyen de quelques échanges de rentes
, Robert de Sorbon fit bâtir dans cet emplacemnt
ce college pour 16 écoliers & un provifeur, c’eft-
à-dire , un principal ou fupérieur. On les appelloit
les pauvres de Sorbonne , & leur maifon la pauvre Sor-
• bonne, pauper Sorbonna. Mais par la fuite elle s’enrichit,
& de college deftiné à loger des étudians, elle
devint une fociété particulière dans la faculté de
théologie de Paris , 6c une retraite pour un certain
nombre de do&eurs 6c de bacheliers de cette maifon.
Cependant elle s’étoit toujours maintenue dans
fon ancienne fimplicité, jufqu’au tems que le cardinal
de Richelièu là fit rebâtir avec une magnificence,"
qui feule feroit capable d’immortalifer fon nom .* ce
qu’on y admire le plus c’eft l’églife dans laquelle eft
le maufolée de ce cardinal. Trois grands corps de logis
comprennent, outre la bibliothèque, la falie des
a6$es, la falie à manger, les cuifines, 6c. trente-fix
appartemens pour les do&eurs & bacheliers de la
maifon , & Ces appartemens font donnés à 1 ancienneté.
Pour être admis dans cette maifon , dès qu’on
a été reçu bachelier en théologie * il faut profefîer
un cours de philofophie dans quelque college de l’u-
niverfité , cependant on poftule, o u , comme on dit,
on fupplie pour être aggrégé à la maifon 6c fociété,
6c i’on foutient un afre que l’on appelle Robertine,
du nom du fondateur, ce que les bacheliers font ordinairement
avant que d’entrer en licence. De ceux
qui font de la maifon , on en diftingue de deux fortes
; les uns font de la fociété, Si ont droit de demeurer
en Sorbonne, & de donner leur fuffràge dans les
aflemblées delà maifon, les autres fopt de l ’hofpitalité,
c’eft-à-dire, aggrégés à la maifon fans être de la fociété.
On les appelle ordinairement docteurs licenciés
ou bacheliers de la maifon & fociété de Sorbonne.
Mais leur véritable titre, & celui qu’ils prennent dans
les aftes de la faculté,eft doReurs licentiés 6c bacheliers
de la faculté de théologie de Paris, de la maifon
& fociété de Sorbonne ; ce qu’on exprime en latin par
doüor, licentmtus , ou baccalaureus theologus facrcefa-
cultatis Parifienfis, fodus Sorbonicus. On donne aufli
communément aux autres doâeurs de la faculté
le titre de docteur de Sorbonne ; 6c bien des gens
en prennent occafion de penfer que la maifon de Sàr-
bonne a quelque fupériorité dans la faculté de théologie
de Paris.* Cette maifon refpeôable par les hommes
célébrés qu’elle a produits, parles favans qui la
compofent, & par ceux qu’elle forme encore tous
les jours, n’eft après tout qu’une fociété particuliere,
comme plufièurs autres, 6c furtout celle de Navarre,
qui compofent le corps de la faculté de théologie
avec une autorité & des fonctions parfaitement égales
dans les aflemblées, 6c les autres attes de faculté. Il
eft vrai encore que les aflemblées foit ordinaires, foit
extraordinaires de la faculté fe tiennent danS la grande
falie de Sorbonne ; mais cet ufage ne tire point à
conféquence, parce qu’elle s’aflembloit autrefois aux
mathurins, 6c qu’elle peut encore s’aflembler dans
telle maifon de fon corps qu’elle juge à-propos.
Il y a proche de la Sorbonne des écoles extérieu-
rieurs, où fix profeffeurs, dont quatre font entretenus
par le ro i, & deux ont été fondés par des particuliers
, font des leçons réglées de théologie. Ces
chaires font toujours remplies par des fujets de la
maifon de Sorbonne, laquelle nomme aufli à plufièurs
autres places, comme à celle de grand-maître du college
Mazarin , dont les chaires de philofophie, ainfi
que celles du college du Pleflis , font toujours données
à des membres de la maifon 6c fociété de Sorbonne.
Le premier fupérieur de la maifon fe nomme
provifeur ; ,6c dans l’intérieur, l’autorité, c’ eft-à-dire,
le maintien des réglemens 6c du bon ordre , appartient
au chef des doâeurs, qu’on nomme J'enieur de
Sorbonne, 6c au chef des bacheliers en licence, qu’on
appelle prieur de Sorbonne. Poye^ Prieur & Se-
NIEUR.
Pour ce qui concerne la bibliothèque de cett'e ma ifo
n . Voyeflzmot BIBLIOTHEQUE.
SORCELLERIE, f. f. (Magie.) opération magique
, honteufe ou ridicule, attribuée ftupidement par
la fuperftition , à l’invocation 6c au pouvoir des démons.
On n’entendit jamais parler de fortileges & de maléfices
que dans les pays 6ç les tems d’ignorance.
C’ eft pour cela que la forcellerie régnoit fi fort parmi
nous dans le xiij. & xiv. fiecles. Les enfansde Philip*
p*
pë le Bel j dit M; de Voltaire * firent .alors entré, eux
tme âffôciation par écrit* & fe promirent un îecours
mutuel .contre ceux qui voudroient les faire périr par
le feçoürs de îifçrçelUrie-. Ôn brûla par arrêt du parlement
une fofciëré qui avoit: fabriqué avec le diable
un à&e en faveur dé Robert d’Àrrtois. La maiadie.de
Charles; VL fut attribué à un fortilege, & ôn fit venir
tin magicien pour, le guérir.
On vit à Londres4 a. duçhefle de Glôcefter âccu-
fée d’avoir attenté à la vie d’Henri VI. par des fortileges;
Une malheureufe devinereffe , 6c un prêtre
imbecille ou fcélerat qui fe clifoit forcier, furent brûlés
vifs pour cette prétendue confpiration. La du-
chèflç fut heureiife de n’être condamnée qu’à faire
une amende honorable en chemile, 6c à une prifon
perpétuelle-. L’èfprit de lumière &c de philofophie,
qui a établi depuis fon empire dans cette île floriffan-
ië *, en étoit alors bien éloigné.
La démence des fortileges fit des nouveaux progrès
en. France fous Catherine de Médicis ; c ’étoit un
des fruits de fa patrie tranfplantés dans ce royaume,
On a cette fameufe médaille où cette reine eft repré-
fentée toute nue entre les conftellations üArles 6c
T a u ru s le nom d’Ebnllé Afmodée fur fa tête, ayant
lin dard dans une main, un coeur dans l’autre, &
dans l’exergue le nom d’Oxiel. On fit fubir la quef- j
ïion à Côme Ruggieri flpxçntin, accufé d’avoir attenté'
par des fortileges à la vje de Charles IX. En
1606 quantité de forciers furent condamnés dans le
reffort du parlement de Bordeaux. Le fameux curé
Gaufredi brûlé à Aix.en 1 6 1 1 , avoit avoué qu’il étoit
forcier, 6c les juges l’avoient crm
Enfin ce ne fut qu’à la raifon naiflarite vers la fin
du dernier fiecle , qu’on dut la déclaration de Louis
XIV. qui défendit en 1672, à tons les tribunaux de
Ton royaume d’admettre les fimples àccufations de ,
forcelleriej & fi depuis il y a eu de tems-en-tems quelques
açcufations^de maléfices * les juges n’ont con-
damne.les acçufes que comme des prophanateurs,ou |
quand il eft arrive que ces gens-là avoient employé
lepoifon.
On demandoit à la Peyrere, auteur des préadami-
tes , mais qui d’ailleurs a conipofé une bonne hiftoire
de Groenlande, pourquoi.l’on parloit tant de forciers
dansle nord qu’on l'upplicioit; c’ eft , difoit-il
parce que le bien de tous ces prétendus forciers que
l’on fait mourir, eft en partie confifqué au profit des
jugés. •
6c qui par cette raifon fut appelle en juftice pour '
être condamné par le peuple romain. Lafertilité d’u
petit champ que fon maître lui avoit laifl'é, 6c qu’i
cultivoit avec foin, avoit attiré fur lui l’envie de fe
voifins. Sûr de fon innocence, fans être allarmé d
la citation de l ’édile Curule qui l’avoit ajourné ;
j.a‘jj'mblée du peuple, il s’y prefenta accompagné d
la fille ; c’étoit une grofle payfanne bien nourrie 6
bien vetue , benè curatam & vefiitam : il conduifit ;
1 aflemblée fes boeufs gros 6c g ras, une charrue biei
équipée 6c bien entretenue, 6c tous fes inftrumen
de labour en fort bon état. Alors fe tournant vers fe.
juges : Romains , dit-il, voilà mes fortileges, vene
jicia mea , quintes, hoecfunt. Les fuffrages ne furen
point partagés ; il fut abfous d’une commune voix
o H u y engé de fes ennemis par les éloges qu’il reçut
SORCIERS £- SORCIERES , ( Hiß. <mc.
nommes & femm^ qu’on prétend s’être livrés au
aemon, & avoir fait un paäeavec lui pour.opérei
par fopfecours des prodiges & des maléfices. 7
■ —es Pay ens ont reconnu qu’il y av.oit des magiciens
ou enchanteurs malfaifans, qui parleur comerceaveqjeynauvais
génies ne fe propofolent que
les'Grecs* ics àppeÜoient
p?'f//£'‘H*i'“ “ P'n’OiS'itàrenchariteur. rénom d'ivasjr-
/ ?ii ail devmiceluiiid c^ ..;T,!. Rs défia
gnqjeni celui qui fe lervoit de poifons, &par
rf“ lu' frompoit Ies; yeux par des preftiges! Les
7i“ !n?j!ciif ont auffiagnné différons noiits, comme
K | V& nm i'tk vemüci, ' parce
CJU eu e0èi/iis favoient préparer: les poifons & eii
iaîicywt..ufage : TheffaïieM.& Chaldéens, TUfftli
,fç Cnaldoetç dp npm des pays xl’oj} fortoient ces nia-
æciens ; g.énéthliqqsiés Sc.mathématiciens , gaiahîiMf
, 0r maihcmauci, parce* qtîMs titpienf des horofeopes .
^Çmqybtentlefafeulgpurprédirel’avenir.-devins.
augures, arulpices, &c.. arioli, augura, arafpica, &c»
t e genres ne. ciiyination auxquels .ils. s’a-
.ûc.r.n°:enî. i!s appc.K.iant lès.n'.aaietciîncs lâmiés7
Lauiià, du nom d’une nymphe cruelle &• feycn ce *
. :qu’on feienojcdpyqrej!* tqus les ênfi(ns;jîljoe. fermé
.qui dans l'origine lignifioit une perfonne prévoyante*
mais qui devint enluiteodiens, Si affeSéaux fenmies
qui fail'ment profelfion de prédire l’avenir : firiges ,
qui veut dire proprement des piîçaux noaurnes .
de mauvais augure, nom qu’on appliquoit par métaphore
aux magiciennes * q ui,. difoit-on, ne faifoient
leurs enchanteraens que pendant la niiit. On les
trouve encore appeljées dans les auteurs de la bonne
latmite veratrices, vcracula,fanulatriçes,fiflrices. Dans
des foix des Lombards elles font nommées mafea à
caufe de leur figure hideufe 6c femblable à des maf-
ques, dit Delrio. Enfin on trouve dans Hincinar 6c
depuis fréquemment dans les auteurs qui ont traité
de la magie, les mots fortiarii 6c fortiaricè, que nous
avons rendus par ceux de forciers 6c de forcüns.
Les anciens ne paroiftent pas. avoir révoqué ert
doute l’exiftence des forciers} m regardé leurs maléfices
comme de fimples:preftigcs. Si l’qn ne conful-
toit que jes poètes, on admettroit fans examen cettë
multitude d’euçhantemens opérés par Jes C ircés, les
Médéei.' 6c autres femblables prodiges p.arlefquels
ils ont prétendu répandre,'du meryeiUeux dans leurs
ouvrages. Mais il paroit difficile de reeufer le témoi-
gnage cle plufièurs jiiftoriens d’ailleurs véridiques,
de^ Tacite , de Suetone , d’Ammien Marcellin ,
qu on n accufera pas d. avoir adopté aveuglément, ôc
faute de bon fens, ce qu’ils racontent des opérations
magiques. D ’ailleurs pourquoi tant de- lois féveres
de la part du fénat &. des empereurs contre les magiciens
, fi ce n’euffent été qiîe des impofteurs 6c des
charlatans propres tout au plus à duper la multitude,
mais incapables de caufer aucun mal réel 6c phyfique?
Si des faufles religions nous pafîbns à la véritable*,
nous trouverons qu’elle établit folidement l’exiften^
ce des forciers ou magiciens, foit par des faits incon-*
teftables * foit par lejs réglés de conduite qu’elle
preferit à fes fe dateurs. Lès magiciens de Pharaon
opérèrent des prodiges qu’on n’attribuera jamais aux
.feules forces de la pâture ,, & quj n’étoient pas.non
phiS 1 effet de la divinité , pUilqu’ils avoient pouf
but d en combattre les niiracles. je n’ignore pas que
ces prodiges font réduits par quelques modernes au
rang des preftiges ; mais outre que ce n’eft pas le
fentiment le plus fuivi, conçoit-on bien clairement
qu.’il foit du reffort de la nature dé fafcinerles yeux
de tout un peuple , de le tromper longtems par de
fimples apparences, de lui faire croire, que des fpec-
tres d’air ou de fumée font des animaux 6c des reptiles
quife meuvent? Si ce n’euftent été que des tours
de charlatan, qui eût empêché Moïfe fi inftruit de la
fcience des Egyptiens, d’en découvrir l’artifice à
Pharaon, à fa cour, à fon peuple, 6c en les détrompant
ainfi, de confirmer fes propres miracles ? Pour-
quoi eût-il été obligé de recourir à de plus grandes!
merveilles que celles qu’il avoit opérées jufque-là,
& que les magiciens ne purçnî enfin imiter ? Prcfti