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membres , & dans toutes lesaffeûions féreufes, chroniques
, efl généralement reconnue.
L’ufage des fudorifiques fe déduit aifément de ces
trois oblervations.
- On doit les employer oîi ils font indiqués dans
toutes les incommodités qui dépendent immédiatement
d’une tranfpiration fupprimée ou diminuée ,
telles que les rhumes, les enchifrenemens, les légères
fluxions fur les yeux ou fur les oreilles, fur le
nez, &c. les légères douleurs des membres, <S*c.Iorf-
que ces incommodités furviennent après qu’on s’efl
expofé à l’humidité de l’air : dans les maladies aiguës
qui fe terminent éminemment par les fueurs,
telles que les fievres proprement dites & les douleurs
de côté, & en général, lorfque les lignes de la
fueur, & fur-tout le pouls, annoncent cette évacuation
avec l’indication de l’aider. Voye[ P o u l s . Enfin
, dans les maladies chroniques, douloureufes, féreufes
, & cutanées, telles que les maux de tête invétérés
, les rhumatifmes, l’anafarque, les dartres,
la gale, la lepre, &c.
Les fudorifiques ont été mis encore ou rang des re-
medes éprouvés des maladies vénériennes. Voye^ . V É R O L E .
Les remedesfudorifiques confidérés très-généralement
, ou les moyens d’exciter la fueur, different
beaucoup entre eux.
i° . L’exercice du corps ou la fatigue , excitent
cette évacuation ; mais ce moyen ne fauroit être mis
au rang des reffources thérapeutiques, ou tout au
plus peut - on l’ employer dans quelques maladies
chroniques, comme douleurs rhumatifmales, oedèmes
légers f &c. car en général les malades font peu
•en état de faire de l’exercice. Les perfonnes attaquées
de rhume léger en font à peine capables ; cette
maniéré d’exciter la fueur efl beaucoup plus utile,
comme fëcours diététique ôc préfervatif. Voye^ E x e r c i c e , Médecine.
2°. On excite la fueur en expofant le corps à une
chaleur extérieure; foit celle d’un air échauffé, comme
dans les étuves féches, les laconicons des anciens
, voye{ L a c o n i c o n ; foit celle de différentes
vapeurs aromatiques, fulphureufes, métalliques, &c.
dans les fumigations, voye^ F u m i g a t i o n ; foit celle
d’une vapeur aqueufe, comme dans les étuves, eaux
minérales, (y oye^fousÜarticle M i n é r a l e s eaux) f {oit
enfin, celle de l’eau qu’on verfe en maffe fur le
corps, ce qui s’appelle donner des douches, voyez D o u c h e , fous l'article M i n é r a l e s eaux ; foit en
plongeant le corps dans une eau chaude, comme
dans les bains d’eau thermale , voye^ Carticle M i n é r
a l e s eau y ; foit en couvrant le corps d’un fable
très-chaud, du marc deraifin échauffé par laYermen-
tation, ou du marc d’olive échauffé par l’eau bouillante,
dont il a été imbibé depuis peu fur le preffoir,
& qu’on en a exprimé tout récemment.
On peut rapporter à cette derniere cia (Te âefudo-
rifique l’impofition des couvertures que les Médecins
ordonnent quelquefois pour faire luer les malades
dans leurs lits, & les gros habits, les fourrures, &c.
qu’ils preferivent à ceux dont ils veulent augmenter
la tranfpiration ; les camifoles d’Angleterre que l’on
porte immédiatement fur la peau dans cette vu e,
&c. Tous ces moyens équivalent à l’application réelle
d’une chaleur extérieure : car l’homme vivant
communément dans un milieu beaucoup moins chaud
que fa chaleur naturelle ( voye^ C h a l e u r a n i m a l
e ) , & les couvertures empêchant la communication
de ce milieu plus froid, & confervant par-là
autour du corps une chaleur égale à fa chaleur propre;
il efl clair qu’elles entretiennent autour du
corps une chaleur inaccoutumée & artificielle.
Enfin, lin grand nombre de médicamens propres
à être pris intérieurenjént, remplirent la dernière
S U D
claffe des fudorifiques. Les végétaux foumiffent un
grand nombre d’eaux diflillées aromatiques, d’huiles
effentielles, de baumes, de réfine, d’efprits al-
kalis volatils , foit fpontanés, foit dus à la violence
du feu de fes efprits ardens fermentés ; & enfin, plu-
'•fieurs plantes ufitées en fubflances , & qui doivent
évidemment leurs vertus aux principes que nous venons
d’indiquer. Entre ces fubflances végétales, le
gayac, l’efquine , l’un & l’autre très-réfineux, &
le faffafras très-aromatique & très-riche en huile ef-
fentielle, tiennent un rang diflingué. L’azédouaire,
l’angélique, labenoite, la fauge, le chardon bénit,
les fleurs de fureau, &c. /ont aufli au premier rang.
Vyye^ ces articles particuliers.
Les chaux antimoniales abfolues, telles que l’antimoine
diaphorétique, le bézoardique minéral, &c.
qui font les fudorifiques les plus renommés du régné
minéral, n’ont à ce titre qu’une vertu fort douteufe :
la propriété fudorifique , ou la vertu fudorifique des
fleurs de foufre & de l ’efprit fulphureux volatil, ne
font pas bien conflatés non plus ; quant aux terres
abforbantes, aux terres fcellées qui font au rang des
argilleufes & aux pierres précieules que les Pharma-
cologifles comptent au rang des fudorifiques , on peut
prononcer hardiment que cette propriété qu’ils leur
ont attribuée, efl purement imaginaire. Voye^ l'article
T e r r e u x , 6 * M a t i è r e m é d i c a l e .
Le régné animal fournit les alkalis volatils fous
forme liquide , appellés communément efprits alkalis
volatils, tels que celui du fel ammoniac, de la corné
de cerf, de la foie, des viperes,'du crâne humain,qui
font les plus efficaces de tous les fudorifiques;ce régné
fournit encore l’efprit des fourmis, qui efl un re-
mede peu éprouvé ; le fang de bouquetin , plws ufité
& plus efficace, les cloportes, les vers de terre, les
écrevifles, la chair de vipere & de ferpent, & celle
des tortues, toutes fubflances dont les vertus échauffantes
, animantes, fudorifiques, ne font pas encore
fuffifamment conflatées. Voye^ les articles particuliers.
On ne doit point avoir meilleure opinion des matières
terreufes abforbantes de ce régné , que l’on
trouve encore au rang des fudorifiques ( telles que
les coquilles, la mere de perles, la corne de cerf calcinée
, la mâchoire de brochet, lesbézoards , &c ) ,
que des matières terreufes du régné minéral.
On trouve encore dans les boutiques plufieurs
compofitions fudorifiques , tant fous forme folide que
fous forme liquide ; les efprits ardents aromatiques,
les élixirs, les teintures, les mixtures balfamiques
aromatiques, dont l’excipient efl toujours un elprit
ardent ; les efprits volatils aromatiques, huileu!x ; la
liqueur de corne de cerf fuccinée ; la thériaque , le
mithridate , le diafeordium , la cpnfeffion alker-
mes , &c.
Les médicamens fudorifiques fe donnent ordinairement
fous forme de tifanne. Voye[ T i s a n n e . C’efl
fous cette forme que font certains remedes fudorifiques
de charlatans , tels que la tifane de kalac ou
calat, qui efl à-préfent oubliée , vraisemblablement
parce qu’elle efl connue , & celle de vinache, qui
efl un des deux cens fecrets actuellement en vogue
à Paris , voye^ S e c r e t , ( Médecine. ) & qui n’efl
vraisemblablement qu’une imitation , ou peut-être
une copie de la tifane de kalac , qui reffemble elle-
même à toutes les tifanes fudorifiques compofées,
qu’on a dès long-tems employées au traitement des.
maladies vénériennes (voyeçjVé r o l e ) , & dont les
ingrédiens font çe qu’on appelle les bois par excellence
, c’eft-à-dire, le gayac, le fajfafras , la fquine
& la farfepareille , auxquels on ajoute quelquefois
l’iris de Florence, la reglifle , dans laquelle on fait
bouillir, allez inutilement, des chaux antimoniales,
ou du mercure crud , & enfin à laquelle on ajoute
quelquefois des purgatifs.
S U E
Les fudorifiques élevent le pouls, augmentent la
chaleur naturelle , font véritablement échauffans.
Voye^ E c h a u f f a n t . Par conféquent on doit être
tres-referve fur l’ufage des fudorifiques chez ceux qui
font d’un tempérament v i f , ardent, mobile , fec ,
ou fanguin , & très-plétorique, qui font fujets à des
hémorragies, qui ont la poitrine délicate ou quelque
fuppuration intérieure, & qui font dans la fievre
heétique ; quoiqu’il ne faille pas croire que des
fueurs abondantes & critiques ne puiffent être utiles
dans les cas ordinaires aux fujets ainfi conflitués ,
nous voulons dire feulement que les fautes dans l’ad-
miniflration de ce fecours peuvent être plus dan-
gereufes pour eux que pour les autres.
Quant aux précautions pratiquées & aux contr’in-
dications tirées de l’état de maladie , ces chofes découlent
d’elles-mêmes de la loi générale, de n’employer
ce remede que d’après l’indication propre &
direéle levée de la tendance de la nature vers cette
évacuation ; tendance eflimée principalement par
le pouls. Nous obferverons feulement que ceux qui
fe gouvernent par cette bouffole , ne trouvent pas
toujours 1 es fudorifiques contr’indiqués par l’état de
très-grande chaleur de fievre très-forte, d’inflammation
, d’orgafme ; car non-feulement cet état peut fe
trouver avec la fueur imminente , mais même la
fueur imminente efl ordinairement précédée de cet
é ta t , & elle en efl fouvent la plus heureufe fo-
lution : tandis que les Médecins qui fe conduifent
fous les indications artificielles redoutent cet é tat,
méconnoiffent l’événement qu’il préfage, éloignent
cet événement par des faignées ou d’autres remedes
à contre-tems , &c„ ( b )
SUDSUTETE , f. m. ( Critiq.fac.) ce mot efl employé
par faint Paul dansfa I. épître aux Corinthiens,
j ' f 0' trfttoipcç ; 7TH ypa./xfj.dltuç ; <rvÇnTimlç tS
&)moç n m ; c’efl - à - d ire, oii efl le fage ? oîi efl le
feribe ? oii efl le. rechercheur de ce fiecle ? <rvÇimm]ç9
difquijîtor , de avv & Çmiu, queero. Le rechercheur
dont il s’agit i c i , efl le ju if qui étudie la fcience
énigmatique des prophéties , & qui prétend en découvrir
le fens. Le pafîage de faint Paul s’explique
par un paffage analogue de l’Eccléfiaflique , c. xxxix.
v. i . Le fagé , le feribe , le favant, recherchera la I
fageffe de tous les anciens, s’occupera de l’étude
des prophéties & du fêns caché de leurs fentences ;
car il paffe fa vie dans l’étude des paraboles énigmatiques.
Les Juifs Jyçétctes fe nommoient en hébreu.
darfehan, & leurs explications midrafeh. {D . J .)
SUEDE , (. Géog. mod. ) un des royaumes des
plus grands & des plus feptentrionaux de l’Europe.
Les terres qu’il renferme , font comprifes à-peu-
pres entre le g o. & le q 5 . degré de longitude, & entre
les 55. & y o degrés de latitude feptentrionale. Il a ainfi
dans fa plus grande longueur plus de 356 lieues dit '
feptentrion au m idi, & plus de 140 d’orient en occident.
Il efl borné au nord par la Laponie norvégienne
ou danoife, & par l ’Océan feptentrional ; au
fud par lamer Baltique & par le golphe de Finlande ;
a l’orient par la Mofcovie, & au couchant par la
Norvège , le détroit du Sund & le Categat.
- f *.royaume jouit d ’un air fain , qui efl cependant
« froid & fi peu tempéré , qu’à l’hiver qui occupe
les trois quarts de l’année, fuccedent durant deux
niois des chaleurs exceffives. Il n’yaprefque point
de milieu entre un froid très-violent & une chaleur
étouffante ; & par conféquent il n’y a que peu ou
point du tout de printems ni d’automne. Le foJeil ,
dans fa plus grande élévation , efl dix-huit heures
oc demie fur l’horifon de Stockolm , & fait pendant
quelques femaines un jour continuel ; mais les jours
d hiver lont bien courts à proportion, car le foleil
n y paroit oue cinq heures & demie. La lumière de
la lune, la blancheur de la neige & la clarté du ciel
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dédommagent foiblement del’abfence du foleil. On
fe precautionne contre l’âpreté du froid par le
moyen des poêles qui font dans les maifons , Sc par
de bonnes fourures quand on efl obligé de fortir Les
pauvres même font obligés de fe fervir de peaux de
mouton , & autres peaux femblables pour pouvoir
relifter au froid du climat. La négligence en ce genre
foroit fatale , car on ne fauroit être mal - vêtu en
Suede, fans courir rifque de perdre le nez les doigts
des mains & des piés, & quelquefois même la vie.
La Suede fe divife en Suede propre , Gothlande
Nortlande & Finlande. La Suede propre efl fituée
entre les Nordelles au nord, l’Ôflrogothland au fud,
la mer à l’orient, & les gouvernemens de Bahus
d Aggerhus & de Drontheim vers l’occident ; elle
renferme cinq provinces , favoir l’Uplande, la Su-
dermanie , la 'NUeflmanie, la Néricie & la Dalé-
carlie.
Lz Suede efl un pays arrôfé de rivières & entre-
. «mpede grands lafcsVqui, avec les montagnes &
les forets, occupent plus de la moitié du royaume.
La terre y ci! ingrate en piüfieurs choies utiles à la
vie. On y voit des campagnes à perte de vu e , cou-
vertes de chenes & de fapins d’une hauteur prodi-
gieufe. La chaffe & la pêche produifent de quoi
nourrir cette vafte contrée. On chaire lès b&es-fiiî$
ves pour les manger ; les loups, les renards, les chats
« “ ^ g S p o u r en avoir les peaux, qnïfervent à des
tonmires. Il y a quantité d’aigies,de faucons & d’autres
Oiieaux de proie qui nous font inconnus. Les renards
& les écureuils y deviennent grifitres & les
lièvres blancs comme de/la neige. Outre la mer les
lacs y fourmillent de poiffons qu’on ne connoîtpoint
mileurs. On y prend quantité de ilréamlings , forte
de ponton plus petit qu'un hareng ; on le fale on
1 encaque dans des barrils, & on le vend enfuite dans
tout lë pays. Le bétail de la Suède cll en général pe-
t‘t ainfi que dans % autres pays feptentrionaux.’
La laine que donnent les moutons eiî extrêmement
l a B H a H & ne peut fervir qu’aux habits des paÿ-:
Uw. Les chevaux , quoique petits , font légers v i-
goureux, forts , & excellens pour le traînfau ,’ qui
eit 1 .unique voiture des habitans pendant la loneue
durée de l ’hiver. b
Les forêts produifent du bois de charpente & à
brûler tant qu’on veut; on en fait un grand débit
tanrpour Ids Mtimens que pour les mâtures de£
vaifleaux. Les mines de cuivre & de fer font un objet
de commerce confidérable. II.y. a telle mine de
cuivre d°nt on tire annuellement la valeur d’un mil-
lion. Outre le fer qui le eonfiime dans le pays' ' il
» n tranfpoHê tous lés ans chez l'étranger pour
d allez grofies femmes ; mais voilà toutes les reifour-
ces de cette monarchie.
Sonorigine &r icn commencement nousiont incor.-'
nus. Les révolutions qu'elle a efiiiyées ont été exactement
décrites par Pufendorf, & agréablement par
l’abbé de Vertot. La Suede , probablement épuifée
d habitans par les anciennes émigrations dont l’Europe
fut mondée., parut comme énfevelie dans la
barbarie pendant les h u it, neuf, dix & onzième
fiecles. Le chriftiamfme qui y fiit prêché dès le neuvième
, n’y fit aucun progrès. Elle renonça au chrif-
ùamfine dans le fiecle fuivant, & dans le onzième
fiecle , toutes les cotes de la mer Baltique étoient en-
corepayennes.
Les premiers rois de cet état étoient abfelus. Les
Suénones , dit T acite, font tombés fous la domination
d’un feul ; ce n’eft plus une monarchie tempérée.,
c’ eil le pur defpotifme. Les Suénones font les
Suédois ; je n’ai pas befoin d’en avertir , ni de re-
marquer que les chofes ont bien changé. Les Suédois
, ce peuple de tous les Germains le feul efclavë
du tems de Tacite , & l’un des plus barbares dans le$
N