tue le flux noir, la potaflè & le fiel de verre font les
dubftances les plus propres à le combiner avec le fou-
fre ; elles furpaffent même le fer dans cette propriété,
qui pourtant eft de toutes les fubftances métalliques
celle qui a le plus de difpofition à s’unir avec le lou-
ire. Ainfi, en joignant le fer avec ces fubftances al-
kalines , il n’eft pas douteux que la précipitation fe
fera plus promptement 6c plus parfaitement, & les
matières falines en nageant à la furfaee des métaux
en fufion doivent empêcher, que le foufre pouffé'par
l’aftion du feu , n’entraîne 6c ne volatilife avec lui
un grand nombre de molécules d’argent. D ’où l’on
voit que les fondans alkalins ont leur avantage ; mais
d’un autre côté, on ne peutfe diiïïmuler qu’ils n’aient
aufli leurs inconvéniens. D ’abord ils endommagent
confidérablemenr les creufets, 6c les mettent hors
d’état de fervir davantage , ce qui augmente les frais
dans une opération oit l’economie fait tout le profit.
D e plus, tout le monde fait que les fels alkalis combinés
avec le foufre forment ce qu’on appelle l’hepar
ou 1 e foie .de foufre, qui, à la vérité , facilite la fufion
des métaux, mais qui diffout en même tems l’or 6c
l ’argent de maniéré qu’il eft impoflible de leur rendre
leur forme métallique, du moins fans des peines &
des dépenfes confidérables ; d’ailleurs ce foie de foufre
rend ces métaux aigres 6c caftans , de forte qu’il
faut recourir à des fufions réitérées <\vec le fel ammoniac
, le nitre, le borax, &c. pour dégager ces métaux
de la mauvaife qualité qu’ils ont contra£lée;tou-
tes ces chofes augmentent la dépenfe, 6c font qu’une
portion de l'argent fe perd, vu que l’on ne retrouve
point exactement celui qui s’eft converti en feories.
M. de Jufti a trouvé par dés expériences que le flux
noir 6c le fiel de verre, furtout quand ces deux fon-
tians font combinés, produifoient dans le feu une plus
grande quantité de foie de foufre que l’on ne pour-
f oit l’imaginer. Outre cela le flux n o ir, à caufe du
nitre qui y entre, ne laiffe pas d’augmenter la dépenfe
, furtout fi l’on travaille en grand ; d’ailleurs il attire
très-rapidement l’humidité de l’air , ce qui peut
-eaufer beaucoup d’inconvéniens dans l’opération.
D ’après toutes ces confidérations, M. de Jufti donne
la préférence à l’opération dans laquelle on emploie
le fer au lieu de fubftances alkalines, vii que ce
-métal eft’à très-bon marché, qu’il a une très-grande
difpofition à abforber le foufre, 6c que par fon moyen
•on n’eft point expofé à perdre une portion de l’argent.
Cependant il eft à-propos d’y joindre un peu de
fiel de verre , qui eft une fubftance peu couteufe ;
elle facilitera la fufion, empêchera le foufre de difli-
per ou d’entraîner avec lui une portion de l’argent,
favorifera la formation des feories , 6c s’il fe forme
du foie de foufre, ce ne fera qu’en très-petite quantité
;S
i l’on a une certaine quantité d’argent contenant
de l’o r , dont on veuille faire la fêparation par la voie
féche, il fera à propos d’en faire l’effaiavee beaucoup
d’exaûitude par la coupelle ou par l’eau-forte, pour
'favoir combien le marc d’argent contient d’or. Foye{
Tarticle Essai. Pour cet effet il faudra commencer
par mettre cet argent en grenaille très-fine, ce qui
fe fait en le faifant fondre, 6c en le verfant doucement
dans un vaiflèau rempli d’eau , que l’on agitera
fans interruption avec des petites branches de
bouleau, alors on en fera l’ effai. Il eft important que
l ’argent foit réduit en une grenaille très-fine comme
de la dragée, ou tout au plus comme des lentilles ,
•parce que l’on ri’aura pas befoin d’y joindre Une aufli
■ grande quantité de foufre pour l’opération fubfé-
quente , c’eft-à-dire pour la fêparation ou le départ
par la voie féche. En effet ,pour qu’elle fe faffe exactement
, il faut que tout l’argent foit parfaitement
•pénétré par le foufre ; fans cela, ce métal tombe au
'fond du creufet,■ & l’on obtient des maffes métalliques
trop grandes pour pouvoir en bien faire le départ
par i’eau-forte , 6c l’on fera dans le cas de recommencer
la fêparation.
Pouf mêler l’argent en grenaille avec le foufre ,
on mouillera cette grenaille avec de l’eau, on y
joindra du foufre en poudre fine, on roulera le tout
avec la main, de maniéré qtie chaque grain d’argent
ait une petite croûte de foufre ; fi l’argent eft parfaitement
pur, il fera à propos avant que de le mêler
avec le foufre, d’en mettre à part autant de demi onces
, que'l’on a de marcs dont on veut faire le départ
ou la fêparation.
Lorfque’ l’argent en grenaille a été mêlé avec du
foufre, on le met dans un creufet que l’on remplira,
prefqu’entierement ; on le couvrira d’un couvercle ,
6c l’on aura foin de bien luter les jointures, de peur
que l’aftion du feu ne faffe partir une grande quan-,
tité de foufre qui n’aura pas produit fon effet, 6c qui
n’aura point intimement pénétré l’argent. On donnera
d’abord un feu très-doux, on placera le creufet
fur un fupport, 6c on fera un feu circulaire , qui
approche peu à peu du creufet, & o n le laiflera
échauffer j ufqu’à ce qu’On voye une flamme légère
de foufre fortir par les jointures, alors la diffolution
de l’argent par le foufre fera faite.
Pendant cette opération on préparera le fourneau
à vent. On fera bien de pratiquer dans le cendrier un
creux ou une foffe de terre glaife que l’on tiendra
bien nette, afin que fi le creufet venoit à fe fendre ,
le métal fondu ne vînt point à fe perdre.
Alors onjjtera le couvercle du creufet, qui con--
tient l’argent combiné avec le foufre ; & fi l’argent
ne ’contient point de cuivre, ce qui eft affez rare, dh
y mettra la demi-once d’argent qui, comme on l’a
dit, aura été retenue fur chaque marc. On couvrira
le creufet d’un couvercle, dans lequel on aura fait un
trou ; par lequel on paffera un fil de fer affez fort ; on
placera le creufet au fourneau à vent; on l’entourera
de charbons aufli également qu’il fera poflible, après
quoi on remplira entièrement le fourneau, 6c l’on
mettra des charbons ardens par le haut, afin que le
feu s’allume de haut en bas. Lorfque le mélange fera
entré parfaitement en fufion, ce qui arrivera très-
promptement,& ce dont on pourra s’affurer au moyen
du fil de fer qui traverfe le couvercle du creufet, on
ôtera ce couvercle, afin d’achever l’opération à l’aide
du précipitant qui fuit, que l’on tiendra tout prêt
pour s’en fervir au befoin.
C ’eft un mélange compofé de deux parties de limaille
de fer non rouillé, d’une partie de litharge
d’une partie de fiel de verre, 6c d’une partie de fel
marin fondu. Ce mélange eft celui dont on peut fe
fervir avec le plus de fuccès dans la première 6c la
fécondé fufion de l’argent combiné avec le foufre j
mais dans la troifieme & quatrième fufion 6c dans
les fuivantes, il fera à-propos d’y ajouter encore deux
parties de plomb en grenaille.
Dans la première fonte on employera autant de
demi-onces du mélange que l’on aura de marcs d’argent,
dont on voudra faire la fèparatioit ou le départ.
On ne mettra pourtant le mélange que peu-à-peu, en
le répandant fur le métal fondu , de maniéré qu’il en
couvre la furfaee , 6c à chaque fois on remuera le tout
avec le fil de fer qui traverfe le couvercle.
Durant cette opération, on donnera toujours un
feu violent, afin que le mélange entre parfaitement
eh fufion ; pour cet'èffet on fera bien de recouvrir le
creufet, 6c de fortifier le feu à chaque fois que l’on
aura mis de la compofition précipitante ; il faudra
aufli avoir foin que les charbons chauffent également
le creufet qui pourroit fe fendre, fi l’on mettoit auprès
de lui un trop grand nombre de charbons non
allumés, ce qui arrive, fur-tout lorfque les çreufets
font grands. !
Si l’on vouloit faire en une feule fois la fêparation
de l’o r , &c le mettre en un bouton ou culot, il faudra
doubler la quantité du mélange qui fert à précipiter,
6c peut-être qu’alors on ne pourroit lé difpenfer
d’employer le flux noir dans ce mélange. Mais fi l’on
veut faire cette opération à l’ordinaire , on mettra
autant de demi-onces de la matière précipitante que
l’on aura de marcs à féparer. On laiffera le mélange
en fufion pendant dix minutes , après quoi on le vui-
dera dans un cône bien échauffé ; ou fi le creufet étoit
trop grand, on y puifèroit une portion de la matière
fondue, Jufqu’à ce qu’on puiffe le remuer avec facilité
.M
. de Jufti affure que le mélange qui a été indiqué
pour fervir à la précipitation , procure un avantage
confidérable, qui eft la facilité de féparer la partie
réguline ou le culot qui eft tombé au fond du creufet
, d’avec l’argent qui eft encore combiné avec le
foufre, au lieu qu’il n’en eft pas de même, lorfqu’on
femploie le flux noir & le plomb en grenaille des le
commencement de l’opération ; car alors il n’y a d’autre
moyen pour féparer le culot, que de faire refondre
le tout de nouveau, 6c alors on retire le culot
avec unepincette, parce qu’il n’entre point en fufion
fi promptement que l’argent uni avec le foufre.
On eft obligé de réitérer la précipitation quatre à
cinq fois, 6c même plus, fi l’on veut féparer parfaitement
l’o r , & récouvrer l’argent qui eft uni avec
le foufre; pour cet effet, on remet le .creufet dans
le fourneau ; à chaque fois qu’on a vuidé la partie
métallique dans le cône , on en détache les feories,
c’e*ft-à-dire, l’argent pénétré de foufre, que l’on remet
de nouveau à fondre dans le creufet, 6c l’on en
fait la précipitation de la maniéré quia été indiquée,
excepté que pour la troifieme & la quatrième fois
qu’on précipitera, on joindra deux parties de plomb
au précipitant, comme on l’a déjà dit. Car fi l’opération
a été faite avec foin, il faudra que tout l’or
- fe trouve dans le premier 6c le fécond, ou tout au
moins dans le troifieme culot. Les précipitations fub-
féquentes ne fe font que pour recouvrer l’argent qui
. eft uni au foufre , 6c qui eft en feories;
Cependant on ne peut guere retirer tout l’argent
qui étoit pafle dans ces feories , qui contiendront
toujours un marc d’argent par quintal, quelque habile
que foit celui qui opéré ; le feul moyen d’en tirer
parti, c’eft de porter ces feories aux fonderies
.oii l’on tire l’argent de fes mines. Ceux qui s’occupent
du départ ou de la fêparation, raffemblent ces
• feories ou craffes ; ils les portent aux fonderies , les
joignent avec du plomb 6c des fondans convenables,
les font :.paffer au fourneau de fonte , & paffentle
tout à la coupelle : ce qui leur procure fouvent un
• profit affez honnête.
; Quant aux différens culots que l’on a obtenus par
la fêparation, on les met en grenaille chacun féparé-
.ment, 6c l’on en fait l’effai par la coupelle 6c par
l’eau-forte, pour favoir la quantité d’or que chacun
contient. L’on trouvera communément qu’en fui-
vant le procédé qui a été indiqué, la plus grande
partie de l’or fera dans le premier ou ïe fécond culo
t, on n’en trouvera dans le troifieme 6c les fui-
vans, que lorfque l’opération aura été mal faite. On
paffera à la grande coupelle ou fur le têt les culots
qui contiennent un quart d’o r , 6c alors on en fera le
départ ou la quartation avec de bonne eau-forte, 6c
l’on fera fondre la poudre d’or qui fera tombée au
fond de ce diffolvant. A l’égard des culots qui tiennent
beaucoup moins qu’un quart de leur poids d’o r ,
on les joindra à de nouvel argent tenant or pour un
nouveau travail. On rafine fur le têt les autres culots
qui ne contiennent point une portionfenfible d’or, &
on en fait des lingots ou des banes avec l’argent en
poudre que donne i’eau-forte précipitée. Si le départ
ou la fêparation a été faite avec foin, le marc de cet
argent ne doit point contenir au-delà d’un dixième de
grain d’or, car jamais par la voie féche on ne parvient
à féparer totalement l’or d’avec l’argent. Foye{
Us oeuvres chimiqües de M. de Jufti, tome I. (—)
SEPARATION, f. f. dans L'économie animale, aélion
par laquelle différentes liqueurs fe féparent de la
maffe du fang.
La fêparation des liqueurs dans des arteres plus
petites différé de la fécrétion en ce qu’elle ne s’opère
que dans un rameau d’artere qui devient une fécondé
fois conique convergente, 6c fe continue dans fa
propre veine ; au lieu que dans la fécrétion c’eft un
conduit femblable à une veine , 6c qui ne reporte
point la liqueur à la maffe. Foye^ Sécrétion.
Séparation en Architecture, eft ce qui divife ou
fépare une chambre ou un appartement d’avec un
autre.
SÉPARATISTE, f. m. ( Hifl. ecclêf. ) fecle de religion
en Angleterre, ou plutôt nom commun à toutes
les fetles qui ont établi des églifes féparées par
oppofition à la religion anglicane qui eft la feule au-
toriféepar la lôi. Voye{ D issentans non conformistes.
Aujourd’hui le mot fêparatifies, parmi les Anglois,
fignifie plutôt une collection de fectes, telles que les
Presbytériens, les Puritains, les Quakres, &c.qu’une
fefte particulière. Mais vers leur commencement
ils convinrent entr’eux qu’ils feroient tous défignés
par un même nom. Leur divifion en Presbytériens ,
Indépendans, Anabaptiftes , &c. eft tout-à-fait moderne.
Foye^ Presbytériens , Indépendans , &c.
Hornius , dans fon hiftoire eccléfiaftique d’Angleterre,
dit que les Séparatiftes font ceux qui fous
Edouard VI. Elifabeth , 6c Jacques I. refiiferent de
fe conformer à l’églife anglicane, 6c qui furent premièrement
appellés Puritains , enfuite Séparatifs 6c
enfin non-conformijles. Foye^ Puritains.
Bolton fut le premier chef des Séparatijles; mais il
quitta enfuite le parti qu’il avoit lui-même formé.
Robert Brown lui fucceda , & de-là les Séparatijles
prirent le nom de Browniftes qu’ils ont retenu long-
tems , quoique Brown eût abandonné lui-même la
fette , 6c eût, à l’imitation de Bolton, abjuré fes erreurs.
Foye^ B r o w NISTES.
A Brown fuccéda Barrow qui fut pendu à l’infti-
gation des évêques. Les Séparatijles eurent enfuite
pour chef Johnfon, qui éleva une églife à Âmfter-
dam ; mais celle ci fe divifa en plufieurs fe&es dont
l’une eut pour chef le frere même de Johnfon : celui-
ci l’excommunia, 6c en fut excommunié à fon tour.
Aufli-tôt après, un cinquième nommé Smiks érigea
une femblable églife à Leyde ; mais elle fe réduifit
prefque à rien après fa mort, & le féparatifme fem-
bloit éteint, lorfque Robinfon parut 6c le releva. Il
adoucit les dogmes de Brown, il remit entre les Séparatijles
la bonne intelligence ; mais il ne put jamais
réunir toutes les feftes. Une partie tient encore aujourd’hui
pour les opinions rigides de leur ancien
maître Brown, & une autre fuit Robinfon.
Les premiers ont retenu le nom de Séparatijles, &
les derniers ont pris celui defemi-Séparatiftes; mais
enfin ils ont dégénéré en Indépendans; 6c c’eft le nom
ordinaire qu’on leur donne tant en Angleterre que
dans les colonies angloifes.
Hornius fait mention d’une autre claffe de Sépara-
tijles qu’il appelle fefquï-Séparatifles, c’eft-à-dire, Séparatijles
& demi. Quelques-uns prétendent que c’eft
une fefte particulière ; mais d’autres foutiennent qu’elle
n’eft pas différente des femi-SéparatiJles ; car ils
difent que ces derniers , fous prétexte de tenir un
milieu entre les Browniftes 6c les Anglicans , allèrent
beaucoup plus loin que les Browniftes même ,