«30 SUE Si que le :vïai pouls de la fueur eft p lein, fouple, développé,
fort 3 que quelques pullations s’élèvent au-
delÈis jes unes des autres , 8c vont en .augmentant
jufqtià la .dernier« qui fe fait diftinguea: par une dilatation,
8c une fouplefle plus marque^ que dans les
autr.es pullations. Recherches fur le pouls, chap. xyj.
II. lies futurs n’annoncent pour l’ordinaire un
fymptome ou un accident déterminé que de concert
ayeç qiielques autres fignes, 8c dans certains cas particuliers.
Ainfi les futurs abondantes font rangées
parmi les principaux fignes d’une fuppuratiotî déjà
faite dans la poitrine ,prognofi. lib. II. n°, 5q -. &Ç oa
obferve dans ce cas que les fiieurs commencent à fe
faire par la poitrine , 8c qu’elles y font toujours en
plus grande quantité; ce qui vérifie encore l’axiome,
qui dit que le liege du mal eft dansja partie par ou
le fait la futur, aphor. 38. lib. IV. ou les futurs copi
eufes, chaudes ou froides continuelles font un ligne
que la maladie fera longue 8c même dangereufe, ou
ue le corps a trop d’humidité , & en ce cas elles indiquent
les purgatifs émétiques , fi le fujet eft ro-
bufte ; .cathartique, s’il eft d’une c.omplexion dek-
cate ; Se fi ces caufes n'ont point lieu , ces fueurs dénotent
que le malade mange trop , aphor. 4a. 56.
lib. V il . La fievre aiguë accompagnée de futur fur-
venue à un malade dont l’efprit n’eft pas tranquille,
annoncent 8c déterminent la phrénéfie, prorrhet. l.I .
fecl, i.n ° . \y. les futurs qui paroiflent avec des trem-
blemens convulfifs , indiquent leur retour, ibid; fiel.
3. n°. »3. des légères futurs, îçifyuT/ç, avec douleur
de tête 6c çonftipation précèdent & préfagent les
convulfions , ibid. n°. 23. ramollifîement de la langu
e , dégoût, futurs froides à la liiite d’un dévoie^
ment, font des fignes de vomilfement de matières
noirâtres, coac.proenot. c. vij. n°. 4 .
III. Les fueurs qui fournifîent un prognoftic fâcheux
, ou même qui donnent lieu de craindre la
mort, font en général celles qui paroiflent avant la
coftion , par conféquent aucun des jours critiques
qui n’apportent aucun foulagement, qui font en trop
petite ou trop grande quantité, qui ne font que partielles
, qui font froides 8c fétides , & qui enfin font
accompagnées de fignes pernicieux ; la futur qui
commence en même tems que la fievre dans les maladies
aiguës eft très-mauvaife, coac. pranot. c. xxvj.
n°. 3 . elle annonce une crife imparfaite 8c très-labo-
rieufe, tpidtm. lib. II. n°. 2. 'Waldfmid aflïire que les
futurs abondantes qui viennent au commencement
des petites-véroles, ôc qui font accompagnées de
beaucoup de foiblefle, font mortelles ; les futurs qui
n’ont aucun bon effet, font fenfées inutiles, fi elles
n’ont d’ailleurs aucun mauvais cafa&ere ; mais elles
deviennent dangereufes, fi elles font trop abondantes
> ce qui peut arriver de deux façons , ou fi dans
peu de tems elles coulent en grande quantité, ou fi
elles perfiftent trop long-tems 8c font continuelles.
Les fiieurs abondantes qui fatiguent font toujours
mauvaifes ; fi la fievre ne diminue pas , elle en devient
plus longue, aphor. 56. lib. IV. lorsqu’elles font
abondantes 8c chaudes, le danger eft moins grand
que lotfqu’elles font en même tems froides, aphor.
42, ibid. La plupart de ceux qui tombèrent malades
pendant la conuitution peftilentielle décrite, tpidtm.
lib.III.fecl. 1 i.n ° .i8 .moururent ou traînèrent long-
tems , les friflbns étoient fréquens , la fievre aiguë
6c continuelle, 6c les futurs copieufes prefque toujours
froides paroiffoient dans des tems peu convenables.
Pythion eut le jour de fa mort le dixième de
fa maladie une extinôion de voix , un froid v if, la
fievre très - aiguë 6c des futurs abondantes , ibid.
agr. 3 , Les futurs furvenues même les jours critiques
, fi elles font fortes , abondantes 6c rapides ,
font dangereufes ; il en eft de même , fi elles fortent
du front comme des gouttes ; 6c fi elles font froides
S U Ë èc çopiieiifes $ elles ne peuvent pàfoittè ainfi fans
beaucoup d’effort 6c de violence, aphor. 4.- lib. VIH.
Ceux qui* après le friflon, ont des fueurs abondantes*
font itrès-dangereuiement malades * coac. preen. c./%
nQ. Lesjueurs.aflidues * continuelles font toujours
fymptomatiq.ues 8c mauvaifes* quand même
plies ne feroient pas fort abondantes. Le phrénéti-
que , dont parle Hippocrate dans fes épidémies, lib.
III. fecl. cegr. 4. vomifloit des matier.es -virulentes,
avoit une fievre mêlée de friflon 6c des futurs continuelles.
Ce fymptome eft très: ordinaire, 8c mortel
dans le troifieme degré de phthifie 6c dans les cou*
fomptions : les futurs qui- ceflent trop-tôt, ou qui
font trop légères , les déjkdadons, hfuS'wnc, ne font
pas moins dangereufes que les précédentes. Galien
a fort judicieufement remarque que les fueurs qui
ont commencé à paroître 6c qui ceflent enfuite tout*
à-coup, font très-mauvaifes , comment, in prorrhet.
lib. 1. Ceux qui ne futnt que peu , 8c fur-tout aux
environs de la tête dans les maladies aigiiës, 6c qui
font inquiets, font dans un danger preflant, fur-tout
fi les urines font en même tems noires ; il en eft de
même, s’ils ne peuvent dormir 6c fi la chaleur re*
v ie n t , prorrhet. lib. I .f e ü .n . n°. 18. &■ $$. D e légères
fiieurs font fut-tout pernicieufes , fi elles fe font
avec refroidiffement à la fuite d'un faignement de
nez , ibid. fiel. I I l. n?. 34. Si elles fuccedentà des
horripilations fréquentes qui paflènt& qui reviennent
fouvent, à des friflbns qui accompagnent l’af-
foupiflement, l’ardeur du vifage 6c les douleurs de
tête ; fi elles fe rencontrent avec lafîitude , obfcur-
eiflement de la v u e , vieille tou x , & fur-tout fi ces
malades font promptement rechauffés , ôc lorfque
ces fueurs légères paroiflent après un friflon fuivi de
réfroidiflement, avec douleur de tête 6c du c o l, 8c
perte de voix , les malades meurent avec une gêne
dans le gofier, qui empêche la libre fortie de l’air,
com. pranot. c. j . n°. / 2. 8. y. 3 5. 36'. 41. 42.
Le refroidiffement ou le friflon qui luccedent à ces
légères fueurs , les rendent prefque toujours mortelle
fur-tout s’il y a de fréquentes alternatives de
friflbns 6c de fueurs, le ventre fe relâche à la fin, 6c
il fe fait des fuppurations, ibid. n°-, n .& 41. On peut
voir combien fréquemment le friflon qui fuit 8c intercepte
les futurs , annonce 6c précédé la mort des
malades , dans les hiftoires de la femme de Droméa-
dus, tpidtm. lib. I . n°. 3 4, p, 11. de la fille d’Eurya-
no&é, du jeune homme qui demeuroit au marché
des menteurs , ibid. lib. III. fecl. I. cegr. 6. & 8. de la
femme de Théodore , de celle d’Euxenius 6c d’Arifi
tocrate, tpidtm. lib. VII. n°. 45, &c. Autant lesfueurs
générales font avantageufes, autant celles qui n’ont
lieu que par quelque partie du corps , par le front,
la tête, le col 6c les clavicules, la poitrine >&c. font
ütneftes 6c de mauvais augure , tous les malades dans
lefquels Hippocrate a obfe.rvé ces fueurs partielles
font morts, aufli les met-il au nombre des fignes qui
cara&érifoient dès le commencement les fievres ardentes
qui dévoient avoir une terminaifon peu favorable
, tpidtm. lib. I.paffim. Les fueurs froides font
les plus pernicieufes de toutes, fur-tout fi elles ne
font pas générales 9 progno(l. lib. I. n°. 18. on les obferve
fouvent dans les derniers tems des maladies ,
lorfque les malades font prêts à rendre le dernier
foupir ; fi elles fe rencontrent avec une fievre légère,
elles n’annoncent que de la durée ; mais fi la fievre
eft aiguë, elles dénotent une mort prochaine, aphor.
3 y. lib. IV. elles viennent quelquefois à la fuite de?
déje&ions noires , coac. preen. c. xxviij. «°. 43. ’Phi-
lifcus eut le cinquième jour des futurs froides , 8C
mourut le lendemain. Dans Silenus, après l’apparition
de ce fymptome , la mort fut plus lente, mais
non pas moins certaine , epidtm. lib. I. «°. 2 4. 6*.
z 5. cegr. 1. & z . Enfin quoique les futurs n’ayent au-
S U E
'Cime tnauVaife qualité , fi elles paroiflent en ttiêmê
tems que d’autres fignes fâcheux, elles contribuent
à confirmer le prognoftic de mort, fur-tout fi elles
ne diflipent point ces accidens. Ainfi la femme d’O-
lympiade avoit la voix éteinte, l’orthopnée , mau*
vaife couleur, & fitoit principalement des jambes Ôc
des piés , elle étoit déjà à l’agonie 6c dans les bras
de la m ort, ibid. lib. VII. n°. 3 6. Erafinus dont la
fueur étoit jointe à des convulfions, 6c qui avoit les
extrémités froides 6c livides , mourut le cinquième
jour, ibid. lib. I I I . fecl. 3. agr; 8. d’oîi l’on peut conclure
que , quoique lès fueurs foient des fignes aflez
certains par elles-mêmes, on rifqueroit fouvent de fe
tromper fi l’on s’en tenoit à ce feul figne, 6c l’on voit
la néceflité de combiner tous les fignes pour pouvoir
porter un prognoftic à peu-près certain, c’eft-à-dire
qui ait beaucoup de probabilité : toutes les parties
de la feméiotiqut fe prêtent un appui 8c une force
réciproques ; on ne peut, fous quelque prétexte que
ce foit, s’exempter de les approfondir toutes avec
foin, la moindre négligence fur ce point eft impar-
donnâble ; elle peut tourner au déshonneur du médecin
coupable, 6c qui pis eft au détriment du malade
innocent, (m)
SUEUR ANGLOISE , ( Médecine pratiq. ) maladie
particulière aux Anglois, dont la futur eft le fymptome
principal, 8c l’unique remede; elle eft connue
dans les différens auteurs fous les noms de fievre fuda~
toire, iS'paTruptràç, de pefle britannique , d’éphemtrepeftilentielle
, defuttte, 6cc.
Cette maladie épidémique en Angleterre, n’y a
pas été de tout tgms ; l’époque de fon invafion dans
ce pays, n’eft pas bien déterminée : les écrivains qui
la font remonter aux temps les plus reculés, ne la
plaçent pas avant l’année 1480 ; tels font Surius ,
Cambden, Caïus, 8c Childrel: d’autres prétendent
que cette maladie n’a commencé a faire des ravages
qu’au commencement du fixiemefiecle ; mais ces
prétentions font détruites par les témoignages pofi-
tifs des premiers, qui ne s’accordent cependant pas
entr’enx fur l’année précife de fon invafion. Lé fen-
timent le plus commun, 8c qui paroît le plus fu r ,
c’eft celui de Caïus , qui afîiire que la futur angloife fe
répandit pour la première fois, en 1483 , dans l’armée
d’Henri VII. roi d’Angleterre-, dès qu’elle fut-
abordée au port de Milfort, dans la principauté de
Galles ; elle gagna enfuite Londres , oîi elle attaqua
6c tua un grand nombre de perfonnes, depuis le premier
Septembre jufqu’à la fin du mois d’Oftobre,
alors les fiieurs fe calmèrent, 6c l’on n’en refîentit aucune
atteinte jufque à l’été de 1485 ; depuis elle
reparut en 150 6 ,6c en 1 5 1 8 ,6c cette année elle fut
fi violente , qu’elle empôrtoit en trois heures les malades
; aucun fexe, aucun âge , aucune condition ,
n’échappa à fes coups , plufieurs villes furent entièrement
dépeuplées: elle revint avec un peu moins de
furie en 1518 ; cepèndant les-malades qui en étoient
attaqués fuccomboient en moins de fix heures à la
violence du mal ; elle prit la plûpart de fes viétimes
fcparmi les gens de confidération: Henri VIII. régnant
alors , ne fut pas à l’abri de fes fureurs , il en fut
frappé en 1 529. ce fut alors qu’elle fe répandit dans
les contrées maritimes de la Hollande, de la Zélande
, enfuite à Anvers ; de-là , dans la Flandre 6c le
Brabant, 6c immola dans tous ces pays , des milliers
d’habitans ; elle infefta aufli quelques provinces d’Allemagne
., 6c imterrompit à Marpurg le fameux colloque
deZuingle 8c de Luther, 1 ur l’euchariftie. En- •
fin cette terrible maladie reparut en 15 51 , avec tant
de violence , qu’il mourut dans un feul jour cent-
vingt perfonnes à AVeftminfter. Ses ravages furent
•encore plus affreux à Shrewsbury, féjour du célébré
Caïus , de qui nous tirons ces détails : ce canton fut
prefque entièrement dépeuplé. Les Anglois effrayés
â'vèÇfaifon dit dangef prochain qu'ils eôüfôîént*Êhci>
choient leur falut dans la fuite > rerftede àflitfé dàfil
les autres épidémies ; mais Ce fut inutilement * )â
malles fui voit 6c les attaquoit paniculieretnènt dans
les pays 911 ils fe féfugioient; eux feuls étoient fü»
jets à cette maladie , les autres nations n’en éproit*
voient aucune atteinte * 6c fuivant les obfervatioftS
bien conftatées, aucun étranger voyageant ou établi
dans leur pays, n’en fut attaqué.. Ce fut cette anriéâ
que l’épidémie épuifa fes fureurs ; l’Angleterre en a
cté depuis ce tems exempte jufqu’à préfont*
Les fymptomes qui âCcompagnoient la futur àh*
gloife étoient différens dans prefque tous les fujets i
elle s’annonçoit le plus ordinairement par une dou-*
leur dans quelque partie, dans le c o l, les épaules,
les bras, les jambes, &c. ou par une efpece de vapeur
chaude qui parcofiroit ces parties ; peu après une cha*
leur brûlante fe répandoit dans l’intérieur, le malade
étoit tourmenté par une foif inextinguible * par des
inquiétudes , des langueurs d’eftomac , des maux de
coeur, quelquefois il furvenoit des von'iTemens ; à
ces accidens fuccédoient plus ou moins promptement
des douleurs de tête , le délire, une langueur'
extrême , un penchant infurmontable au fommeil,
le pouls devenoit vîte 8c véhément, 6c la refpiration
fréquente 8c laborieufe; ces fymptomes étoient tout-
à-coup fuivis d’une fueur plus ou moins abondante,
qui venant enfuite à cefler, jettoit les malades dans
l’affaiflement avant-coureur de la mort prochaine ;
dans les différentes conftitutions épidémiques , 85
dans les différens fujets, la rapidité avec laqueile tpus
ces phénômènès.fe fuccédoient, varioient extrêmement
; en 1518 , les malades avoient efliiyé tous ces
accidens, 6c étoient morts en trois heures; en 1 528,
leur durée s’étendoit jufqu’à fix heures ; en général
les malades n’étoient pas fans danger jufqu’à ce que
les vingt-quatre heures fuflent expirées ; c’étoit-là le
terme le plus ordinaire de la (iteurangloife, qui l’avoit
fait pefie éphémère. On a obfervé que lorfque
fes coups étoient modérés 6c portés ce femble avec
choix, ils ne tomboient que rarement fur les pauvres
, les vieillards , les enfans, les atrabilaires, 6c
les perfonnes d’une conftitution foible-6c délicate i;
les crapuleux, les perfonnes fanguines,• celles qui
faifoient un grand ulage du la it , étoient les premières
victimes de fa fureur.
Plufieurs objets s’offrent ici aux recherches des
théoriciens , i° . quelle eft l’origine de cette maladie
, la caufe de fon invafion en Angleterre ; 2°.pour-’
quoi eft-ellë fi aiguë ; 30. pourquoi n’exerce-t-elle fes
fureurs que fur le fang anglois, &c. Prefque tous les
auteurs qui en ont écrit, Herman comte de Nvénare,
Riquinus, 'Schiller , 6c Alexander Benedi&us , s’accordent
piélifement à regarder cette maladie comme
un des fléaux par lefquels un Dieu irrité exerce fa
vengeance fur les criminels humains. La fueur an?loi-
fe a été principalement.deftinée à punir l ’incrédulité,
fans doute plus familière aux Anglois , fuivant ces
vers de Pherntophius.
........................Coeleflia numina nobis,
Nil funt quam nuga, fabula, verba, jocus ;
Inde famés nobis , pelles , mars denique fontem
Hinc etiam inclcmens iS'ùonfvpiroç habet
Savum horrendum atrox gtnus immedicabile morbi9
Noflra perfidiæ debitum , &c.
Et en partant de ces principes,on explique parla *
volonté de ce même D ieu , tous les autres phénomènes
de cette maladie , 6c fur-tout fon endémicité en
Angleterre ; mais ces explications ne fauroient fatis-
faire lçphilofophe médecin, quoique infiniment per-
fuadé que Dieu eft l’auteur 6c la première caufe de
tous les effets , parce qu’il fait que pour les opérer,
l’Etre fouverain fe fert des moyens phyfiques dont