7 60 S Y N Ces caufes font les mêmes que celles de l’éphe-
•jnere , mais plus confidérables a-proportion des humeurs
retenues, ôc des forces du corps plus foibles
pour en produire la coftion ou l’expulfion : de-là
vient que ces fymptomes durent plus long-tems, Ôc
que fi la coftion de la maladie ne fe termine pas au
bout des quatre jours, la fante revient avec peine ,
Ôc quelquefois cette fievre fe change en Jynoque putride.
Il faut modérer la chaleur febrile par des boif-
■ fons antiphlogiftiques , rafraîchiflantes , délayantes
& diurétiques. La faignée ne convient que dans la
pléthore fanguine, ôc les purgations ne doivent être
employées que dans une furabondance d humeurs ,
qui exigent cette méthode curative d ’évacuation par
les felles. La fievre fynoquc putride demande au contraire*
des ïemedes adminiftres par des mains habiles
& prudentes. Voyc^ S y n o q u e p u t r i d e . (Z>. / .)
S y n o q u e p u t r i d e -, (Medec. ) fievre continue
fans fémiflion , ôc accompagnée de putréfaction.
Nous n’entrerons pas dans le détail des differentes
caufes de ces fortes de fievres continues , accompagnées
de putréfactions dans les humeurs. D ’ailleurs,
lelon les différentes conftitutions des malades , félon
les différons degr.és d’acrimonie, ôc félon la quantité
des humeurs viciées, la même caufe peut produire
dans la même maladie différentes complications plus
ou moins dangereufes. Mais quand les Médecins con-
noîtroient même ces caufes , ils n’en apperçoivent
que les qualités fenfibles ; ils ignorent la nature de
leur malignité,parce qu’elle eft inaccefîibleauxfens ;
elle leur eft feulement indiquée ôc tres-obfcurement
par ces effets : ainfi étant réduits à tâtonner, ils fa-
vent uniquement que toute irritation des nerfs capable
d’accélérer exceflivement l’aftion des arteres,
produit la.fievre , ôc que lorfque cette irritation eft
caufée par quelque fubftance héterogene melee avec
les humeurs, la fievre ne peut fe terminer que par
la correCtion, ou par l’expulfion de cette fubftance
nuifible, quelle qu’elle foit. On ne connoît point
dans les fievres continues de remedes capables de
corriger les mauvaifes qualités d’une telle caufe ; ce
n’eft que l’expérience qui leur apprend quand ils doivent
provoquer l’expulfion de cette caufe, ôc par
quelle voie elle peut être expulfée. Eh ! qui ne fait
combien cette expérience eft fautive ? Cependant il
faut fe borner là , tant que les hommes feront privés
de remedes fpécifiques , capables de corriger ou de
détruire immédiatement les mauvaifes qualités des
caufes qui produifent la Jynoque putride.
Les caraâeres de cette fievre , font une chaleur
vive Ôc mordicante , qu’on remarque diftinCtement
quand on touche long-tems la peau du malade , un
pouls inégal ôc un peu concentré ', fur-tout dans le
commencement de la maladie ; les urines font, à la
fin des exacerbations, un peu plus chargées, ôc d’un
rouge plus foncé que dans l’ etat naturel : cette ef-
pece de fievre commence ordinairement par un fril-
fon , ce qui la diftingue d’abord de la Jynoque fim-
ple , oit ce friffon eft plus rare.
Souvent cette fievre èft accompagnée de quelques
épiphénomènes fpafmodiques ; tels font au-moinsla
dureté, l’inégalité, le refferrement du pouls , l’anxiété
, les inquiétudes, la douleur de tê te , des douleurs
dans les lombes , dans les membres, quelquefois
même le délire , ou l’affoupiffement dans le fort
des redoublemens ; mais ordinairement ces affeCtions
font moins graves que dans les fievres malignes : elles
fuffifent cependant pour faire diftinguer dès le commencement
la fynoque putride d’avec la fynoquc
(impie.
Ces épiphénomènes plus ou moins variés, diver-
fifient beaucoup de ûevresfynoques ; c’eft pourquoi
les auteurs n’en donnént guère une defcription
«xaCle, ôc même d’autant moins exafte , qu’ils ont
S Y N attribué à la fievre même tous ces épiphénomènes
qui lui font étrangers , ôc qui font des complications
de maladie. Il fuffit d’appercevoir, par tous les fignes
qu’on vient d’expofer , que la fievre n’ eft pas troublée
par cette complication à un degré oii la coftion
ôc la crife ne pourroient pas s’accomplir : ainfi nous
nou£ bornons préfentement à la cure particulière de
cette fievre en général.
La fynoquc putride finit rarement avant le quatorzième
jour ; elle s’étend fouvent plus loin , ôc pà-
roît devenir plus forte en s’approchant de (afin; mais
la coCtion s’opère alors plus fûrement, ôc ce n’eft pas
un mauvais préfage.
L’ufage des boiflons farineufes ôc des bouillons 1er
gers délayés dans beaucoup d’eau,ne conviennent pas
mal au commencement de cette fievre ; mais les ti-
fanes légères faites avec les racines apéritives , la re-r
gliffe , les pommes de reinette , les aigrelets Ôc les
fels neutres , forment une boiffon encore meilleure
pour tempérer la chaleur d’acrimonie. Comme il s’agit
de laver les humeurs, ôc de les entraîner principalement
par la voie des urines, il faut rendre les
boiflons légèrement apéritives ,afin d’exciter l’aftion
des excrétoires qui lés féparent de la maffe des hur
meurs. On doit juger ici combien les remedes aftifs,
tels que les cordiaux, les fudorifiques, <$*c. feroient
dangereux dans cette forte de fievre , où ü s’agit
d’humefter ôc de relâcher les folides , en évitant
toute irritation.
La faignée n’eft un remede eflentiel que quand la
fievre eft accompagnée d’une pléthore fanguine.
Lorfqu’il y a dans les premières voies des matières
dépravées , l’indication de les évacuer eft très-prefi
fante, au commencement même de la fynoquc putride
, pourvu néanmoins qu’il n’y ait aucun froncement
fpafmodique remarquable , ni aucune difpofi*
tion inflammatoire dans les entrailles. Alors il faut
répéter la faignéé, recourir aux lavemens , à l’huile
d’amandes douces , ôc au petit lait en grande quans
tité ; enfuite dans les jours de rémiflion , on pourra
recourir aux potions laxatives.
La continuation des remedes tempérans ôc hit-
meftans , doit être proportionnée à la dureté , à la
contraction du pouls ôc à la violence de la fievre.
Sydenham étoit lui-même très-attentif à n’employer
ces derniers remedes qu’autant qu’ils étoient nécef-
faires ; car l’infuffifance de la fievre pour la coftion ,
lui paroifloit avec raifon une difpofition fort oppofee
à la guérifon de la maladie. Il faut coiifulter ce grand
médecin, ôc bien profiter de fes lumières, auxquelles
il faut joindre les écrits de Baillou , ouvrage que les
Médecins françois lifent peu , ôc dont ils fuivent encore
moins les excellens préceptes. (D .J . )
SYNOSTÉOGRAPHIE , en Anatomie. Foye^ Sy *
NO STÉQLO G IE ,
SYNOSTÉOLOGIE , ou la S y n o s t o s e , ou la
SYNO STÉOGRAPHIE , f. f .feu fynofiojîs , fynojleo-
g raphia, ( Anatomie. ) c’eft la partie de l’Oftéologie
qui traite de la connexion des os. Bocrh.
Ce mot eft formé du grec aw , avec , otvtoi, os ,
Xoytç , traité de Varticulation des os.
SYNOVIAL , l e , a d j . en Anatomie, c e q u i app
a r tien t à la f y n o v ie .
Les glandes fynovialcs font du genre des conglomérées
, ôc font placées dans les cavités inégales des
articulations des o s , de forte qu’elle peuvent être
légèrement comprimées fans être écrafees.
Clopton Havers paroît être le premier qui nous
en ait donné une defcription exafte : de-là elles ont
été nommées haverienes.
Humeur fynoviale. Voyc{ S y -NOVIE.
SYNOVIE , ( Phyjîolos. Mêdec. ) en latin muet-
lago ; liqueur mucilagineufe qui fert, tant qu’elle e^ft
S. Y N' dans fon état n aturel, à oindre ôc à lubréfie? les- 11-
gàinens ôc les cartilages des jointures.
. . . .Clopton Hayers.eft le premier des modernes qui
ait exaftement décrit l’origine Ôc la nature de la Jynovie.
Il nous a fait connoître qite cette humeur one-
îueitfe eft compofée de la matière générale de la tranf-
piration , ôc de l’huile médullaire qui vient des cellules
fituées aux jointures des ôs.
Cette liqueur mucilagineufe eft fournie par des
glandes dilpofées dans l’articiilation, de maniéré à
pouvoir être- légèrement preflees , mais non point
détruites par fon mouvement. Toutes les fois que
cette-liqueur eft la plus néceffaire, c’eft-à-dire > que
Jesmouvemens font les plus fréquens , il s’en fépare
une plus grande quantité. Ces glandes font molles ôc
mucilagineufes , fans être friables ; elles font pour la
plupart conglomérées c’eft-à-dire , qu’il fe trouvé
un grand nombre de petites glandes enveloppées
d’une membrane commune. Leurs conduits excrétoires
empêchent les obftruftions qui pourroient fe
former dans le corps de la glande , Ôc facilitent le re*
tour de cetteiiqueur, quand elle eft en état d’être.reçue
par les vaifleaux abforbans, qui doivent fe trouver
dans les articulations aufli-bien que dans les autres
cavités, du corps. :
On peut; en preflant ces glandes avec les doigts,
faire fortir.dé leurs excrétoires la liqueur mucilagineufe
, qui reffemble quelquefois au blanc d’oeuf,.ou
à la férofité du fang, ôc dont le goût eft manifefte-
ment falé. Elle ne fe coagule point à la chaleur,
comme la férofité ;■ mais elle devient plus claire , ôc
ne laiffe ,.après qu’elle s’eft évaporée, qu’une pellicule
déliée , d’un .goût falé. Certains fels produifent
le même effet fur elle que fur les .autres liqueurs de
notre corps, car les acides la coagulent, ôc les al-
kalis-l’atténuent.
La quantité de cette liqueur mucilagineufe doit
être considérable x fi l’on en juge par l’écoulement de
fynovie qui.accompagne les plaies ou les ulcérés des
articulations , ôc dont ce mucilage, compofe la plus
grande partie.
Les vaiffeaux qui fourniffent les liqueurs dont ce
mucilage.fe fépare , n’ont pas befoin de préparation
pour être vus ; car on n’a pas plutôt injefte les artères
, qiie, les glandes en paroiffent toutes couvertes.
Ces glandes n’ont aucune fenfibilité, tant qu’elles
font dans un état fain : mais on y fent des douleurs
cruelles , lorfqu’elles s’enflamment ôc qu’elles viennent
à fuppuration, ce qui prouve qu’elles ont des
nerfs.
Ces glandes mucilagineufes font ordinairement logées
dans une fubftance cellulaire , quife trouve pareillement
dans d’autres parties du fac formé par les
ligameas des articulations, ôc contiennent une matière
onftueufe, qui doit néceffairement être atténuée,
ôc pouffée à'travers les membranes qui l’enferment
dans la cavité de l’articulation, par la pref-
(ion qu’elles fouffrent de la part des os< qui fe meu-
.Vent.
Cette matière onftueufe de la fubftance cellulaire,
mêlée avec la lymphe fubtile qui s’écoule continuellement
des petites artères diftribuées dans les liga-
mens, eft extrêmement propre à entretenir la fléxi*
bilité des parties qui compofent les articulations, à
les faire gliffer également les unes fur les autres, ôc
à empêcher qu’elles ne s’échauffent, de même que le
vteux-oing dont on graiffe les roues des chariots, les
empêchent de s’ufer ôc de s’échauffer. Après que cette
liqueur des articulations a été fuflifamment atténuée
, elle rentre dans la maffe du fang par les vaifi
féaux abforbans qu’ont les articulations.
S’il arrive par quelque caufe que ce. fo it , que la
Jynovie ne foit point, diflipée, repompée ou fuffifam-
ment broyée entre les os , elle s’accumulera peu-à-
Tonie XV~.
S Y" N 761 peU* remplira la cavité de la. jointufe ^ Ôc ôtera aùX
os articulés la liberté du mouvement ; cependant là
partie la plus fubtile de ce mucilage fe diflipeta y ÔC
conféquémment le refte acquerra de la cônfiftance.
Comrpe le mouvement de la jointure eft la caufe
principale dê ladifiipation de,ce mucilage, aprèÿqlt’il
a rempli la deftinatiort ; le mouvement étantgêti'é OU
.totalement détruit, le mucilage s’acc tiniulera tla va ri»
tage, ôc le mal deviendra incurable, tant par l’épëif»
fiflement. de la liqueur ,.qué.par l’acrimonie qu’elle
acquerra dans la ftagnation , .ôcqui rongera les fùr»
faces cartilagineufes. des os, ôc les ligamens dontle’s
jointures font entourées. ■
- On reconnoît cette maladie par une tumëù^ à là
jointure qui eft d’abord molle, ôc qui s’étend peit-à-
peu. L’articulation du genou y eft plus fujëtte qu-’iine
autre. Hippocrate dit, AphonP.5 ~.fcct. 5. qu’on lbti-
lagera confidérablement ceux qui ont des tumeurs ôc
des douleurs aux. jointures fans ulcères, en verfant
deffus une grande quantité d’eau froide. Des Médecins
célébrés ont adopté depuis peu cett^é pratique.
Peut-être eft-elle capable-de produire dos effets lalu«
taires lorfque le mal commence, en reffèrrant fùbite^
ment les parties.par le froid qu’on leur communiqtrè1,
ôc en contraignant ainfi l’humeur qui s’accumulé'à
fe difliper, pourvu qu’elle foit fuffifamment Htïicléi
Mais fi l’humeur eft déjà épaiffe ; fi elle eft en grandè
quantité, il n’eft guere vraiffemblable que l’eau froide
puifl’e procurer un vrai foulagement.
On aura récours avec plus de luccès aiix friftionsV
au mouvement de la jointure affeftée, auX fômëritÿ-
tions pénétrantes de v in , de fel; de vinaigre ôc d’üri^
ne de perfonnes faines, avec une addition de plantèk
aromatiques, comme le marrùbe, le fcordiitm Ôc la
rue, ôc aux cataplafmes préparés de'fubftances 'fem-*
blables. Dans les cas opiniâtres , fes embrocations
d eaux chaudes minérales, ou qu’ori fera tomber lentement
ôc. de haut fur la partie affeftée, foulageront
beaucoup ôc guériront quelquefois radicalement. Au
défaut d’eaux minérales, on fe fervira des fomentations
pénétrantes., ôc l’on en ufera même en forme
d’embrocation.^
Nous lifons dans Ie traite dès maladies des O s , dé
M. Petit, qu’on obtiendra les mêmes effets avec l’eau
de chaux v iv e , ôt une leflive de fel ammoniac vérfée
de haut fur la partie affeftée ; car l’ëau de chaux vive
ôc la leflive de fel ammoniac, donnent fur le champ
un efprit de fel ammoniac très-pénétrant, qui pafle
avec raifon pour un atténuant des plus énergiques*
Mais fi la quantité de la fynovie accumulée eft fi grande
, qu’elle ne puiffe être diflipée par ces moyens ; M*
Petit veut que l’on découvre la partie la plus baffe
de la tumeur avec une lancette, qu’on pénétré jufqu’à
la cavité de l’articulation ; qu’on en fafle fortir la liqueur
qu’elle contient, ôc qu’on achève la cure avec
les remedes dont nous venons de faire mention;
S’il arrive par quelque caufe que ce foit, que les
ligamens fe roidiflent, il y aura immobilité, qtiand
même toutes les autres parties de la jointure feroient
dans leur état naturel. Cette immobilité fera fuivie
d’une tumeur parce que la Jynovie accumulée dans la
cavité de la jointure ne fera point diflipée par le mouvement
, d’oii il s’en fuivra une ankilofe parfaite.
Toutes les caufes capables de produire trop de roi-
deur dans les fibres folides, ou même dans les vaiffeaux,
peuvent donner lieu à l ’ankylofe.
Aufli voyons-nous, que prefque toutes les perfonnes
fort âgées, ont de la roideur ôc de l’inflexibilité
aux jointures ; ce qui provient en partie de la difette
de l’huile graffe deftinee à la lubréfication des o s , en
partie de la callofité,. ôc quelquefois de l’oflification
de ligamens. On remarque la même chofe dans les
hommes qui ont été occupés à des travaux v iolens,
avant que d’arriver à un grand âge ; l’excès du mou-
D D d d d
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