ce nom ; c’ eft encore celui qu’on donne à ces hôtelleries
publiques , oîi vont loger les caravanes ; car
on les appelle caravanferai ou carvan- ferai. Quelques
uns écrivent ce nom par un k ; d’autres, comme
Thevenot, dans fon voyage des Indes, écrivent
qutrvan-ferai ; un ufage vicieux a prévalu , & décidé
pour ferrai f , lorfqu’il s’agit d’un palais des fouve-
rains orientaux, & fur-tout de ceux où leurs femmes
font enfermées. Voye[ Serr ail. (JD. J.)
Serai f ou Sa r a i , ou Su l t an -Sa r a i , o«B a -
CHA-Serai , ( Géogr. mod. ) ville duCapchac, fur
le Volga,où le kan faifoit fa réfxdence ; mais les Ruf-
fes ont ruiné en 1736 cette v ille , ou plutôt ce pa-
lais. Long. 81. lat. 62. (D. J.)
SERAN, f. m. ( Tiprand. ) outil à préparer les
chanvres, les lins, les orties, & autres plantes dont
les tiges font pleines de filamens, pour les mettre en
état d’être filées.
Les ferans font des ais en forme de grandes cardes,
armés de dents de gros fils-de-fer, à-travers defquels
on fait paffer ces plantes,après qu’elles ont été auparavant
groflierement concaffées avec un infiniment de
bois. Ces deux apprêts qui les réduifent en filaffes &
en état d’être filées au rouet ou au fufeau , ne fe donnent
que lorfqu’au fortir de l’èau où elles ont été
rouies , on les a bien faitfécher au foleil, ( D . J.)
- .Seran, le , (Géog. 77zo<f.) petite riviere de France.
Elle prend fa fource dans les montagnes de Michaille,
vers le grand abergement, court dans le V alromey,
& fe perd dans le Rhône , au-defious de Roche-
fort , à fept ou huit lieues de fon origine. (D . J.)
. SERANCER , v. a£L ( TippinJerit. ) c’eft faire
paffer les chanvres , lins, orties & autres matières
propres à être filées par les ferans. Les chanvresje-
rancés , ce font les chanvres qui ont reçu cet apprêt,
& qui font réduits en filaffe. Les dents du fetan doivent
être plus ou moins ferrées, félon la fineffe dont
on veut que foit le chanvre.
On a ordinairement plufieurs ferans de différente
grandeur. Quand on veut ferancer, on les attache au
bout d’une table, fur un efcabeau , ou autre uftenfile
de ménage ;le principal eft qu’ils foient fermes ; on
paffe le chanvre plufieurs fois à-travers de ces pointes
de fer; 8c quand il eft bien peigné, bien propre 8c
bien clair , on le met en botte pour le vendre à tne-
fure qu’on enferance ; ou-bien on le file , foit à grand
rouet, à la quenouille , ou au fufeau, fuivant les dif-
férens ufages auxquels on le deftine. ( D .J . )
SERANCOLIN, m a r b r e , ( Litholog.) le marbre
ferancolin eft un marbre ifabelle & rouge , ou
couleur d’agathe des Pyrénées. La carrière d’où on le
tire eft dans la vallée d’O r , proche de Serancolin, dans
l ’évêché de S. Bertrand. L ’on a été long-tems que
l ’on ne pouvoit avoir de ce marbre que par morceaux
; mais depuis que le fieur Miffon a trouvé le
fecret de fcier le marbre dans le roc avec des fcies qui
tournent à'volonté., on peut avoir toutes fortes de
marbres par grandes pièces. (D. J.)
SERANDIB ; (Géogr. mod..') nom arabe de la plus
fameufe île de l’Océan oriental. Le fchérif Al-edrifli
lui donne .80 parafanges de longueur, 8c autant de
largeur ; & le géographe perfien la met fort proche
.de la côte dés Indes , entre l’équateur 8c le premier
.climat. Tout cela nous indique que cette île eft la
même que celle de Ceylan. ( D . .J. )
SÉRAPÉON, f. m. ( antiq. d'Egypte.) temple fameux
d’Alexandrie ,ainfi nommé parce qu’on y avoit
dépofé là ftatue du dieu Sérapis.
Rufin qui étoit à Alexandrie lorfqu’il fubfiftoit encore,
nous en a fait la defcription.C’eft un lieu élevé,
dit-il non par la nature, mais de main d’homme. Il
e f t , pour ainfi dire , fufpendu en l’air. Ce vafte bâtiment
eft quarré, 8c foutenu fur des voûtes depuis
le rez-de-çhauffée jufqu’à ce qu’on foit arrivé au plainpié
du temple ÿ auquel on monte par plus de cent
degrés. Ces voûtes font partagées en plufieurs appartenons
féparés les uns des autres , qui fervent à dif-
férens minifteres fecrets. Sur ces voûtes en-dehors
font de grandès falles pour conférer, des refe&oires,
& la maifon où demeurent ceux qui ont la garde du
temple. En-dedans régnoient des portiques qui com-
pofoient une efpece de cloître au-tour de ce bâtiment
quarré. C’étoit au milieu de ce cloître que s’é-
levoit le temple de Sérapis orné de colonnes, & dont
les murs étoient de marbre.
Ptolomée, fils de Lagus, l’avoit fait bâtir, félon
Tacite , dans un lieu où il y avoit eu long-tems auparavant
une chapelle conlacrée à Sérapis & à Ifis ,
fur une petite éminence dans le quartier nommé Rha'
colis , dont il faifoit le plus bel ornement.
Théophile, p'atriarche d’Alexandrie , ayant pris
la réfolution de ruiner abfolumentlepaganifme dans
la capitale de l’Egypte, fit tout ce qu’il put pour obtenir
des ordres afin de mettre en exécution fon def-
fein. Il obtint en effet de l’empereur Théodofe èn 390,
un édit qui lui permettoit de démolir tous les temples.
L’expédition de Théophile fe fit avec tout le zele
deftrutteur dont il étoit capable , 8c il n’étoit pas
petit. Les chofes ne fe pafferent pas fans tumulte ; les
païens, au rapport des auteurs eccléfiaftiques , outres
de ce qu’on vouloit abolir leur ancienne religion,
fe retirèrent dans le Sérapéon, comme dans une citadelle
; de-là ils fe défendirent,& foutinrènt les attaques
des chrétiens. Quelques philofophes s’étoient
mêlés dans cette émeute en faveur de leurs compatriotes
; mais Théophile appuyé du préfet d’Alexandrie
8c du commandant des troupes, ayant eu l’avantage
, un grand nombre de favans du pâganifme
cruellement perfécutés , furent obligés de prendre la
fuite , & de fe difperfer dans plufieurs villes de l’empire.
On nomme entre autres le philôfophe Olympus
8c les grammairiens Ammonius & Helladius. Ce
magnifique temple de Sérapis fut détruit de fond en
comble, & quelque tems après onbâtit à fa place une
églife à laquelle on donna le nom de l’empereur Area
dius.
Ce temple avoit une bibliothèque qui devint très-
célebre, & qui n’étoit cependant qu’un fùpplément
de la bibliothèque d’Alexandrie , aufli l’appelloit-on
fa fille ; mais avec le tems cette fille devint belle &
grande; elle échappa aux flammes qui confumerent
celle d’Alexandrie. On croit que ce fut dans le Sérapéon
que Cléopâtre mit les deux cens mille volumes
de celle de Pergame, dont Marc-Antoine lui fit pré-
fent. Cette addition & d’autres que les conjonftures
amenèrent , rendirent la bibliothèque du Sérapéon
plus nombreufe que celle dont èlletiroit fa naiffance.
Pillée plus d’une, fois pendant les révolutions de l’empire
romain, elle fe rétablit toujours de fes pertes’.
En un mot, elle a fubfifté ouvrant fes tréfors aux curieux
jufqu’au vij. fiecle , qu’elle eut enfin le même
fort que fa mere , & qu’elle fut brûlée parlesSarra-
fins quand ils prirent Alexandrie l’an de J. C. 642.
( .D .J . ) H |
SÉRAPHINS, f. m. pl. ( Théolog. ) anges du premier
ordre de la première hiérarchie. Voye{ Anges
& Hiérarchie.
Ce mot vient de l’hébreu çaraph, brûler ou enflammer
; & l’on croit que ces efprits céleftes font ainfi
nommés de l’amour divin qui les confume, parce que
de tous les anges ils font les plus près du trône de
l’Eternel. Ifaie, ch. vj. les dépeint comme des anges
qui étoient au-deffus du trône du Seigneur , & qui
avoient fix aîles ; deux dont ils voiloient leur face ,
deux dont ils couvraient leurs piés, 8c deux avec lef-
quelles ils voloient. C’eft le feul endroit de l’Ecriture
où il foit fait mention des féraphins pris en ce fens;
car ailleurs' féraphins, dans l’hébreu, fe prend pour
lès fondeurs & l'es orfèvres ; 8c dans les Nombres,
l. X X I . le nôrtï déféraphin oxxfafaphirt eft donné aux
férpëns ailés qui1 firent mourir lès Israélites dans le
defert.
SÉRAPHIQUE, adj. ce qui appartient aux féraphins,
oti ce qui les imite. Boylea compofé un traité
de Yamourfèraphiqut, c’eft-à-dire de Y amour de Dieü.
Oh donne dans lès écoles le titre de docteur féraphi-
quefc S-. Bona venture , à cairfe de fa ferveur 8c de*
foh extrême piété.
S\ François d’Aflife eft appellé lepere féraphiquejziï.
mémoire ou en honneur d’une vifion qu’il eut fur le
mont Aïverne, o ù , après tin jeûne de quarante jours
8c d’autres grandes aufférités, étant en extafe, il vit
tin1 féraphin qtifd'efcen'dit rapidement dû ciel fur lui,
& Itiï imprima âuX mains , aux piés 8c au côté des
ftigmates qui repréfentoient les plaies que les doux
& la lance firent au corps de Jefus-Ghrift lorfqu’on
l'e crucifia. Voye^ St igm a te s .
SE R A P ID IS in su l a , ( Géog. anc. ) île fur la
tôte de l’Arabie heureufe , dans le golfe Sachalite,
félon Ptolomée, liv. VI. ch. vij. Elle étoit remarquable
par un temple , & étoit voifirte des fept îles
qui étoient aufli dans ce même golfe. Arrien, p: te)*
8c Oxon, dans fonPériple de la mer Erythrée , met
■ environ deux mille ftades entre elle & le continent ■,
il lui donne environ 200 ftades de largeur. « Il y a .
» dit-il, trois villages dont les habitans font les prê-
» très des fchtyophages. Ils parlent arabe, & cou-
>> vrent avec des feuilles ce que la pudeur ne per-
» met pas démontrer. Cette île a quantité d’excellen-
»> tes tortues. Les habitans de Cané ont coutume d’y
» aller avec de chaloupes & des barques ». Ramufio
Croit que c’eft aujourd’hui Pîle nommée Mari7a.
( D J . )
SÉRAPIS, ou SARAPIS (Mythol. Médaill. Infcript.
Monum. Pierres gravées & Littérat. j c’étoit un grand
cKeu des Egyptiens , connu , félon toute apparence,
par ce peuple , long tems avant les Ptolémées, félon
l’opinion de M. Cuper, qui nous paroît la plus
vraiffemblable. Tacite, hiß. liv. IV . ch. Ixxxiij. le
prétend aufli. Les Egyptiens , dit-il, nation fuperfti-
tieufe, révéroient Sérapis plus qu’aucun autre divinité:
Serapin dedita gens fuperßitiombus Juper alios
coltt.
Ce n’étoit pas feulement le dieu tutélaire de toute
PEgypte en général, plufieurs des principales villes
dé ce royaume l’avoient choifi pour leur patron particulier
, & le firent graver fur leurs monnoies en
cette qualité ; mais entre toutes ces villes , aucune
ne lui rendit des honneurs plus folemnels & plusfur-
prenans que celle d’Alexandrie. Alexandria civitas
quæ conditorem Alexandrum tnacedonem gtoriatur, Serapin
atque Ifin cultu penè attonitee verterationis obfcr-
vat, dit Macrobe , Uv. I. Saturn.
ö n l’y adoroit, félon T ac ite, comme une efpece
de'divinité nniverfelle qui repréfentoit Efculape ,
Ôfiris, Jupiter, Pluton : deitm ipfum mulù Æfcula-
pium quod medeatur oegris corponbus , quidam Oßrin
üntiquijJiniunijlUs gtntibus nunitn , plerique Jovem, ut
ferum omnium potentem, pltirimi ditem patrem infigni-
bus quee in ipfo maniftfia aut per ambages conjéctant.
On le prenoit aufli pour Jupiter Ammon, pour le
Soleil, félon Macrobe, & pour Neptune. Le bufte
de Sérapist au revers d’Antonin Pie, nous le montre,
dans Seguin, fous préfque tous ces différens rapports;
le boiffeau fur la tete , la couronne rayonnée , les
cornes de bélier, la corne d’abondance devant lui, &
derrière lui un feeptre à trois pointes entortillé d’un
fefpent, même avec la cuiraffe , comme le dieu
Mars.
On s etoit aufli formé de Sérapis une idée comme
d’un dieu unique, qui comprenoit les attributs de
toutes les autres divinités ; ce qui donna lieu aux
payens de publier que les Chrétiens & fes Juifs, qui
ne reconnoiffoient qu’un feul Dieu , adoroient Sera-
pis * c’eft ce qu’affure-l’empereur Hadrien dans une
lettre à Severianus, rapportée dans Vopifcus d’après
Flegon : i l l i , dit-il, qui S'erapin colïtnt chrifiartifunt
& qüi f e Chrijti epifeopos dicunt, unus illis Deus eft ;
hune Chrijliani, hune Judcti, hune omnes Ventraniur
& gé/ites.
C’èft à cette divinité qu’étoit confacré le fuperbe
temple d’Alexandrie, dans lequel on transféra la ftatue
de ce dieu;, que les habitans de Sinope poffé-
doient, & qu’ils adoroient fous le*nom de Jupiter Sérapis
, Plattts ou Pluton.
Il eft très-fingulier que les Alexandrins qui avoient
cette divinité chez eux pour ainfi dire , puifqu’elle
étoit la première divinité de toute l’Egypte, 1e foient
avifés de l’aller chercher-au-delà des mers, & dans
une ville aufli éloignée d’Alexandrie que l’étoitSino-
p.e , & d’adorer hvfiter-Sérapis, divinité égyptienne,
fous le'titre d’un dieu -étranger, favoir fous celui
deZêi/ç Zivaml-ntç, Jupiter de Sinope. Tac ite, Plutarque
& Eultathe nous en difent la raifon, dont le détail
feroit trop long à raconter autrement que par
l’extrait fuivant.
Entre plufieurs temples des plus magnifiques dont
Ptolemée Soter, fils de Lagus, avoit orné la nouvelle
ville d’Aléxandrie , qu’il avoit choifie pour la capitale
de fon royaume, il en avoit fait bâtir un beaucoup
plus fuperbe qu’aucun autre , & tout éclatant
d’or. Comme il étoit en fufpens à quel dieu il devoit
le dédier, un génie d?une beauté charmante, & d’une
taillé au-deffus de l’humaine , lui étant apparu en
fonge, lui confeilla de faire venir fa ftatue du Pont,
après quoi il difparut en s’élevant dans les airs environné
de flammes.
Ce prince ayant raconté fa vifion à T imothée, fa-
vant athénien, de la race des Eumoipides , il apprit
de lui que près de Sinope, ville de Pont, étoit un
vieux temple confacré à Jupiter-Plutus ; dont la ftatue
étoit fingulierement refpe&ée par les habitans de
cette contrée. Sur cet avis, Ptolemée envoya Timothée
en ambaflade à Scydrothemis roi de Sinope,
pour le p rier, en lui offrant en même tems de riches
préfens, de vouloir bien lui accorder ce dieu.
Scydrothemis fit d’abord de grandes difficultés, &
cependant retint Timothée à la cour le plus long
tems qu’il put, en l’amufant toujours de belles pro-
meffes. Mais enfin au bout de trois ans, lè dieu fe déclara
dé lui-même, & fe rendit de fon temple fur le
vàiffeau de l’ambaffadeur, qui aufli-tôt ayant mis à la
voilé, arriva, par un miracle encore plus inoui, en
trois jours dans Alexandrie.
Cette divinité y fut reçue avec toutes,les marques
poflîbles de vénération ; & à l’inftant Ptolemée la fit
mettre dans le temple qu’il lui avoit deftiné , avec
d’autant plus de pompe , qu’il reconnut que c’étoit
le portrait même qui lui étoit apparu, & que c’étoit
aufli. l’image de Iupiter-i,tfVûJpû , qui étoit adoré en
Egypte pour le dieu Pluton. C’eft ce même dieu qu’A-
thénée nomme le Jupiter égyptien , 8c Martial le Jupiter
pharius , comme étant la divinité du Nil.
Sets quoties Phario madeat Jove fufca fyene.
Tacite rapporte que lufittr-Sérapis étoit encore
en vénération de fon tems dans Alexandrie ; qu’on
s’adreflbit à lui comme à un oracle, & que Vefpa-
fien étant venu dans cette ville, fe renferma dans lé
temple de ce dieu pour le confulter fur les affaires de
l’empire. On publia même que ce prince avoit opéré
quelques miracles par la puiffance de Sérapis ; 8c l’on
eut grand foin de femer ces faux bruits parmi le peuple
, tant pour y accréditer davantage le culte de
cette divinité, que pour rendre la tnajefté impériale