3S2 S O R
Ion , qu’il foit poffible de les en empêcher, St de les
raffembler toute la nuit, ce qui la fait perdre aux
affiégeans. Si , dit le même auteur, les affiégeans
s’accoutument à ces petites forties , St qu’ils ne s’en
ébranlent plus , les affiégés s’en appercevant, feront
fiiivre ces petites forties d’une bonne , laquelle n’étant
point attendue , renverfera fans difficulté lès
travailleurs St ceux qui les couvrent : après quoi
elle fe retirera fans s’opiniâtrer au combat, pour ne
pas avoir toute la tranchée fur les bras. ( Q )
Sortie , ( Hydr, ) c’eft l’ouverture circulaire
ou l’orifice d’un ajutage par oh l’eau s’élance en l’air
St forme un jet d’eau. Voyt{ Orifice. ( K )
Sortie , f. f. ( Commerce. ■ ) c’eft le paffage d’un lieu
à un autre. 11 n’y a guere de fouverains qui n’ait établi
des droits fur les. marchandifes qui entrent dans
leurs états ou qui enfortent; mais les fouverains qui
ont le moins établi de ces droits en général, font les
plus éclairés. Il ne faut aucun de ces droits dans un
même royaume , qui eft fous la domination du même
fouverain. ( D . J. )
SORTILEGE , f. m. ( Magie. ) Voye^ So rcellerie.
'
Sortilège , ( Jurifp. ) on entend par ce terme
lin maléfice qui fe fait par l’opération du diable.
Le fortilege eft compris dans ce que l’on appelle en
général magie ; mais il a particulièrement pour objet
de nuire aux hommes, foit en leur perfonne, foit en
leurs beftiaux, plantes Sc fruits de la terre.
Il n’appartient qu’aux Théologiens de traiter une
matière fi délicate ; c’eft pourquoi nous nous contenterons
dë parler des peines que les lois ont prononcées
contre ce crime.
La loi divine condamne à- mort ceux qui en font
convaincus , Lévit. x x . Deütèron. xyiij.
Le droit canonique prononce l’excommunication
St les autres cenfures contre ceux qui ufent de for-
tilege.
Les lois mêmes du paganifme les ont condamnés
comme ennemis du bien public & du repos de la fo-
ciété. La loi des xij tables y eft précife ; & fi les R omains
permirent depuis l’ufage des augures , ce ne
fut que pour favoir le fort des armes St des batailles ;
encore reconnut-on le danger de cet ufage qui favo-
rifoit les affemblées fecretes oiifeformoientles conf-
pirations contre l’état St la vie des concitoyens : tellement
que ces affemblées furent défendues par un
édit de Tibere.
Les empereurs chrétiens fe hâtèrent d’arrêter le
cours de ces fuperftitions criminelles , ainfi qu’on le
voit au code de maleficis St mathematicis : la peine
du fortilege étoit tantôt d’être expofé aux bêtes, tantôt
celle d’être brûlé v if, ou d’être crucifié, quelquefois
d’être mis dans un vafe plein de pointes, ou d’etre
décapité ; la moindre peine étoit la déportation.
La feule peine que nous ayons retenue eft celle
du feu vif. Elle ne doit pourtant pas être ordonnée
dans tous les cas. On diftingue s’il ne s’agit que d’un
fortilege fimple fans autre circonftances aggravantes
& qui part ordinairement d’un cerveau dérangé , ou
s’il y a eu maléfice qui ait caufé la mort à quelqu’un
ou des pertes confidérables ; c’eft principalement
pour ces maléfices qu’on ordonne la peine du feu.
Les prétendus devins, faifeurs de prognoftics St
difeurs de bonne fortune, dont parlent les ordonnances
d’Orléans & de Blois, doivent feulement être punis
de peines corporelles & exemplaires. L’edit
d’Août i68z ajoute cependant la peine de mort,
lorfqu’à la fuperftition fe joint l’impiété & lefacri-
lege.
V?ye{ le traité de la police de la Mare, le traité de
la magie, &c. imprimé en 1737, l’hiftoire critique des
pratiques fuperftitieufes par le P. le Brun , & les inf-
titutes au droit criminel de M. de Vouglans, {A )
S O S
SORTILEGUE,f. m. ( Antiq. rom.') c’étoit un emploi
facré que celui de foniltguc, c’eft-à-dire de celui
qui avoit la fonftion de jetter les forts; elle étoit
exercée par des hommes St par des femmes, au choix
du pontife. On les appelloit fortiarii St fortiarice$ d’oîi
font venus fans doute les noms de forciers St forcieres.
Mais ceux qui jettoient les forts n’avoient pas le pouvoir
de les tirer ; on fe fervoit pour cela du miniftere
d’un jeune enfant. Dans les inferiptions recueillies
par G ruter, on en trouve une d’un nommé C. Stimi-
niusHeracla, qui fe qualifie de fortilegue de Vénus
Erycine. (D . J.)
SO RTINO, ( Géog.mod. ) petite ville de Sicile
dans le val de Noto, au bord de la riviere de Sorti-
n o , St un peu au-deffus de l’endroit oit cette riviere
fe jette dans le Fium-grande. ( D. J. )
SO RTIR, v . n. {Gram.') paffer d’un lieu qu’on regarde
comme fon féjour, dans un autre. Le maître
de la maifon eft Jorti ; il a eu ordre de J'ortir du royaume
; il eft forti d’un mauvais pas ; cet endroit fort trop;
cette figure fort trop ; il eft Jorti d’exercice ; il fortit
de la place à la tête d’une petite troupe ; ne forte£
point de votre fujet; la petite vérole commence à
J'ortir k cet enfant; il eft forti de bonne heure ; vous
forteç de cadence, de mefure ; il eft forti de grands
hommes de Port-Royal, &c.
Sortir , {Jurifp.) fignifie a voir, tenir ou produire
; comme quand on dit qu’un jugement fortira effet,
c’eft-à-dire aura fon exécution.
Dans les contrats de mariage, oh l’on fait des fti-
pulations de propres, après avoir fixé la mife en communauté
, on dit que le furplus fortira nature de propres
, c’eft-à-dire tiendra nature de propres. Poye^
Propre. (.A )
Sortir le ,‘boute-feu a la m a in , {Marine.')
cela fignifie qu’un port eft affez bon pour en faire
fortir un vaiffeau tout prêt à tenir la m er, ou prêt à
combattre ; tel eft, par exemple, le port de Breft.
Sortir du fort , terme de Chaffe, il fe dit d’une
bête qui débûche de fon fort, ou du lieu oh elle a
paffé le jour.
SORVIODUNUM, {Géog. anc.) ville de la
Grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque
fur la route de Calleva à Viroconium, en prenant par
Muridonum. Elle étoit entre Brige St Vindogladia, à
9 milles du premier de ces lieux, & à i z milles du fécond.
Quelques manuferits lifent Sorbiodunum pour
Sorviodunum; le nom moderne eft OId-Salisbury,
félon-Çambden. En effet, la ville de Salisbury d’aujourd’hui
a été bâtie des ruines de l’ancienne Sorbiodunum
, qui étoit fituée un peu au-deffus fur une hauteur
aride Sç ftérile, oh il y avoit un château fortifié
, dont l’ enceinte' avoit cinq cens pas de tour.
SO R Y , f. m. {Hijl. nat.) nom donné par quelques
auteurs à une pierre de couleur grife, chargée de vitriol.
SOS, ( Géog. mod. ) petite ville de France dans
le bas Armagnac. Elle a donné la naiffance à ’M. de
Silhon (Je an ), confeiller d’état ordinaire, St l’un
des premiers membres de l’académie Françoife. Il
s’appliqua à l’étude de la religion St de la politique ,
& fut employé dans des négociations importantes,
fous le miniftere du cardinal de Richelieu. Il mourut
en 1667, après avoir mis au jour plufie,urs livres, St
entr’autres celui qui a pour titre, le Miniflre d'état.
C ’eft un bon écrivain, mais dont le ftyle eft trop diffus.
Il a très-bien prouvé la fauffeté de la puiuance
indireâe, que les Ultramontains s’avifent d’attribuer
au pape fur le temporel des princes. {D. J.)
SOSIBES , les , {Géogt anc J) peuples des environs
de la Sarmatie afiatique. Ils furent du nombre de
ceux qui confpirerent contre l’empire romain fous
Març Antonin le philofophe, {D . J.)
S O 1
SOSICUJlàE , ( Géog. anc.) peuple de l’Inde, en-
deçà du Gange, & 'félon Ptoloméè, l. V II. c. j . dans
le golfe Colchique. Caftalddit quele nom moderne
eft Jacamcuri. {D. J.)
SOSIPOLIS, f. nu {Mythol. grectj.) dieu des
Eiéens. Paufanias raconte que les Arcadiens ayant
fait une grande irruption en Elidé, les Eiéens s’avancèrent
contre eux pour évitet la prife de leur capitale.
Comme ils étoientfur le point de livrer bataille,
Une femme fie préfenta aux chefs de l’armée,
portant entre fies bras un enfant à la mamelle, St leur
dit, qu’elle avoit été avertie en fionge que cet enfant
combattroit pour eux. Les généraux éléens crurent
que l’avis n’étoit pas à négliger ; ils mirent Cet enfant
I la îete de l’armee, & Pexpoferént tout nud; au moment
du combat cet enfant fe transforma tout-à-coup
en ferpent, St les Arcadiens furent fi effrayés dé ce
prod ige y qidils fe fauverent ; les Eléens les pourfui-
virent, en firent un grand carnage, & remportèrent
une victoire fignalée.
Comme par cette avanture la Ville d’EÙs fut fau-
v ce , les Eléens donnèrent le nom de Sofîpolis à ce
merveilleux enfant, bâtirent un temple à fa gloire ,
Ôc inftituerent une prêtreffe particulière pour préfixer
à fon culte. Le temple étoit double : la partie anterieure
étoit confacrée à Lucine, qui félon l’opinion
des Eléens, avoit fingulierement préfidé à la
naiffance de Sofîpolis. Tôut le monde jouiffoit d’une
entree libre dans cette partie du temple ; mais dans le
fânéluaire du dieu, perfonne n’y entroit que la prê-
treffe qui même, pour exercer fon miniftere, fe cou-
vrOit la tête d’un voile blanc.
Les filles & les femmes reftoient dans le temple de
Lucine, chantoient des hymnes brûloient des parfums
èn l’honneur du dieu d’Elide. On repréfentoit
ce dieu fous la forme d’un enfant avec un habit de
plufieurs couleurs, & femé d’étoiles,tenant d’une
main une corne d’abondancei
On peut croire que les chefs des Eléens pouf effrayer
leurs ennemis, & donner du courage à leurs
troupes, s’aviferent duftratagême d’expofer un enfant
à la tete du camp, & de fiibftituer ënfuiue avec
adréffe, un ferpent à la place. Enfin on fit intervenir
la religion pour foutenir une rufe qui avoit fi bien
Voilà le premier tome de la Pucelle d’Orléans.
Jupiter eft aufli quelquefois nomméSofîpolis, c’eft-
à-dire ftuveur de la ville. ( D . J. )
SOSPELLO, ( Géog. mod. ) petite ville des états
du roi de Sardaigne, dans le comté de Nice, entre Nice
& C o n y . Elle fut prife en 169! par les François,-
qui la rendirent au duc de Savoie par la paix dë
1696, * V
Raynaud (Théophile) , l’un des fameux jéfiuitës
du xvij. fiècle, naquit à Sôfpellô, paffâ prefque foute
fà vie en France, & mourut à Lyon en 1663 à 79
ans, félon M. Gallois.
Le P. Raynaud étoit extrêmement laborieux,-
comme le prouve lé nombre de livres qu’il a cornpo-
ffs. Il en publia quelques-uns qui' furent à fon grand
regret, flétris par l’ inquifition ; mais il déchargea fa
colère fur lés Jacobins, par Un ouvrage oh il ramaffa
Une infinité' de chofes tirées de leurs écrits, qui n’a-
^oient pas été cenfurées, quoiqu’elles le méritaffenf.
On ne fauroit nier qu’il n’eût l’efprit fatyriqué, l’i-
f ÔI* v ^ve & une ùiérrcoirè prodigieufe. Son
ftyle eft obfcur, à caufe qu’il affeéie de le fervir de
termes difficiles à entendre , & de mots tirés dit
grec.
•V1^ ma^ra*ta les Janféniftes qui rie l’orlt pas épargné
‘1 f 1'-1 t0U[.’ ma*s *es Garnies ' ont beaucoup loué, &
1 s ui rendirent les honneurs funèbres dans tous les
couvens de (eur ordre. Ce fut à caufe de l’ouvrage1
qu 11 avoit fait fur le fcapulaire. Guy Patin étoit-auffi
s o t 3^3
de fes bons ainis & trouvoit beaucoup de dciSrihe
dans tous fes ouvragés ; ce n’eft pas un petit éloge.
car l’édition qu’on en a faite à Lyon en i66< corn-
prend io volumes in-fil. & Ce qui êft fort étrange
le libraire ne s’y ëft pas ruiné.
An refte, le P. Raynaud a fi fouvent déguifé fort
nom à la tête de fes livres, que M. Baiilet n’a pas eu
le bonheur de pouvoir toujours découvrir cette fu-
percherie. Hurtado moine efpagnol, a jette bien des
railleries, non. feulement fur les divers noms que pre-
noit le P. Raynaud, mais aufli fur les titres que ce
pere donnoit à feS Ouvragés. Il faut pourtant convenir
que fes titres étoient quelquefois ingénieux. Qui
ne voudroit lire, par exemple, umôuvrage intitulé,
les fpiritUalites hétéroclites, & anomalies de la piété.
C’eft le titre du quinzième & du feizieme volume
des oeuvres de cé jéluite. Voilà donc, dira-t-on, des
hétéroclites dans la religion, auffi bien que dans la
grammaire ; y voilà des anomalies, auffi bien que
dans la lüné: on ne peut fe difpenfer d’acheter un
ou vrage qui nous apprend des chofes fi fingulieres.
S OS FIT A , {Mythol.) c’eft-à-dire ftluiaire ,* fitr-
aom de Junon, parce qu’elle veilloit à la fâlubrité dé
l’air, dont l’intempérie caufe les maladies. Cette déefi
fe, qui eft fouvent prife pour l’air même, avoit trois
temples à Rome fous le nom àeJunofofpiia,&c les
coniuîs, avant que d’entrer en charge, alloicnt lui
ôffrir un faGrifice. {D . J.)
SO S S IN A T I , ( Géog. anc.) peuples de H le dë
Sardaigne. Strabon , lib. y. pag. les compte au
nombre des peuples montagnards qüi habitqiènt dans
des cavernes, & qui bien qu’ils euffent des terres
propres à porter du b lé , les nëgligeoient, aimant
mieux piller les terrés des aüîrêS, tantôt dans Pile,,
tantôt dans le continent oppofé, fur-tout les terres
des Pifans. ( D. J. j
SOSSIÙS , ( Géog. anc. ) fleuve delà Sicile ,Pto-
lomee j l. III. c. ifr. le marque fur la côte méridio- *
nale, entre la ville Pintia & l’embouchure du fleuvë
Isburus. Le nom moderne eûCàliâBellbia félon Fa-'
z e l, & Pulici félon Léander. ( D . j . )
SO T , PA T , IM PERTINENT, {Gràm.) ce font Iàr
dé ces mots dans toutes les langues qu’il ëft impoffi-
bletcie définif,- parce qu’ils renferment ürie collection
d’idées qui varient fuivant les moeurs dans chaque
pays & dans chaque fiecle , St qu’ils s’étendent encore
fur les tons ; les geftes & les maniérés.
lime paroîten général que l ’épithete de fa i ^ dé
fot St di'impertinent $ prife dans un fens aggravant,
n’indiquent pas feulement un défaut, mais porté avec
foi l’idée d’un vice de caraclcrë Ôc d’éducation. Il me
femble auffi-qùê la fécondé épithete attaqué plus l’ef--
prit > St les deux autres les maniérés ; c’eft en vain
qu’on fait des-leçons à un f o t , la naturelui a refufé. '
les môyéns d’en profiter. Les difcOurs les- plus rai-
fonnables font perdus auprès d’Un fat ; niais le tems
Sl Page lui montrent quelquefois l’extravagance dé
la fatuité. Ce n’eft qu’avec beaucoup de peine qu’on
peut venir à bout de corriger un impertinent.
Le fot eft celui qui n’a pas même ce qu'il faut d’ef-
prit pour être un fat. Un fat eft celui que les fois
croient un hômme d’efprit. L ’impertinent eft une efc
pece de fat enté fur la groffiereté.
Un fot nç. fe tire jamais du ridicule , c’eft fon ca-
raÔere. Ün impertinent s’y jette tête baiffee, fans aucune
pudeur. Ün fat donne aux autres des ridicules*
qu’il mérité en'ddfe davantage.
L e'fot eft cnibai'rafîé'dë fa perfonnë. Le fat eft rempli
de Pàmotir dé la fciëricë,. avec une forte dë hauteur
pour les autres. L'impertinent pâffë à Peffron-
te'rie.
Le f i t , au-liëu de fë borner à n’êtfé rien , veut
être quel que' chofe" ; aii-lieu d’éeoütër, i'1 veut pat*