de Ruffic jufqu’à celle de .la Chine, fit une déva-
Ration. , i
Si nous longeons que Tamerlan qui lubi\igua de-
puis une 11 grande partie de l’Afie, itoit un w ca r s ,
& même de la race de Genghis ; fi pous nous ap pelions
qulUffon-Caffam qui régna H H g d |
auin né'dans la Tartarie ; .fi nous nop.s fpuyjnons j
qu’Attila defcendoit des mêmes .peuples ; enfin, li
nous confidérons que les Ottomans font partis du
M B oriental de la mer Calpienne, pour mettre ions
le M IB B i mineure, l'Arabie, UËMlig, Copltan-
tinople, & la Grece : tout cela nous pçoüyera, que
‘les Tartans ont conquis prefque toute la terre.
Les courfes continuelles de ces peuples barbares,
qui reeardoient les villes comme les priions des el-
claves des rois; leur vie néceffair.eip.ent frugale ; peu
de repos goûté en paffant fous pne tente , ou fur un
chariot , ou fur la terre, en firent des générations
d’hommes robulles, endurcis à la fatigue,qui n ayant
rien à perdre, & tout à gagner, fe portèrent loin de
leurs cabanes , tantôt vers le Palus Meoiide, lorf-
qu’ils chafferent au cinquième fiecle les^habitans de
des contrées, qui le précipitèrent fur 1 empire romain
; tantôt à l’orient «eaumidi, vprs l’Arménie
& la Perfe.; tantôt enfin , du côté de la Chine , &ç
iufqu’aux Indes. Ainfx ce vafte réfervoir d’hommes
ignorans , forts , 8c belliqueux , a vomi fes inondations
dans prefque tout notre hémifphere : 8c les peuples
qui habitent aujourd’hui leurs deferts, privés de
toutes connoiffançes, favent feulement que leurs
peres ont conquis le monde.
Mais depuis que les Tartares de 1 orient, ayant fub-
iugué une fécondé fois la Chine dans le dernier fie—
cle, n’ont fait qu’un état de la Chine, & de la Tar"
tarie orientale : depuis que l’empire ottoman s eft
abâtardi dans la molleffe 8c l’oiiiveté ; depuis que
l’empire de Ruflie s’eft étendu, fortifié, 8c civiliie ;
depuis enfin que la terre eft hérilïee de remparts bordés
d’artillerie, le,s grandes émigrations de tels peuples
ne font plus à craindre ; .les nations polies font
à couvert des irruptions de ces nations barbares.
Toute la Tartarie, excepté Ja Chine , ne renferme
plus que des hordes milérables, qui leroient trop
heureufes d’être conquiles à leur tour, s’il ne valoit
pas encore mieux être libre que civilifé. Toutes ces
réflexions par lefquelles je finis, font de M. de Vol-
J’ai parlé des Tartans avec un peu d’étendue & de
recherches, parce que c’eft le peuple le plus fingu-
lier de l’univers. J’ai mis du choix dans mon extrait,
parce que cet ouvrage le requiert néceflàirement,
& parce que les curieux trouveront tous les détails
qu’ils peuvent defirer dans l’hiftoire des Tartans,
imprimée à Paris en 1758 , en 5 vol. in -40. Ce livre
de M. de Guignes eft excellent, &c mérite d’orner
toutes les bibliothèques, où l’on raffemble l’hiftoire
des nations. {L e chevalier D E J a u C O U R T .') ^
TARTARIE, ( Géog. mod- ) vafte pays qui comprend
une partie de l’Afie, en allant vers le nord ,
depuis les états du turc, la Perfe, & la Chine , juf-
qu’à la mer Glaciale. On divife la Tartarie en trois
grandes parties ; favoir en Tartarie chinoife, qui appartient
à l’empereur de la Chine ; en Tartarie indépendante
, qui eft gouvernée par divers chans ; 8ç en
Tartarie rujJienne , qui occupe un terrein immenfe.
La Tartarie Crimée ,eft l’ancienne Çherfonnèfe tau-
rique célébré autrefois par le commerce des Grecs,
& plus encore parleurs fables ; contrée toujours fertile
& barbare ; elle eft nommée Crimée , du titre des
premiers chans, qui s’appelloient Crim, avant les
conquêtes des enfans de Genghis.
La petite Tartarie, eft une province tributaire de
la Turquie, 8c qui eft fituée au nord du Pont-Euxin ;
elle eft habitée par divers tartares. On l’a ççmmée
petite Tartarie, pour la diftinguer de -la grande Tar-
,tarie en Afie , fur laquelle on peut lire le livre intitulé,
Relation de là grande Tartarie, Amfi. 1 73 7 . Z
volumes in-tx.
On doit à M. Witfen ( Nicolas ) , un des plus har
biles des plus illuftres magiftrats de la Hollande
dans le dernier fiecle, une excellente carte de la
Tartarie feptentrionale 8c orientale.
Pour ce qui eft des peuples- tartares qui habitent
l’une 8c l’autre Tartarie, 8c qui font ou payens, ou
maho.métans, nous avons fait une énumération détaillée.
de leurs diverfes branches & nations, au mot
T artares. ( D . J . )
TARTARIN, voyeç Martin-pêcheur.
TARTARISER , v. a&. (Chim.) c’eft rectifier par
le tartre. Voye{ Rectifier & Tartre. On dit de
l’efprit-de-vin tartarifé.
TARTARO, le, (Géog. mod.) riviere d’Italie
dans l’état de Venile ; elle a fa fource dans le Vero-
nefe, 8c au-deflous de la ville Adria ; elle fe partage
en deux bras, dont l’un 1e jette dans 1’Adige, 8c
l’autre fe perd dans le Pô. ( D . J . )
TARTAS, (Geogr. mod.) petite ville de France
.dans la Gafcogne, fur la Midouze, à vingt lieues de
Bourdeaux, à fix d’Acqs, 8c dans fon diocèfe. Elle
doit fon origine aux Gafcons ‘qui la bâtirent, 8c elle
ß eu fes vicomtes fous les comtes de Gafcogne, dès
l’an 960. Elle n’a que deux petites paroifles ; mais
elle étoit fort peuplée , lorlque les Proteftans en
étoient les maîtres fous la proteftion du roi de Navarre;
ils la tenoient alors pour une de leurs places
d,e fureté. Long. iC. 4S. latit. 4 3 . 5o. ( D . J . )
TARTE, f. f. terme de Pdtißier, piece de pâtiflerîe
de fruits, de confitures, de crème, &c. compofée
d’une abaiffe 8c d’un couvercle découpé, ou par
petites bandes proprement arrangées, à quelque distance
les unes des aujres. ( D . J . )
TARTELETTE, f. f. en Pâtijferie, c’eft une éf-
pece de petits pâtés qu’on garnit de confitures ou de
crèmes.
T A R T E S IO R U M ,s a l t US ,(Géog . mod.) forêts
d’Efpagne. Juftin en p a r l e X L IK . c. iv. & dit qu’on
prétendoit que ces forêts avoient été habitées par les
Çurètes. ; (D . J. )
TARTESSE , ( Géog. anc. ) Tartcßits, ville de la
Bétique. Strabon, l. I I I . p . 148. dit que le fleuve
Boetis fe jettoit dans la mer par deux embouchures,
& qu’entre ces deux embouchures il y avoit eu autrefois
une ville appellée TarteJJus, & il ajoute que
le pays des environs s’appelloit TarteJJida. Mais fi
nous nous en rapportons à Pomponius Mêla, l. Il»
c. vj. dont le témoignage eft préférable, puifqu’il
étoit né dans ce quartier-là, nous trouverons que
TarteJJus étoit la même çhofe que Cartéja; qu’elle
étoit voifine de Calpe 6c fur la baie que formoit ce
promontoire, appellée aujourd’hui la haie de G ibraltar.
( D . J .)
TARTESSIDE, (Géog. anc.) Tartejfis, contrée
d’Efpagne dans la Bétique, vers l’embouchure du
fleuve Boetis. C’étoit, félon Strabon, 1. 111. p . 1 4 8 .lt
pays qu’habitoient de fon t ems les Turdales, & il avoit
été ainfi nommé de la ville Tarteßus qui ne fubfiftoit
plus du tems de Strabon. Eratolthène donnoit auffi
le nom de Tarußis au pays voifin de Calpe & à l’ile
Erythéa : & Scaliger remarque que cette Tarteßide
eft appellée par Autone campi argauthonii, du nom
d’un certain Argauthonius qui, félon les anciennes
hiftoirçs, régna dans ce pays- là. (D . J .)
T A R T I , l a p i s , (H iß . nat. Lythol.) pierre dont
parlent quelques auteurs qui lui attribuent de grandes
vertus & ne nous apprennent rien à fon fujet, finon
qu’elle reflembloit a des plumes de paon, & quelle
etoit très-belle.
T ART ON R Al RE, f, f. (H iß , nat. Bot.) efpec*
de
âe tfiynrelée qui croît en arbrifleàu ahx environs '
<le Marfeille, dans les fables près le bord de la mer.
Elle différé de la lauréole & du mézéréon par fes
feuilles très-courtes, un peu arrondies j foyeufes &
blanchâtres. Ses fleurs naiffentdes aiffelles des feuilles,
& font très - petites-. C. Bàuhin & Tournefort
appellent cette plante, thymelcea foliis candicanti-
bus y.ferici injlar mollibus. Lobel la nomme, tarton-
raria, gallo-provincial MaJJilienJîum. Les feuilles de
cet arbriffeau font mifes au nombre des purgatifs
Violens. (D . J .)
TARTRE,_f. m. (Chim.) On appelle tartre un
des produits de la fermentation vineufe qui s’attache
au parois des tonneaux dans Iefquels s’exécute
cette fermentation, fous la forme d’une croûte
faline.
Le nom de tartre a été donné par Paràcelfe ; ce
mot eft barbare; le tartre étoit auparavant connu
Tous le nom de pierre de vin & de f e l ejjenttel de vin.
On donne encore le nom de tartre à cette matière
‘qui s’attache aüx dents, & à cette croûte que dé-
.pofe l’iirine dans les pots-de-chambre ; mais ce n’eft
pas de ces matières dont il eft ici queftion : elles appartiennent
l’une & l’autre à la claffe des concrétions
pierreufes qui fe forment dans les animaux.
Voye^ Pierre ou Calcul humain.
Le tartre de vin dont nous traitons feulement dans
Cet article, Fait des couches plus ou moins épaiffes,
i°. fuivant que le vin a refté long-tems dans le tonneau
; 20. félon que le vin eft plus ou moins coloré
, plus ou moins fpiritueux. Les vins acidulés,
difent certains chimiftes, font ceux qui donnent-le
plus de tartre : tels font, par exemple, les vins du
Rhin : cette loi n’eft pas generale. Les vins des environs
de Montpellier comme ceux de Saint-Georges,
qui ne font point acides, donnent beaucoup de tartre,
fans compter la lie qui eft fort abondante & qui
eft très-chargée de tartre. Voyeç Lie.
Nos vins rouges de Languedoc, tirés du tonneau,
& que l’on met dans du verre, fe décolorent entièrement
au bout de dix ou quinze ans, 8c forment
fur les parois du verre une croûte fort épaiffe
qui eft un excellent tartre. Le vin décoloré qu’on
verfe dans une aiitre bouteille, dépofe encore du
tartre qui eft meilleur que le premier.
On diftingue le tartre en blanc & en rouge : le
premier eft fourni par les vins blancs, & le fécond
par les vins rouges. Nous n’avons à Montpellier &
aux environs que du tartre rouge. Quoique tous les
auteurs,& principalement les Pharmacologiftes,dans
toutes leurs Formules, recommandent de prendre le
tartre blanc de Montpellier : ils ont confondu avec
le tartre blanc la creme ou cryftal de tartre qu’on
prépare dans le bas Languedoc, & qui eft en effet
. très-blahc.
On tire le vrai tartre blanc de plufieurs pays.
Certains cantons de l’Allemagne en fourniffent
beaucoup à Montpellier. On en retire du Vivarais ;
& les teinturiers qui en emploient beaucoup, le font
venir de Florence.
Le blanc eft toujours préféré au rouge, à caufe
qu’il contient moins des parties étrangères ; car le
tartre rouge ne différé dît blanc que parce qu’il contient
beaucoup de parties colorantes du vin rouge,
qui eft une fubftance abfolument étrangère à la
compofition propre du tartre.
Le tartre rouge eft celui que nos vins nous four-
hiffent en abondance 8c le leul qu’on emploie dans
le bas Languedoc, dans nos fabriques de cryftal de
tarye, ce qui n’empêche point que ce cryftal ne foit
très-parfait; puifque la purification dont il fera queftion
plus bas, 8c par laquelle on convertit le tartre
«en cryftal de tartre, lui enleve entièrement toute
«Èette partie colorante 8c étrangère. Il faut choilir
Tome X V .
l’un & l’autre èii groffes croûtes, épaiffes, dures *
pefantes, 8c dont les furfaces qui touchent au vin,
foient hériffées de plufieurs petits points brillans,
car ces points font des cryftaux, 8c dès-lors on
eft affuré qu’un tel tartre donnera dans la purification
beaucoup de cryftal.
Les vins blancs donnent beaucoup moins de tartre
que le rouge ; on le retire l’un 8c l’autre des parois
du tonneau auxquels il eft fort adhérent, parle moyen
d’un inftrument de fer tranchant qu’on appelle ra-
cloire•.
Le tartre non purifié, fel qu’on lé retire du tonneau *
s’appelle tartre erud ; 8c celui qui eft purifié par la manoeuvre
que nous expoferons plus bas,s’appelle crème
OU cryJlaL
Le tartre crud paroît formé par un fel acide d’uné
nature fort finguliere , 8c principalement remarquable
par fon état naturel de concrétion, 8c par fa difficile
folubilité dans l’eau, propriétés que les Chimiftes
deduifent de l’imion de cet acide à Une matière
huileufe, 8c à une quantité confidérable de terre, lé
tout chaigé d’une terre furabondante & d’une marie*
re colorante , qui font précifément les matières qu’on
en fépare par la purificationi
On retire par la diftillation du tartre crud à feu nud
8c graduellement élevé, dans une cornue les produits
fuivans ; 1 ° . une eau infipide ; 20. une eau légèrement
acide ; 30. quelque gouttes d’huile claire , un
peu jaunâtre, pénétrante ; il paffe en même tems un
efprit que le fentiment dominant donne pour un acide
, mais qui eft un alkali volatil foible ; c’eft dans le
tems que commencent à paffer ces produits,que l’air
fe dégage de la compofition du tartre, 8c qu’il fort
avec violence ; 40. de l’huile plus épaiffe & de l’air ;
50. de l’alkali volatil qui eft quelquefois concret 8c
qui s’atrache au col de la cornue, ou dans le balon ;
6°. le réfidu ou produit fixe n’eft pas un charbon pur,
il contient un alkali fixe tout formé. C’eft un fait
unique en Chimie, il n’eft pas dû tout femblable aux
charbons qui reftent après la diftillation des végétaux,
qu’il faut brûler pour détruire la partie phlo-
giftique , afin de pouvoir en retirer le fel lixiviel. Le
réfidu du tartre donne au contraire, par la fimple lixiviation
8c évaporation, 8c fans avoir fait précéder
la calcination, le fel alkali pur & bien blanc ; c’eft ce
fel qu’on appelle improprement f e l de tartre. Vaye{
Alkali fixe fous le mot générique Sel;
L’alkali fixe de tartre peut fe préparer àufli en bru*
lant le tartre à l’air libre. Ce fel éft la bafe du nitre ,
ce font les alkalis fixes de cette efpece les plus purs,
8c les plus employés dans les travaux chimiques ;
c’eft ce fel tombé en deliquium, qui eft connu dans
le langage vulgaire de l’art fous le nom à ’huile de tartre
, par défaillance. Voye{ D e l i q u iu m & Alkali
FIXE fous le mot Sel.
Le tartre crud eft d’un grand ufage dans les arts,
mais principalement dans les teintures ; un célébré
teinturier de cette ville m’a dit, qu’il l’employoit
avec fuccès dans la teinture en noir, pour les étoffés
de laine ; il fert encore pour les débouillis. Nous parlerons
plus amplement de fon emploi par rapport aux
teintures, en parlant de la crème de tartre à la fin de
cet article.
En Médecine, on fe fert peu du ladre crud , on le
Fait entrer dans quelques opiates officinales apéririves
dans les dentifrices, voye[ Dentifrice , mais
on préféré ordinairement Celui qui eft purifié : quant
aux propriétés de l’alkali fixe du tartre, voye^ Alkali
fixe fou s le mot SeL.
L’efprit de tartre , c’eft*à-dire fon alkali volatil
fous forme liquide, eft mis par les auteurs au rang
des remedes deftinés à l’ufage intérieur, 8c fur-toüt
lorfqu’il eft reûifié.Ilpaffe pour diurétique,diaphoré-
tique, hyftérique, bon contre l’afthme, la paralyfie,
B B B b b b