Tel fut le commencement de l’adoration des fimii-
/acres. On leur donna le nom des planètes qu’ils re-
préfentoient, qui font les mêmes qu’elles ont aujourd’hui
: de-là vient que nous trouvons Saturne ,
Jupiter, Mars, Apollon, Mercure, Vénus & Diane
placés au premier rang dans le polythéïfme des anciens
; c’etoient-là leurs grands dieux. Enfuite l’opinion
s’étant établie que les âmes des gens de bien,
après leur réparation du corps, alloient habiter d’autres
planètes, on déifia plufieurs de ceux qu’on crut
tels , & le nombre des dieux s’augmenta dans les
tems idolâtres.
L’adoration desfimulacres commença dans la Chal-
dée , fe répandit dans tout l’orient, en Egypte , &
chez les Grecs qui l’étendirent dans tout l’occident.
Ceux qui fuivoient ce culte dans les pays orientaux
furent nommés Sabéens ; & la fe&e qui n’adoroit que
Dieu par le feu , reçut le nom de Mages. Toute l’idolâtrie,
du monde fe vit partagée entre ces deux fec-
tesi Voyeç Mages & Sabéens,. (D. J.)
SIMULATION , f. ï.(Gram. GJuriJpr.) déguife-
ment frauduleux introduit dans quelqu’aôe judiciaire.
La* multitude des impôts de toute efpece,
auxquels les particuliers cherchent à fe fouftraire ,
donnent lieu à toutes fortes de ßmulations.
SIMULER, v. aél. feindre , déguifer, tromper
par des fuppolitions , des. apparences ; c’eft un vol
que de frauder des créanciers légitimes par des obligations
fimulées , & «celui qui s’y porte eft coupable
de recel.
SIMULTANÉE , adj. m. ( Gram. ) qui S’accom-
pliffent ou s’exécutent en même tems : ces faits font
fimultanées ; ces phénomes font fimultanées ; ces actions
de la machine font fimultanées. Il fe pafle fou-
vent dans la v ie , dans la même maifon, dans le
même appartement des fcenes fimultanées. Pourquoi
ne les rendroit-on pas fur le théâtre ?
SIMYRA , ( Géogr. anc. ) ville de la Phénicie;
elle eft marquée dans Ptolomée , l. V , c. xv. entre
l’embouchure du fleuve Eleutherus, & Orthofia ,
ainli que dans Pline, /. F. c. x x , & Pomponius
Mêla, 1. 1. c. xij. (D . J .)
SIN, ( Hifi. nat. Botan.) f. m. grand arbre du Japon
, dont le bois eft fort eftimé pour en faire des
coffres & d’autres ouvrages , parce qu’il eft blanc ,
léger, à l’épreuve des vers & de la pourriture. Il rend
une mauvaife odeur , lorfqu’il eft plongé dans l’eau
chaude ; ce qui l’a fait nommer aufli ksa-maki, ou
maki-fitide.
Si N , ( Géogr. des Arabes. ) Les Arabes appellent
ainfl la Chine , & les Latins ont nommé Sina, S inarum
regio , pays de la Chine ; les Perfans difent
Tchin. La Chine feptentrionale eft appellée par les
Orientaux, le Khoran, ou le Khatha. ( D. J. )
S INA , ( Géogr. anc. ) nom d’une ville de la Mar-
giane, d’une ville de la Cappadoce, d’une ville de la
grande Arménie, Sc d’un lieu de Hie de Lesbos, fe-
jon Strabon. /. IX. (D . J .)
SINAI ou SINA, ( Géogr. anc.') montagne de l’Arabie
Pétrée , fituée dans une efpece de péninfule ,
formée par les deux bras de la mer rouge, dont l’un
s’étend vers le nord, & fe nomme le golfe de Colfum ;
aujourd'hui golfe de Suez ; l’autre s’avance vers l’orient
, & s’appelle le golfe Elatinique, aujourd’hui
d’Aïla; elle eft à 260 milles du Caire, & il faut dix à
douze jours pour s’y rendre de cet endroit-là.
Le mont Sinai eft au levant de celui d’O reb, fur
lequel eft le monaftere de Sainte'Catherine ; comme
le mont Oreb eft moins haut que celui de Sinaï,
l’ombre de ce dernier le couvre au lever du foleil. Il
eft beaucoup parlé du mont S inaï dans l’Ecriture,
comme Exod. c. xviij. v.. 20. c. xxiv. v. iS. c. x x x j.
y. xviij. "c. -xxxiv. v. z 6* 4. Levit. c. xxv. y, 1, c.
çpcvj. y. 4. à. & c .
Quoique Thomas de Pinedo, Berkelitïs, & quelques
autres modernes, prétendent que le mont Cà-
fius, voifin de l’Egypte , n’eft pas différent du mont
Sinaï; cependant s’il eh faut croire les anciens géographes
, & la plupart des modernes, le mont Ca-
hus & le mont Sinai font deux montagnes différentes
, & fituées allez loin l’une de l ’autre. Ils mettent
le mont Cafius fort proche de la mer, entre l’Egypte
& la Paleftine. A l’egard du mont Sinaï , ils le placent
bien avant dans les terres , fur le$ confins de
l’Idumée & de l’Arabie Pétrée.
Il eft certain que le nom de Cafius a été donné à
plufieurs montagnes ; ainfl l’on pourroit croire que le
mont Sinaï feroit celui à qui le nom de Cafius auroit
été donné en premier lieu ; que de-là ce même nom
auroit pafle à la montagne qui fépare la Paleftine
d’avec l’Egypte ; comme il y a apparence que de
cette montagne, il eft pafle à celle de la Syrie antio-
chienne.
Nous avons le profil du mont Sinaï dans une estampe
gravée par Jean-Baptifte Frontana ; & fi on
compare ce profil avec celui de lalnontagne que leÿ
médailles nous repréfentent, on trouvera peut-être
qu’il y avoit beaucoup de refl'emblance entrel’ime Sc
l’autre.
Quoi qu’il en foit , Greaves dans fa tradu&ion
d’Abulféda, nous apprend une particularité remarquable,
dont les hiftoriens n’ont point parlé ; c’eft
que le roc du mont Sina eft d’une efpece de très-
beau marbre de plufieurs couleurs, d’un rouge mêlé
de blanc & de noir, & que pendant plufieurs mil les
on y voit de grands rochers de ce marbre , donc
fans doute les anciens ouvrages de l’Egypte ont été
tirés, parce que toutes fes autres Carrières & montagnes
font d’une efpece de .pierre de taille blanche,
& non de marbre rouge marqueté de noir & de blanc ,
comme eft le roc du mont Sina. ( D . J. )
SINAHORIC , f. m. ( Hifi. nat. Botan. ) plante de
n ie de Madagafcar qui reflemble à l’aigremoine, ÔC
qui en a les propriétés.
S IN A N I ou M o u t a r d e , ( Jardinage. ) Voye^
Mo utarde.
SINANO , (Géogr. mod.) autrement Sinsju, une
des huit provinces de la contrée orientale de l’empire
du Japon. C’eft un pays très-froid, oit le i è l , le
poiflon , & le bétail font rares. Il produit d’ailleurs
une grande quantité de mûriers, de foie , & de can-
nib , dont il y a plufieurs manufactures. On donne à
cette province , cinq journées de longueur du fudau
nord , & elle 1e divife en onze diftriCts. (D . J. y
SINAPISME, f. m. médicament externe, âcre Sc
chaud , compofé ordinairement de femence de moutarde
incorporée avec du vieux levain ; fi lefinapifme
étoittrop actif, il deviendroit vdicatoire. On ne s’en
fert que pour rougir la peau, & attirer fur le lieu les
humeurs nuifibles. On s’en fervoit anciennement
dans les maux de tête invétérés, & dans les longues
fluxions. Il fert aujourd’hui à rappeller l’humeur de
goutte fur une partie. Voye^ Rubéfiant. Des frictions
préparatoires avec un linge chaud préparent
à l’effet du finapifme : ce mot vient de finapi, moutarde.
( Y ) .
. S 1N ARUM regio, (Géogr. anc.) contrée de l’A-
f ie , & la derniere que marque Ptolomee , l. VII»
c. ïij. du côté de l’orient. 11 la borne au nord par la
Sérique : à l’orient & au midi par des terres inconnues
; & à l’occident, partie par l’ Inde d’au-delà le
Gange, dont elle étoit féparée par une ligne tirée
depuis le fond du grand golfe, jufqu’à la Sérique ,
partie par le grand golfe, & partie" par le pays des
Ichthyophages Ethiopiens, compris aufli fous le nom
général de Sina, ainfl que les peuples Samatheni,
Acadra, Afpithræ , & Ambathce. (D . J.)
SINASPITRUM, f. m. (Hifi.nat. Botan.) genre
de plante ,'dont la fleur eft prefqu’en croix composée
de quatre pétales. Le piftil fort du calice , & devient
dans la iiiite un fruit ou une Aligne cylindrique,
& compofée de deux pièces qui renferme des femenj?
ces ordinairement arrondies. Infl. reiherb. V. Plante:
SINCERE, adj. ( Gram. ) qui eft franc, & qui eft
incapable de toute diflimulation dans le difeours.
SINCÉRITÉ , f. f. (Morale. ) Lafincériti n’èft autre
chofe que l’expreflion de la vérité. L’honnêteté &
la fincèritè dans les aélions égarent les méchans, &
leur font perdre la voie par laquelle ils peuvent arriver
à leurs fins: parce que les méchans croient d’ordinaire
qu’on ne fait rien fans artifice.
Lafincérité eft une ouverture de coeur. On la trouve
en fort peu de gens; & celle que l’on voit d’ordinaire
, n’eft qu’une fine diflimulation pour attirer la
confiance des autres.
Si nos âmes étoient de purs efprits , dégagés des
liens du corps ; l’une liroit au fond de l’autre : les
penlees feroient vifibles, on fe les communiqueroit
fans le fecours de la parole ; & il ne feroit pas né-
ceflaire alors de foire un précepte de la fincérité ;
c’eft pour fuppléer , autant qu’il en eft befoin , à ce
commerce de penfées, dont nos corps gênentla liberté
, que la nature nous a donné le talent de proférer
des fons articulés. La langue eft un truchement, par
le moyen duquel les âmes s’entretiennent enfemble ;
elle eft coupable, fi elle les fert infidèlement, ainfi
que le feroit un interprète impofteur, qui trahiroit
fbn miniftere.
La loi naturelle qui veut que la vérité régné dans
tous nos difeours, n’a pas excepté les cas oh notre
fincérité pourroit nous coûter la vie. Mentir c’eft
offenfer la vertu , c’eft donc aufli blefler l’honneur :
or on convient généralement que l’honneur eft préférable
à la vie ; il en faut donc dire autant de la fincérité:
/ Qu’on ne croie point ce fentiment outré : il eft plus
général qu’on ne penfe. C ’eft un ufage prefque uni-
verfel dans tous les tribunaux , de faire affirmer à un
accufé,avant de l’interroger, qu’il répondra conformement
à la vérité, & cela même, lorfqu’il s’agit d’un
crime capital. On lui fait donc l’honneur de fuppofer,
qu’il pourra, quoique coupable du fait qu’on lui-impute
, être encore aflez homme de bien, pour dépo-
fer contre lui-même, au rifque de perdre la vie , &
& de la perdre ignominieufement. Or le fuppoferoit-
o n , fi l’on jugeoit que la loi naturelle le diipenfât de
le faire ? - '.1
La morale de la plupart des gens, en fait de fincé-
rite, n’eft pas rigide : on ne fe fait point une affaire
de trahir la vérité par intérêt, ou pour fe difculper ,
ou pour exeufer un autre : on appelle ces menfon-
ges officieux ; on les fait pour avoir la paix, pour obliger
quelqu’un, pour prévenir quelqu’accident. Mi-
ferables prétextes qu’un mot feul va pulvérifer : il
n’ eft jamais permis de faire un mal, pour qu’il en arrive
un bien. La bonne intention fert à juftifier les
avions indifférentes ; mais n’autorife pas celles qui
font déterminément mauvaifes.
1er autrement qu’en ne penfe , c’eft une vertu. La
jramhifc fait parler comme on penfe ; c’eft un effet
du naturel. La naivuè fait dire librement ce qu’on
penln j cela vient quelquefois d’un défaut de réflexion.
L ingénuité fait avouer ce qu’on fait, & ce
flu ° n ft'nt ; c’eft fouvent une bétife.
Un homme fincere ne veut point tromper. Un
tomme / ,.» £ ne fauroit g— Un homme
umf n eft guere propre à flatter. Un ingénu né fait
rien cacher. . . °
fincérité fait le plus gran(l m^rite Jans [e com_
nierce du coeur. La franchi/, fkcilite le commerce des
affaires civiles. La naïveté fait fouvent manquer à la
politefle. L'ingénuité fait pécher contre la prudence;
Le fincere eft toujours eftimable. Le franc plaît à
tout le monde. Le naïf offenfe quelquefois* L ’ingénu
fe trahit.
Je n’ajouterai rien à ces remarques de l’auteur deâ
fynonymes françois, mais je renvoie pour les chofeS
aux mots , Franchise , In g énu ité-, Naïveté
Sin cérit é. (D . J.)
SINCIPUT , f. m. ( Anàtom. ) eft la partie antérieure
de la tête qui prend depuis le front jufqu’à la
future coronale. Voyei PI. d'Anatomie. Foyer auffi
Bregma & C râne.
SIN D A , (Géog. anc.) nom , i° . d’une ville de
l’Afie mineure , dans la Pifidie ; 20. d’une ville de
l’Inde au-delà du Gange ; & 30. d’une ville de la Sar-
matie afiatique, fur le bofphore Cimmérien.
SINDE , ( Géog. mod. ) ou Tata, du nom de fa capitale
, province des Indes, dans les états du Mogol;
Elle eft bornée au nord par celle de Buckor, au midi
par la mer, au levant par les provinces de Soret &
de Jcflèlmere, & au couchant par la Perfe. Elle eft
traverfée par le Sinde du nord au midi. C ’eft un pays
riche & fertile , oh l’on fabrique quantité de belles
toiles de coton. Le grand-mogol Akebar fit la conquête
de ce pays, ainfi que de ceux de Cachimir &
de Guzarate. Les peuples font mahométans. ( D . J.)
Sinde , le , ou Inde , ( Géog. mod. ) en latin Indus
grande riviere des Indes dans les états du grand-mogol.
Elle prend fa fource fur les confins du petit Thi-
b e t , dans les montagnes qui féparent ce royaume de
la province de Nagracut. Son cours eft du nord-eft
au fud-oueft; après avoir traverfé plufieurs pays, &
; s’être partagé en deux branches, qui font les bouches
de l’Inde, il fe jette dans la mer.
SINDI, ( Géog. anc. ) peuples de la Sarmatie afiatique
comptés parmi ceux qui habitent le bofphore
Cimmérien. Pomponius Mêla les nomme Sindones
& les place au voifinage des Palus Méotides.
SINDICUS p o r t u s , ( Géog. anc. ) port de la
Sarmatie afiatique, dans le bofphore Cimmérien, fur
la côte de la mer Cafpienne, félon Ptolomée ; & lé
Périple de Scylax.
SINDIFIU, ( Géog. mod.) villed’Afie, dans laTar-
tarie, au pays auquel elle donne fon nom, fur les
confins de la Chine. (D. J.)
S INDON , f. m. ( Hifi. eccléf. ) terme latin qui lignifie
proprement un linceul y mais qu’on trouve employé
dans l’Ecriture & dans les anciens, pour exprimer
diverfes fortes de vêtemens.
Les évangéliftes s’en fervent pour marquer le linge
dans lequel Jofeph d’Arimathie enveloppa le corps
de Jefus-Chrift après l’avoir embaumé , l’avoir entouré
de bandelettes, & lui avoir mis un fuaire autour
de la tête. Les faints fuaires qu’on montre en dif-
férens endroits’, ne peuvent pas tous être le vtdx fin-
don <\m enveloppa le corps de Jefus-Chrift.
Il eft encore parlé de findon dans l’hiftoire de Sam-
fon, Judic. X IV . xij. i j . il promet aux jeunes hommes
de fa*noce trigenta findones & totidem tunicas. s’ils
pouvoient expliquer l’énigme qu’il leur propofa.L’hé-
breu porte trentefidinim-, & trente habits de rechange.
Les uns entendent par Jedinim oufindonem la tunique
qu’on mettoit immédiatement fur la chair ; Sc
par des habits de rechange, des habits complets, une
tunique & un manteau, car ces deux pièces faifoient
l’habit complet, ou Amplement trente manteaux,
qui avec trente tuniques formoient trente habits à
changer.
La femme forte dont parle Salomon, Prov. xxij.
24. faifoit desfindons & des ceintures, qu’elle ven-
doit aux Phéniciens. Les filles de Jérufalem portoient
de cesfindons, comme on le voit par Ifaïe, chap. Uj.
vtrfi 2j . C’étoit un habit propre aux Tyriens Sc aux