! » S E R
& bon pas fur les nôtres. La voici donc en peu de
-mots. , ■ _ I r - i
■ '■ Après la diftribütion des coupés, on Jervoit les
’viandes, non pas toujours chaque plat féparément,
^Omme le marque ce vers d’Horàcè-:
Adferiurfquillas inter murana hâtantes
In patina. porrectà.
Lib. II. fatyr. viij. verf. 42.
Et cét autre :
................. . . . , . tttm pectore adujlo,
Ÿïdimus & merulas poni, & fine dune palumbes.
Cjvîais fouvent plufieurs plats enfemble étoientfervis
•fur une 'table portative Toceàfion de ce vers de
^Virgile.
Poflquâm exempta famés epulis , mehfaque remota.
-Æneid. lib. II. verf. 2.0,0.
"Servius -àffure qu’on apportoit les tables toutes
garnies : Quia apud anùquùs menfas apponebantprô
Aifcis. Athénée eft conforme à Servius. Tel étoit le :
.premier Jêrvice ; enfuite lesfervices fe multiplioient ;
■ & quoiqu’on retînt toujours les memes expreffions
,<de premier & fécond Jêrvice, prima & feçunda men-
foe ypour tout le fouper, ces deux feryiees fe fubdi-
vifoient en-plufieurs autres. v ,
Le premier compreno.it les entrées qui confif-
toient en oeufs, en laitues & en vins miellés > fui-
Vant le .précepte-:
. . . . . . . . . . vacuis committere venis
.Nihil niji tene decet.
Après cela venoient les viandes folides, les ragoûts
, les grillades; le fécond fervice comprenoit
les fruits cruds , cuits & confits, les tartes & les
■ autres friandifes que les Grecs appellent ,
les-Latins dulciaria (bc bellaria.
La table de l’empereur Pertinax n’étoit ordinairement
que de trois fervices, quelque nombreufe que
fût là compagnie ; au lieu que celle de l’empereur
Élipgabale alloit quelquefois jufqu’à vingt-deux ; &
à la fin de chaque fervice, on lavoit fes mains, comme
fi l’on eût fini le repas : car l’ufage étoit de les
laver auffi-bien à la-fin qu’au commencement. Exhi-
buit ahquandh taie convivium, ut haberet vigenli-duo
fercula ingtntium epularum ; & per.Jingula Lavtirent,
dit Capitolin. (JD. J.)
Se r v ic e , f. f. (Architecte) c’ eft le^tranfport des
matériaux du chantier au pié du bâtiment qu’on
éleve, & de cet endroit fur le tas. Ainfi, plus 1 édifice
eft haut, plus le fervice en eft long & difficile lorf-
qu’on l’achève. Diction, de Charpent. (JD. J.)
SERVIE, la , .(Géogr. mod.) province de la Tur-
quie européenne, bornée au nord par le Danube,
au midi par l’Albanie & la Macédoine, au levant par
la Bulgarie, & au couchant par la Bofnie. Elle peut
avoir 76 lieues,du levant au couchant,& 38 du midi
au nord. Cette province que les Turcs appellent Ser-
pilati, faifoit anciennement partie de la Moëfie, de
l’Illyrie & de la Pannonie. Elle appartint, lors de la
décadence de l ’empire romain, aux peuples ferviens
venus de la Sarmatie afiatique ; & elle eut dans la
fuite fes defpotes particuliers, dont quelques-uns
ont dépendu des rois de Hongrie. Le dernier eut le
malheur d’être pris dans une bataille oîi fon armée
fut taillée en pièces par Amurat premier dans le quatorzième
fiecle : alors la Servie tomba fous la puif-
fancé dès Turcs; cependant Bellegrade, la capitale,
ne devint leur conquête que fous Soliman II. qui s’en
rendit maître en 1521. Toute la Servie eft aujourd’hui
dépeuplée, fans culture & fans argent. On y
compte à peine un millier de chrétiens, lous un archevêque
latin que les Turcs tolèrent. ( D , J .)
SËRVIENS , (Géog. mod.) OÙ Rafciens, peuples
que les latins du moyen âge ont appelle Serbi, Serv
i, Zirvi-, & les Arabes Serf ou Sirf. Ces peuples
habitent maintenant dans la Moëfie fuperieure, au
pays des anciens Triballes ; ils font venus des Palus-
meotides. Ils ont pénétré autrefois dans la Lufacè
& dans la Mifnie , & firent des entreprifes jufque
dans la Thrace ; mais ils furent battus par Amurat
premier , fultan des Turcs > Tan 767 de l ’hégire»
(D . J . ) . . .
SERVIETTE, f. f. (Chirurg'.) efpéce de bandage
fait avec une ferviette pliée en trois doubles fuivant
fa longueur > & roulée par les deux bouts. On l’applique0
autour du corps fur l’appareil ; on en attaché
les deux bouts par-devant, & on la foutient avec lé
fcapulaire. Ce bandage s’emploie aux maladies de
la poitrine & du bas-ventre. (D . J .)
S e r v i e t t e , (Toilerie.) linge de table qu’ôrt niet
ftir chaque couvert,pour manger proprement,.s’efr
fuyer les mains, & couvrir fes habits. Douze fer-
viettès & une grande nappe font ce qu’on appelle
un fervice de table. (JD. J.)
Serviette , ( Littéral.) Les Romains nômmoieftt
une ferviette mappa ; /narfo/« étoit la happe. Une chofe
qui paroîtra fort bifarre, c’eft que long-tems après
le fiecle d’Augufte, ce n’étoit point encore la mode
que Ton fournît des ferviettes aux conviés, ils en
apportaient de chez eux. Catulle fe plaint d’un certain
Ajînius, qui lui avoit emporté la fienne ; & le
1 menace de le diffamer par fes vers, s’il ne la lui renvoyé
promptement:
Murricine Afini manu jinifirà
•Non belle uteris in joco atque vino.
Tollis lintea negligentiorum.
Et plus bas
Quare uut hendecajyllabds trecêhtds
Expecla > aut mihi linteum remitte.
Martial dit à-peu-près la même chofe d’Hertfio*
gene, homme connu pour de pareils tours d’adreffe*
« Perfonne des conviés, dit - i l , n’avoit apporte de
» ferviettes, parce que chacun craignoit les ongles
» crochus d’Hermogene : Hermogene ne s’en re-
» tourna pas pour cela les mains vuides ; il trouva le
» fecret d’emporter la nappe.
Attulerat mappam hemo, dum furta timentur :
Mantile è menfa Jujlulit Hermogenes.
(D J J . )
SERVILE, ad). (Gram.) qui appartient à quelque
fonftion ou qualité vile & baffe. Cet emploi eft
fervile. Il a l’ame fervile. Il traduit d’une maniéré fer-
vile. Voye{ S e r f & S e r v i t u d e .
SERVIR, v. aft. voye{ Y article SERVICE.
S e r v i r ; (Gramm.) c’eft porter honneur, ref-
peft. Il faut fervir Dieu. C’ eft faire quelque fonction
fubalterne; il fervoit à l’autel avec édification; il fer-
voit à table. C ’eft embraffer une profeffion pénible,
mais utile à l’état ; il fert le roi dans fes armées, dans
la robe. C’eft obliger, fecourir, aider ; on fert fes
amis de fa bourfe, de fon confeil.*, de fon crédit.
C’eft être réduit à la condition de domeftique ou
d’efclave; combien de tems avez r vous fervi dans
cette maifon? pour quoi en êtes-vous forti ? avez-
vous une atteftation de bon fervice ? C’eft pourvoir
une table de mets ; fa table eft toujours bien fervie.
C’eft offrir un mets ; ferveçmoi de ce plat; C’ eft au
tri&rac,à la paume,& à d’autres jeux, jouer le premier
coup. C’eft remplir une fon&ion à laquelle on
n’étoit pas deftiné, par intérêt, par attachement ou
par quelqu’autre motif; il m’a fervi de guide dans
cette route pénible ; il m’a fervi de garde dans cette J maladie. C’eft indiquer l’ufage d’une choie; je me
jirs du compas & de la réglé ; j.e me fervis, pour
le .Convaincre j alternativement de l’expérience &
de la raifon j &c.
■ SERVIS, f. ni] (Jurifpr.) du latin fervire dont ©h a
fait dans la baffe latinité Jervitid J^oxxr dire fervices ,
& par corruption fervis, font les devoirs dont le
cenfitaire emphÿtéote eft tenu envers le feigneûr,;
à caufe de Théxitage qui.lui a été donné à cette condition.
Ce terme de fervis eft ùlité; furtout dans les provinces
régies par le droit écrit. Il eft fynonyme de
cens j fi ce n’eft que l’on veuille dire que le céns
eft cette modique redevance qui fe paye en argent,
in recognitionem dominii, & que les fervis font - les
autres devoirs & preftations dûs au feigneur fur le
même héritage, loit en grains, volailles & autres
chofes.;;: r
- On joint ordinairement les termes de cens & fervis
: en demandant le payement de l’un , on ne
manque point de demander le payement des autres.
•. Les arrérages des fervis fe preferivent comme ceux
du cens, par 30 ans ou par 50 ans, fuivantl’ufage'
des différentes'provinces. Voye{ B o r d e l a GE ,
Cens, C ensive, D e v o ir , Pr e sc r ip t io n ,.Prest
a t io n . (A )
SERVITE , f. m. (Ordre monajüque.) Les Servîtes
font un ordre de: religieux fuivans la réglé de Saint-
Auguftin, & qui s’attachent au fervice de la Vierge.
Le premier auteur de cet ordre fut Bonfilio Mo-
naldi, marchand de Florence, qui ayant quitté le
négoce, avec fix autres de fa profeffion, le retira
en 1223 au montSénaire à deux lieues de Florence.
En 1239 ils reçurent de l’évêque la réglé de Saint-
Àugüftin. Enfuite Bonfilio fut nommé général, &
mourut en odeur de faintété le premier Janvier 1261.
Le concile deLatran approuva l’ordre des fervites,
& les papes lui ont accordé beaucoup de grâces. Il
n’eft point établi en France ; mais Fra-Paolo, vénitien
, qui étoit religieuxfervite, en a relevé la gloire
en Italie, où l’on voit auffi des religieufes fervites,
ainfi nommées, parce qu’elles obfervent la réglé des
religieux du même nom. (D . J. )
SERVITEUR, f. m. (Morale.) Les noms de maîtres
& de ferviteurs font auffi anciens que l’hiftoire,
■ & ne font donnés qu’à ceux qui font de condition
de fortune différente ; car un homme libre fe rend
ferviteur d’un autre , en lui vendant pour un certain
tems fon fervice, moyennant un certain falaire. G r ,
quoique cela le mette communément dans la famille
de fon maître, & l’oblige à fe foumettre à fa difeir
pline & aux occupations de fa maifon , il ne donne
pourtant de pouvoir au maître fur fon ferviteur que
pendant le tems qui eft marqué dans le contrat ou le
traité fait entr’eux. Les ferviteurs mêmes, quenous
•appelions efclaves, ne font fournis à la domination
abfolue & au pouvoir arbitraire de leurs maîtres que
par infradion de toutes les lois de la nature. (D . J.)
' Serviteur',- ( Théologie. ) terme qui, dans l’E-
•criture-fainte j fè prend en divers'fens.
i ° . La fignification la plus commune emporte
avec foi l’idée d’èfclave : car anciennement chez les
Hébreux & les peuples voifins, la plûpart des ferviteurs
étoient efclaves, e’eft-à-dire , abfolument affu-
jettis à leur maître , qui avoit droit de difpofer de
leurs perfonnes, de leurs corps, de leurs biens, &
-même de leur vie dans certains cas.
Les Hébreux avoient de deux fortes de ferviteurs
•Ou d’efclaves , comme il paroît par le Lévitique ,
■ <c..xxv. v. 44. & Jiq. Les-uns étoient Ou étrangers ou
achetés, ou-pris à la guerre, & leurs maîtres les
gardoient , les échangeoient ou les vendoiènt, en
tin mot en difpofoient comme de leurs biens. Les
autres etoient des efclaves hébreux qui vendoient
leur liberté , preffés par Tindigence, ou qui étoient
vendus pour leurs d e t t e s o i t ' étoient Üyrés poiif
etre efclaves par leurs parèns , dans les cas de leur
néceffité.* Ces fortes d’efclaves hébreux ne demeu-
roient. eh èfclavage que jufqu’à l’année dujubilé j
Alors ilsipoiivoient .rentrer en liberté, fans que lé
maître pût les retenir malgré eux. Que s’ils reftoient
volontairement chez leur maître, on les amenoit
devant les juges, ils y faifoient leur déclaration
qu’ils fenonçoient pour cette,fois au privilège de la
loi ; on leur perçoit Toreillë avec une alêne, en les.
appliquant au montant de la porte de leur maître ; &
dès-lors ils ne pouvoient plus recouvrer leur liberté *
fi ce n’éft èn l’année du jubilé qui fe célebroit au
bout de 49 ans:
2°. Serviteur fe prend auffi pour marquer un Homme
attaché au fervice d’un autre par choix & librement,,
par inclination.: comme Jofué étoit ferviteur
de Moïfe , Elifée d’Elie , Giezi d’Eliféè,. S. Pierre
S. André & le s autres de Jefus-Chrift.
3°. Serviteur fe met fouvent. pôur les fujets d’un
prince. Les ferviteurs de Pharaon, 1es ferviteurs dé
Saiil & ceux de David font leurs fujets en général y
ou leurs officiers & leurs domeftiques en particulier
Dè même auffi les Philifti.ris , les Syriens & plufieurs
autres peuples font appellés dans l’Ecriture ferviteurs
de D a v id , parce que ce prince les avoit fournis &
qu’ils lui payoient tribut.
4°. Les: ferviteurs de D ie u , les ferviteurs du Seigneur
font les prêtres , les prophètes j. ceux qui
font profeffion d’une piété particulière. On donne
fouvent à Moïfe le nom. dé homme de Dieu, de ferviteur
de Dieu par excellence ; & S. Paul prend auffi
lui-même cette qualité.
On fe donne quelquefois à foi-même , dit M. de
Vo ltaire ,, des titres fort humbles , pourvu que l’on
en. reçoive des autres de fort élevés. Le pape s’appelle
\m-memt ferviteur des ferviteurs de Dieu. Un bon
prêtre du Holftein écrivit un jour à Pie IV. à Pie
IP . ferviteur des ferviteurs de Dieu. Il alla enfuite à
Rome folliciter fon affaire , & l’inquifition le fit
mettre en prifon pour lui apprendre à écrire.
■ -ï$°.' Dans l’Ecriture , ferviteurs ou efclaves , op-
pofés à 'libres & aux enfans des promeffes, marque
les Juifs par oppofition aux chrétiens. Les Juifs n’é-
toient que les efclaves figurés par Agar & par If-
maëE; les chrétiens font les enfans de la liberté figurés
par Sara & par Ifaac, comme S. Paul l’établit
dans, fes épîtres , & fur-tout dans celle aux Galates.
Calmet, Diclionn. de la Bibl. tom. I II. pag. 64$.
Serviteurs , f. m. pl. ( terme de comm. de Chirurg.
) on appelle ferviteurs ou garçons, chez les maîtres
chirurgiens de Paris , ceux qu’on nomme compagnons
chez les maîtres de communautés des arts
& métiers. Les garçons ou ferviteurs peuvent afpirer
à la maîtrife , & être admis à faire le grand chef-
d’oeuvre quand ils ont fervi fix ans confécutifs chez
un des maîtres , ou fept ans chez plufieurs. (D . J .)
Serviteur , en terme de Raffinerie, font des ouvriers
loués à l’année , qui font fous les ordres du
contre-maître, & doivent lui obéir fans répliqué. Il
faut que ce foit des hommes forts & robuftes, pour
fupporterles grandes fatigues d’une raffinerie. C’efl:
pour cela qu’on les nourrit fans leur épargner ni
pain , ni v in , ni bonne chere. Ils s’engagent pouf
un an. On ne peut les renvoyer qu’après ce terme ,
à moins que ce ne foit pour caufe de baffeffe ou d’infidélité.
SERVITUDE, L f. ( Granimi & jurifprud. ) èii
général eft l’état d’une perfonne ou d’un héritage qui
eft affujetti à certains devoirs ou fervices envers une
autre perfonne , ou envers un autre héritage.
Quelquefois par le terme dn fervitude, on entend
le droit d’exiger ces fortes de fervices & de devoirs ;
quelquefois au contraire on entend par fervitude, IV
Q i’j