jette impétueufement dans la cavité des narines , &
fil’humeurmuqueufe de la membrane pituitaire eft ra-
maflee dans fes refervoirs , les fecouflès de l’air l’en-
levent & la balaient. 70. Les mufcles qui pouffent
l’air des poumons dans la trachée-artere, font principalement
le triangulaire & le diaphragme.
Ainfi l ’éternument fe fait lorfque l’air d’une grande
infpiration eff long-tems retenu dans le poumon ,
& en fort enfuite avec force par le nez , au moyen
d’un mouvement expirateur convullif de tous les
xnufcles abdominaux, des intercoffaux & du diaphragme.
Quand on infpire beaucoup d’air, les muf-
cles poftérieurs de la tête &c du cou étendent la tête
& le corps en arriéré , & à leur tour les antérieurs
la plient fortement en devant dans l’expiration. Il
arrive avant l’éternument une efpece de petit chatouillement
doux dans les narines , & quelquefois
dans les parties avec lefquelles les nerfs olfaéhfs cor-
refpondent. Lorfqu’on éprouve cette fenfation, toutes
les aôions du corps font fufpendues, & l’on relie
un inftant dans l’attente de ce qui va fe paffer. L’inf-
tant fuivant, les mufcles qui fervent à l’expiration fe
retirent avec une force que rien ne peut arrêter ; &
les poumons fubitement refferrés, chaffent l’air qu’ils
contiennent avec un bruit femblable à celui d’une liqueur
qu’on jette dans le feu. Ainli dans l’inflant que
le fait cette forte expiration , le fang ne fauroit paffer
dans les poumons ; par la même raifon , le fang
veineux qui revient de la tête , ne fauroit fe décharger
librement dans le ventricule droit du coeur ; ce
qui fait que non-feulement les vaiffeaux du cerveau
font diftendus, mais aufli que l’impétuolité du fang
artériel eft augmenté par la violence de cette commotion.
Or le concours de ces deux caufes produit une
forte de diftenfion momentanée dans toute la maffe
du cerveau.il eft clair que c’eft-là ce quife paffedans
l’éternument ; car s’il eft réitéré , tous les fens & le
mouvement mufculaire manquant à la fois, le vifage
s’enfle , il fort des larmes des y e u x , le nez coule ; &
fi l’éternument eft répété bien des fois , toutes les
allions du cerveau en font prodigieufement troublées.
Il eft vraiffemblable que c’eft à la commune origine
des nerfs que commence cette puiffante irritation qui
met en branle prefque tous les nerfs de la poitrine,
du dos, de la tête, & les enveloppe tous dans les
mêmes mouvemens, comme on voit que la piquure
d’un nerf, d’un tendon quel qu’il fo i t , produit un
ipafme univerfel. On peut juger de toute l’étendue
de cette contraction mufculaire, puifqu’il en réfulte
un ébranlement général de toute la machine au moment
qu’on y fonge le moins, & par la plus petite
caufe, l’émanation de quelque corps odoriférant qu’on
infpire.
On éternue même en regardant le foleil, parce qu’il
entre dans le nez une branche à peine vifible du nerf
ophtalmique avec le nerf olfadif, & qui étant ébranlée
par une vive lumière, excite dans le nerf des organes
de la refpiration les mouvemens convulfifs de
l ’éternument. C’eft par la même raifon qu’on pleure
quand on a reçu de fortes odeurs.
L irritation de la membrane pituitaire fe fa it, ou
extérieurement par la vapeur d’efprit-de-vin, de fortes
odeurs, comme par celle de la marjolaine, des rofes,
du tabac ; portées aux narines par des poudres qui
volant en l’air font reçues par l’infpiration ; par des
médicanoens âcres, comme l’ellébore , l’euphorbe
& autres fternutatoires qui picotent la membrane du
nez; ou intérieurement par l’acrimonie de la lymphe
qui humede naturellement la membrane des narines,
comme dans le coriza.
Les matières qui font rejettées en éternuant viennent
, i°. du nez, de la gorge, parce que la membrane
pituitaire y exude continuellement de la lymphe ;
i*. de la trachée-artere & des bronches des poumons.'
Mais il ne faut pas erpire que tout ce qui irrite les
narines, foit les feules caufes de la Jlernutation ; car
il y a des çens qui favent éternuer plufieurs fois de
fuite au gre de leur volonté.
L’éternument peut s’arrêter , en preffant l’angle
interne de l’oeil. Comprime-t-on le nerf récurrent
qui vient de l’ophtalmique de la cinquième paire, &
qui paroît principalement s’anaftomofer avec les nerfs
de la première paire ? c’eft l’opinion de Willis.
La Jlernutation différé de la tou x, parce qu’elle fe
fait avec moins de force, & que l’air qu’on n’infpire
&c qu’on n’expire qu’une feule fois dans l’ éternument
affede de paffer par les narines.
L’émondion ou l’adion par laquelle on fe mouche
, eft une efpece d’éternument doux & volontaire.
Les éternumens, quand ils ne font pas naturels,
peuvent être de bons ou de mauvais Agnes en Médecine
, fuivant leur violence, leurs caufes, & les maladies
dans lefquelles ils arrivent. Ils font quelquefois,
comme dans le mouvement, augmenté de la circulation
du fang , l’avant-coureur d’une hémorrhagie
falutaire , ou d’une métaftafe favorable dans le
hoquet ; mais dans les maladies épidémiques, dans
la rougeole, la petite-vérole , les nevres continues >
oh la métaftafe s’eft jettée fur les narines , les Jlernu-
tations n’apportent aucun foulagement ; elles empirent
le mal, lorfqu’elles viennent du confentement
des parties, comme dans l’hyftérifme ; l’épilepfie ,
l’efquinancie, les maladies des yeux & des poumons.
Dans les maladies des narines, telles que leur inflammation
, leur ulcération, un polype, un cancer, l’o-
zoene, il en réfulte des jlernutations qui augmentent
le mal ; par la commotion qu’elles caufent. En pareil
cas, il faut adoucir les narines, en injellant, en attirant
, en portant dans le nez, des baumes , des lini-
mens oppofés à la nature de la maladie.
Les humeurs âcres, catharreufes, qui agacent les
nerfs olfaHoires provoquent des éternumens fré-
quens, qui cefferont en attaquant la caufe , & ea
adouciffant les fymptomes par des drogues onâueu-
fe s , ou par la fumee de parfums fecs , dirigés dans
les narines , fi les humeurs âcres font extrêmement
tenues. -
Enfin, l’on conçoit aifément que les Jlernutations
font capables de procurer plufieurs autres effets fa-
lutaires ou nuifibles. Par exemple, i° . on pourra les
exciter artificiellement dans les maladies apople&i-
ques & fbpôreufes. On pourra de même s’en fervir
avec fuccès pour aider l’accouchement, pour faciliter
la fortie de l’arriere-faix ; c’eft pourquoi Hippocrate
qui favoit fi bien tirer parti des obfervations ,
ordonne dans ces cas de faire éternuer la femme en
couche, la bouche & les narines fermées. z°. Par
la meme raifon, de telles Jlernutations produifant une
violente fecouffe dans tout le corps pourroient exciter
l’avortement,Thernie , les regleS , & rompre
même des vaiffeaux dans le nez ou dans la poitrine.
30. Non-feulement les (lernutations violentes & continuées
, fatiguent & accablent prodigieufement;
mais elles peuvent même devenir mortelles. Les
praticic ns en citent des exemples aifés à compren-
. dre, puifque les Jlernutations ne font autre chofe que
de violentes convulfions. Elles produisent quelquefois
dans l’hyftérifme une coecité momentanée , qui
fe diflipe avec les antifpafmodiques, parce qu’elle
vient de la fympathie des nerfs ; car il eft naturel de
conjellurer que la première caufe de cet accident,
vient de la commune diftribution des nerfs de la cin-,
quieme paire au nez & à l’oeil.
Le remede dans les (lernutations violentes & répétées
eft de porter dans les narines, du lait, des huiles,
des infuûons de graine de lin, de pfyüium ; en
un mot tout liquide, onâueux, vifqueux, mucila-
gineux, adouciffant, balfamique, & d’y joindre du
laudanum liquide. C ’eft ainfi qu’on arrêtera \esjler-
nutations eau fées parle muguet, la bétoine, la marjolaine
, la lavande , la racine de pyrethre, l’euphorbe
, l’ellébore ; enfin, tout ce qu’il y a de plus
âcre dans la claffe des végétaux.
Cependant il arrive très-rarement pour notre con-
folation, des malheurs caufés par les éternumens ;
l’expérience nous apprend fans ceffe, qu’ils font plus
falutaires que nuifibles, plus propres à éloigner une
maladie qu’à y conduire. Semblable à la toux qui
détache pour notre bien la lymphe vifqueufe des
poumons , ils emportent la mucofité fuperflue de la
membrane pituitaire, & procurent par ce moyen plus
de fineffe dans l’odorat. Ils excitent en même - tems ■-
lin mouvement plus v if dans la circulation du fang,
augmentent celui des humeurs & des efprits , & raniment
prefque .tous les fens à là fois. La nature a
donc été fage de nous faire des organes délicats, que
l’impreffion de l’air, de la lumière & des odeurs,
ébranlent prefque toujours à notre avantage. (Z>./.)
STERNUTATOIRE, adj. ('Thérapeutique.) efpece
d’errhins, c’eft-à-dire de remedes deftinés à être
introduits dans le nez, voye^ Errhins, dont la vertu
fpéciale. confifte à pouvoir produire l’éternu-
ment. Voye^ Éternüment.
Les fternutatoires font encore connus dans les auteurs
grecs & latins , fous le nom de ptarmica , du
mot grec ^ra/pa, f éternue. Les effets & les ufages
des fiernutatoires font expofés à Yarticle Éternu-
ment , & la maniéré de les appliquer à Yarticle E r-
rhin , voyeç cet article. Les précautions à obferver
dans leur adminiftration &C les confidérations qui
contrindiquent leur ufage, ont été renvoyés à celui-
ci. Tous les praticiens conviennent que ce genre de
fecours ne convient point aux pléthoriques fànguins,
qui en général fupportent mal toute forte de fecouf-
les violentes.
Il eft obfervé que dans les vertiges qui précédent
ou qui annoncent les apoplexies languines, l’ufage
indiferet des fiernutatoires hâte fouvent l’attaque, &
même la détermine.
Quoique les errhins dont l’effet fe borne à provoquer
puiffamment l’évacuation nafale , foient utiles
dans les ophthalmies en général, & même dans celles
qui ont un caraétere véritablement inflammatoire
; l’ufage des fiernutatoires eft manifeftement nuifi-
\ ble dans ce dernier cas. Ceux qui font fujets à des
liémorrhagies, & fur-tout à des hæmophtifies, &
ceux qui font menacés de phthifie ne doivent point
être expofés à l’aCtion des fiernutatoires.
Juncker défapprouve formellement leur ufage contre
l’épilepfie, & il affûre même que cét ufage n’eft
pas trop fur dans les léthargies ou les défaillances ;
enfin, il eft très-connu qu’on doit préferver autant
qu’il eft poflible de l’éternument, & par conléquent
qu’il ne faut pas faire éternuer à deffein les fujets qui
ont des herniés , des chûtes de matrice, & les femmes
groffes. Quant à ce dernier chef, il eft fans doute
très-évident par l’obfervation même de l’utilité de
l’éternument pour chaffer l’arriere-faix. Voye^ Éter-
NUMENT.
Tous les corps capables d’irriter puiffamment la
membrane pituitaire provoquent l’éternument, lorf-
qu’ils font appliqués fur cet organe ;. & ce font les
mêmes qui étant portés dans l’eftomac & dans les in-
teftins, font capables d’irriter ces derniers organes
vraiffemblablement de la même maniéré , & qui excitent
en conféquence le vomiffement ou la purgation
; & enfin qui impriment fur les organes du goût,
la fenfation appellée vive, piquante, âcre, & qui déterminent
aufli abondamment l’écoulement de lafali-
ye ; ainfi tous les émétiques & les purgatifs forts font
en même tems fiernutatoires & falivahs.
Il eft cependant un certain nombre de remedes ,
tirés pour la plûpart de la famille des végétaux, dont
la vertu Jlernutatoire paroît avoir quelque chofe de
fpécifique , ou du moins dont la qualité émétique ou
purgative n’eft point conftatée ; telles font la piretre,
le poivre noir, le gingembre , la femence de nielle ,
celle de moutarde , de roquette, &c. la bétoine, la
marjolaine, le marum, l’origan & le plus grand nombre
de plantes aromatiques de la claffé radiée de
Tournefort, les fleurs de muguet, le ptermica ou herbe
à éternuer, &c. mais les Jternutatoires les plus puif-
fans font tirés de la claffe des émétiques & des purgatifs
forts ; tels font le vitriol blanc , l’euphorbe,
les ellébores, la racine de cabaret, l’iris, le Concombre
fauvage, le tabac, &c. Voyez tous ces articles particuliers.
On trouve dans prefque tous les difpenfaires des
poudres fiernutatoires compofées ; voici celles de la
pharmacopée de Paris.
Prenez feuilles feches de marjolaine, de bétoine Sc
fleurs feches de muguet, de chacun un gros; de feuilles
feches de cabaret demi-gros; faites une poudré
félon l’art. ( b )
STERTZINGEN, (Gêog. mod.) petite v ille d’Allemagne
dans le Tirol, au pié du mont Brenner, fur
le torrent d’Eifack, à 5 lieues au nord-oueft de Bri-
xen. Quelques-uns croient que c’eft le Vj.piternum
d’Antonin. Long. 2 9 .5 i. latit. 46'. 28. (D . J .)
STETIN ou STETTIN , (Glog. mod.') ville d’Allemagne
dans le cercle de la haute Saxe, capitale de la
Poméranie pruflienne, & d’un duché de même nom,
fur la gauche de l’Odér, ^135 lieues au nord de Francfort
, Ôi. à 56 au fud-eft de Lubeck.
Stetin & fon territoire furent anciennement habités
par \esSidini} & enfuite par les Vendes. En x i z i ,
Boleflas , duc de Pologne, entreprit d’y établir le
Chriftianifme par la force , mais il réuflit beaucoup
mieux en remettant aux habitans le tribut qu’il leur
avoit impofé ; cependant la religion chrétienne ne
triompha dans cette ville qu’au bout d’un fiecle, &
alors elle fut gouvernée par les mêmes lois que Mag-
debourg. La paix de ’Weftphalie donna Stetin aux
Suédois. En 1710 , elle fut obligée de recevoir des
troupes de Pruffe, de Saxe & de Holftein ; & quelque
tems après, le roi de Pruffe en fiit mis en poffeflion.
Ce prince y a établi en 1710 la régence de la Poméranie
, &une chambre de guerre & de domaine, mais
en même tems il a confirmé aux habitans leurs divers
privilèges qui font confidérables. Long, fuivant Street,
3 /. 6S'. iS". lat.
Kirjlenius ( George ) eft le feul homme de lettres
de ma connoiffance qui foit né à Stetin. Il cultiva la
poéfie latine & la médecine. Il a publié dans cette
derniere lcience des difquifitions philologiques, &
deux excellentes differtations , de fymptomatibus visas
& auditûs, olfaclûs & tâclûs, fur les fymptomes
de la vûe & de l’ouïe, de l’odorat & du ta fi. Chrif-
tine, reine de Suede , l ’honora de fon eftime & de
fes bontés. Il mourut en 1660, à 47 ans. Le P. Nicé-
ron l’a mis au rang des hommes illuftrés. Il l’étoit
pourtant beaucoup moins que Kirjlenius (Michel) ,
autre médecin du xvij. fiecle , né à Béronè , petite
ville de Moravie ; ce dernier étoit un homme verfé
en plufieurs fciences. Il y a eu quelques autres fa-
vans du nom de Kirjlenius, & que les Bibliographes
n’ont pas toujours bien diftingués les uns des autres.
(D. J . )
STEVENSWERT , ( Géog. mod. ) île des Pays-
| bas , dans le quartier & à 3 lieues de Ruremonde,
fur les frontières de l’évêché de Liege. Cette île eft
formée par la Meufe, & défendue par une fortereffe
qui fut cédée en 1705 aux états généraux par l’eim-.
pereur, en yertu du traité de Barrière, ( D. J. )