revenoit le feptieme jou r, de la feptieme année con*
facrée au repos de la terré, & des fept femaines de
fept années qui formoient leur jubilé; de-là vient
que pour s’accommoder à leurs préjugés ,■ le nombre .
Jept le rèncontre fi fouvent dans l’Ecriture y fept égli- :
les , fept chandeliers , fept branches au chandelier
d’o r , fept lampes , fept étoilés, fept fcéaiix ,fepi anges
, fept trompettes ,fept phioles ,fept têtes dé dragon
)fept diadèmes qu’elles poifèht. Aihfi lè nombre
fept eft choifi par préférence pour tout autre nombre
indéterminé. En voici de nouveaux exemples,.Cela
vous eff plus avantageux que d’avoir fept fils , Ruth,
iv. z i . c’eft-à-diré , plufieurs fils. Le pàreffeux croit .
être plus habile qùë fept hommes qui pdrleroient par
fentences, prov. ix v j. (G. c’eff-à-dirè qu'è plufieürs
perfonnes éclairées
En conséquence , ce nombre étoit confacré aux
cérémonies ae la religion : les amis de Job offrirent
un Sacrifice de fept veaux & de fept béliers ; David,
dans la folemnité de la tifanflation de l ’arche, crut
qu’un pareil Sacrifice feroit le plus agréable qu’ il pût
offrir au Seigneur ; Ahrdham lui en avoit donné
l’exemple, en faifant préffent à Abimélec de fept brebis
pour être immolées en holocaufte fu r l’au tël,à
la face duquel il avoit contra&é alliance avec ce
prince.
Remarquez aufîi que cè nombre fept étoit affeélé
chez les payens , tant à l’égard des autels que des
vi&imes qui dévoient être immolées ; c’étoit une ef-
pece de r it , tiré de l’art magique , Suivant lequel le
nombre fept étoit un nombre myftérieùx , confacré
aux fept planètes , & qui' avoit la vertu , à ce que
prétendoient les magiciens , d’en tirer les génies,
poùr les faire defcendre fur la terre. (D . J.)
SEPTA , ( Hifi. anc. ) c’étoit anciennement un
ençlos , ou un endroit fermé de barrières ou de ba-
luftrades faites de planches, par oii l’on paffoit pour
donner fe voix dans les affemblées des Romains, qui
fe tenoient dans le champ de Mars , comme l’attefie
Servius, cité par Rofin, liv. K l. des antiq. rom. On
nommoif encore ces ènclos, ovilia. Voye{ Ov il ia .
SEPT AIN E, f. f. ( Jurifprud. ) c’eft la banlieue,
le finage, ou tèrrifbirë dépendant d’une ville ; ce terme
vient a feeptis, comme qui diroit une enceinte ;
il eft trouvé dans quelques anciennes chartes, & fin-
gulierement dans le procès verbal de la coutume de
Berri , oii lâ banlieue de Bourges eft ainfi nommée.
Voyt{ la coutume dé B èrri, le gloffar. de M. de Lau-
riere, & les mots Banlieue , Bannie , Q uinte ,
D étroit , D is t r ic t , T erritoire. ( A )
SEPTANTE, ( Aruhmètiq. ) nombre pair, com-
pofé de foixante & dix , ou dé fept dixaines, ou de
cinq fois quatorze, ou de quatorze fois cinq, ou de
dix fois fept; ainfi que fept foit multiplié par dix,
ou que dix le foit par fept, ou quatorze par cinq ,
ou cinq par quatorze, le produit fera toujours fep-
tçtnte. On dit plus ordinairement foixante-&-dix ;
feptante , ou foixante-&-dix , en chifre commun ou
arabe, s’écrit de cette maniéré , 70 ; en chiffre romain
de cette forte, LX X ; & en chiffre françois ,
lxx. Le Gendre. (D . 7.)
Septante, verfion des { Critiq. facrée.') traduction
greque des livres de Moife , dont les juifs n’enten-
doientplus la langue originale ; comme cette verfion
fut faite à l’ufage des fynagogues d’Egypte, qu’elle
eft la première & la plus célébré de toutes, il importe
d’en difcourir avec l’étendue qu’elle mérite.
Le livre le plus ancien qui en parle, porte le nom
GArijlée, & e f t parvenu jufqu’à nous. Le deffein de
cet ouvrage eft uniquement d’en donner l’hiftoire,
' & dans cet événement, l’auteur Ariftée y eft qualifié
d’officier aux gardes de Ptolomée Philadelphe.
Voici un court extrait de fa relation. Ptolomée Philadelphe, roi d’Egypte, ayant fort à
coeur la belle bibliothèque qu’il formoit à Alezan»
drié, & qïi’il rémpîiffoit dé toutes fortes de livres ,
donna la direôion de cette affaire à un illuftre athénien,
qu’il avoit à fa cour, Dérriétrius de Phalere
ii’il chargea de luitifcr dëfoüs les endroits du mon-f
è , tout ce qu’il pouvoit y avoir dé curieux en fait de
livres* Demétriûs , en s’àcqûïtànt dé cette cômmiT-
fion , apprit quë les Juifs avoienr iirt livre qui conte-
noit les lois de Moife ; il en aveftif le roi : ce prinicé
aya*nt confenti d’en faire venir urie copie de Jérufa-
lem , avec des gens qui l.e traduifinent en grec , ordonna
à. Démétrius dé lui dréffèr un mémoire fur
cette affaire , d’en écrire au , fouverain facrifi-
cateur,
Ariftée, fauteur prétendu dé cette hïftoire des fep*
tante interprétés, Sofibius de Tarente., & André ;
tous’trois gens de qualité de làcoifr de Ptolomée, &C
amis de la nation jüïvë ,- prirent cette occafiôn de
demander au r6i la grâce de ceux de cette nation qui
avoient été mis en efclavage par Ptolomée , & em-*
menés en Egypte ; le foi àccOrdaleur demande. En-
fuite Démétrius lui remit un mémôire, pour obtenir
des juifs le livre de la loi de Moïfé , qu’il fouhaitoiti
Selon le plan de ce mémoire, le roi demandoit à
Eléazar, fouverain fecrificateur à Jérufalem, le livré
de Moife j 6c fix perfonnes. de chaque tribu pour lef
traduire en grec.
Ariftée & André furent les pofteurs de cette Iet-*
tre , avec des préfens-immènies qui leur obtinrent
toutes fortes d’honneurs ,à leur arrivée à Jérufalem;
lis révinrent à Alexandrie munis d’une bonne copié
de la loi de Moife écrite en lettres d’or , & accompagnes
de fix anciens dé chaque tribu , c’eft-à-diré
7 1 interprètes , pour la traduire en grec.
Le roi ayant vu ces 7 1 députés , en fut très-fatis-
fait, leur fit préfent de 3 talents à chacun, &c les envoya
à l’île de Pharos , près d’Alexandrie, pour exécuter
commodément leur ëntreprife. Démétrius les y1
conduifit par l’Heptaftadium qui joignoit cette île ail
continent, & les logea dans une maifon qu’on leur
avoit préparée. Ils fe mirent aum-tôtàtravailler à leur
verfion ; & quand une période étoit faite , après qu’elle
avoit paffé dans une conférence générale , Démétrius
l’ecrivoit. L’ouvrage fut achevé en 72 jours.
Il fut lu & approuvé en préfence du r o i , .qui fit encore
préfent à chaque traducteur de trois habits magnifiques
, de deux talens en o r , d’une coupe d’or
d’un talent, & puis les renvoya dans leur pays. Voilà
le précis de la relation d’Ariftée.
Ariftobulë , juif d’Alexandrie, & philofophe pé-
ripatéticien , eft le fécond qui parle de cette verfion
des feptante. Il vivoit vers la CLXXXVIil. année
de l’ere des contrats, c’eft-à-dire CX X V . ans avant
Jefus-Chrift ; car on trouve une lettre que lui écrivirent
dans ce tems-là les juifs de Jérufalem & de Judée,
comme cela paroît par le II. liv. des Macchabées.
On dit que cet Ariftobulë avoit conipofé un commentaire
fur les cinq livres de Moyfe , & qu’il l’a-
voit dédié au roi Ptolomée Philométor , dont il
avoit été précepteur ; & c’eft-là qu’on prétend qu’il
parloit de cette verfion faite fous la direction de Démétrius
de Phalère, par ordre exprès de Ptolomée
Philadelphe roi d’Egypte. Ce livre eft perdu ; tout ce
qui nous en refte font quelques fragmens qu’en citent
Eusèbe & Clément Alexandrin.
Après Ariftobulë vient Philon, autre juif d’Alexandrie
, qui vivoit du tems de Notre-Seigneur ; car
peu après fa crucifixion, il fut député par les juifs
d’Alexandrie à Caïus Céfar empereur romain. Dans
la relation qu’il donne de la verfion des feptante, on
trouve les mêmes chofes que dans celle d’Ariftée : il y
brode feulement quelques nouveaux traits, pour en
pouvoir conclure que les traducteurs étoient des
hommes junfpirés par l’efprit de Dieu.
jofephe quia écrit fes antiquités judaïques vers la
fin du premier fiecle , s’accorde pareillement.avec
Ariftée ; & ce qu’il en dit, antiq. jud. xij. 2. n’&ft
qu’un abrégé de cet auteur; Seulement dans Jofephe
le prix de la rédemption des juifs eft différent de celui
■ d’Âriftée ; car au-lieu qu’Ariftée dit vingt drachmes
par tête, & la fomme totale fix cens foixante talens,
'Jofephe met cent vingt drachmes par tête , &c fait
monter la fomme totale à quatre cens foifcante ta-
lehs ; dans tôiit le refte ils s’accordent enfemble.
Après Jofephe , le premier qui parle de la verfion
des feptante, & de la maniéré dont elle fe fît, eftJufi
tin martyr > qui vivoit vers le milieu du fécond fie-
c le , environ cent ans après Çhilon. Il avoit été à
Alexandrie, & s’étoit informé de ce fait aux juifs
du pays. Il hous dit ce qu’il avoit appris d eux , &
ce qui étoit reçu conftamment parmi eux pour véritable
; & cé qu’il en dit prouve qu’on avoit encore
enchéri fur ce que Philon avoit écrit delà conformité
miractilëufe des traduâions ; on y avoit ajouté des
cellules différentes, dont chaque traducteur en avoit
une où il étoit renfermé, & où il avoit fait à part fa
traduction particulière de tout l’ouvrage ; & que
quand on vint à comparer ces traductions les unes
avec lès autres, il ne s’y trouva pas un feul mot de
différence. Ce bon pere prend tout cela pour argent
comptant.
Irénée , Clément Alexandrin , S. Hilaire, S. Au-
guftin, Cyrille de Jérufalem, Philaftre deBreffe , &
le gros des peres qui ont vécu depuis Juftin, ont tous
ces cellules, & l’accord merveilleux de toutes les
Verfiôns. Quelques modernes défendent avec la même
chaleur cette hiftoire, & ne peuvent cônfentir à
laiffer tomber un miracle qui confirmeroit fi bien la
divinité de la fainte-Ecritute contre tous les contre-
difans. C ’eft dommage qu’oh y oppofe des objections
fans réplique. .
Du tems d’Epiphane *, qui fut évêque de Sala-
mine en Chypre, l’an 368, des fanffes traditions
avoient encore corrompu davantage cette hiftoire ;
en effet-, la maniéré dont il la conte eft différente de
'celle de Juftin, auffi-bien que de celle d’Ariftée ; &
dépendant il appelle Ariftée à témoin des faits même
qii’il rapporte autrement qùe lui: ce qui prouve que
de fon tems il y avoit un autre Ariftée , & que celui
que nous avons aujourd’hui eft le même qu’avoient
Jofephe & Eusèbe.
Après cette relation hiftorique de la verfion des
feptante-, il faut dire ce que nous penfons fur cette
matière;
î. On he peut pas douter qu’il ne fe foit fait une
tradu&ion greque des livres facrés hébreux du tems
des Ptolomées en Egypte ; nous avons encore cette
tracuélioh ; & c’eft la même qu’oïi avoit du tems de
Notre-Seigneur, pùifque prefque tous les paffa-
gés que les écrivains làcrés du nouveau Teftament
citent -du vieux dans l’original grec, fe trouvent mot-
à-mot dans cette verfion. L ’on ne peut pas douter nOri
plus , vu la paffion qu’ont eu les princes de la race
des Ptolomées de remplir leur bibliothèque d’Alexandrie
de toutes fortes de livrés , paffion dont fous les
hiftoriens de ce tems-là parlent, on ne peut douter,
dis-je, que cette traduction n’y ait été mife dès qu’elle
fut faite;
II. Le livré qui porte le nom G Ariftée ^ qui eft le
fondement de tout ce qu’on a débité fur la maniéré
dont fe fit cette traduftion par lés 7 1 anciens, envoyés
exprès de Jérufalem à Alexandrie* du tems
de Ptolomée Philadelphe , eft une fiction mani-
fefte inventée pour accréditer cette verfion. Les
Juifs, depuis leùr retour de la captivité de Babylone
jufqu’au tems de Notre-Seigneur, donnaient extrêmement
dans lès romans de.religion, comme cela
garoît par leurs livres apocryphes qui fe font çonfer-
Tome X F .
vés jüfqu’à nous. Le livre que nous avons encore
fous le nom d’Ariftée, eft un de ces romans écrit par
un juif hellénifte ; & c’eft une chofe évidente par
pliifieurS râlions.
1.0 Quoique l’auteur de Ce livre fe dife payeh
grée, il parle partout en juif; & dès qu’il s’agit de
Dieu ôu delà religion des Juifs, il en parle dans des
termes qui ne conviennent qu’à un juif, & fait parler
dé la même maniéré Ptolomée., Démétrius , André,
Sozibius , & les autres perfonnages qu’il introduit
fur là feene. ■
20. Il fait faire Une dépenfe prodigieufe à Ptolo-
mée pour avoir cette verfion. Il lui en coûte pour
racheter les captifs, 660 talens : en vafes d’argent
envoyés au temple, 70 talens : en vafes d’or ,50 : &c
en pierreries pour ces vafes, cinq fois la valeur dé
l’or; c’eft-à-d4re 250 talens : en faerifices & autres
articles pour l’ufage du temple, 100 talens. Il fait
préfent outre cela à chacun des 72 députés, de 3 talens
d’argent à leur arrivée , c’eft-à-dire en tout,
de 216 talens ; ôc quand il les congédie, de 2 talens
d’or à chacun * & d’une coupe d’or du poids d’un
talent. Tout cela mis enfemble, donne la fomme de
1046 talens d’argent, & ï 600 talens d’o r , qui réduite
en monnoie d’Angleterre, fait 1918^37 liv.
fterlings ïo fchellings, en .comptant le talent fur le
pré de celui d’Athènes, comme le doéteur Bernard
en a réglé la valeur. Si on prenoït les talens pour
des talens d’Alexandrie , où étoit la feene, ce feroit
bien pis encore, car ce feroit le double.
Si l’on ajoute à cette largeffe plufieurs autres menus
préfens qu’Ariftée fait faire par ce prince aux
députés, outre les frais de leur voyage &.de leur
dépenfe pendant leur féjoiir en Égypte, ilfe trouvera
que Ptolomée, pour avoir le livre de Moife
en grec , aura dépenfé plus de deux millions-fter-
lings* c’eft-à-dire à peu-près vingt fois autant que
la bibliothèque alexandrine pouvoit; valoir. Comment
imaginer que Ptolomée ait fait cette prodi-
gieufe dépenfe pour un ouvrage, dont ni lu i, ni
la cour ne dévoient pas certainement être fort
curieux;
3 °. Les qüeftions qu’on propofe aux 72 députés ;
& leurs réponfes, n’ont pas moins l’air d’un roman.
L’envoi des anciens de Jérufalem à Aléxandrie pour
cette traduftion, & qu’on tira fix à fix de chaque
tribu, font l’invention d’un juif, qui a en vue le
fanhédrin, & le nombre des douze tribus d’Ifraël ;
mais il n’y a pas même apparence qu’il y eut alors
dans toute la Judée fix hommes qui euffent les qualités
qu’on leur donne pour cet ouvrage, & qui en-
tendilîent affez de grec pour le frire. Ce n’eft pas
tout ; il frlloit également entendre l’hébreu qui étoit
la langue de l’original : or l’hébreu alors n’étoit plus
leur langue, car depuis le retour de la Châldée, c’étoit
le chaldéen.
. 40. Il y a dans le récit d’Ariftée plufieurs autres
faits qu’ort ne fauroit ajufter avec l’hiftoire de ce
tems-là. En particulier,.ce Démétrius de Phalere
qu’Ariftée repréfente comme le favori de Philadelphe,
loin d’être en faveur à la cour de ce prince,
avoit encouru fa difgrace, pour avoir voulu détourner
fon père de lui mettre la couronne fur la
tête ; & d’abord après la mort dii pere qui ,1’avoit
protégé; ôn mit Démétrius en prifon où il mourut
peu de tems après, comme le dit Diogène de
Laërce. Mais ceux qui feront curieux d’approfondir
davantage la fable d’Ariftée, peuvent lire ce qu’en
ont écrit MM. Dupin, Simon, & fur-tout le docleuf
Hody dans fon favant ouvrage de Bibliorüm verjiôni-
bus greec. ,
III. Ariftobulë nè mérite pas de nous arrêter long-
tems, parce que fon récit eft tiré d’Ariftée dont le
roman avoif déjà la vogue parmi les juifs d’Alexan-
1 B